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La Chine annonce des exercices militaires dans le détroit de Taïwan

08.04.2023 11h39

La Chine annonce des exercices militaires dans le détroit de Taïwan

La Chine a procédé dans le détroit de Taïwan à des exercices "d'encerclement total" de l'île. Les manoeuvres sont prévues sur trois jours.

Photo: KEYSTONE/AP

La Chine a procédé dans le détroit de Taïwan à des exercices 'd'encerclement total' de l'île, a annoncé la télévision d'Etat chinoise samedi. Les manœuvres militaires dureront jusqu'à lundi.

'L'exercice d'aujourd'hui se concentre sur la capacité à prendre le contrôle de la mer, de l'espace aérien et de l'information (...) afin de créer une dissuasion et un encerclement total' de Taïwan, a précisé CCTV. Des destroyers, des vedettes rapides lance-missiles, des avions de chasse, des ravitailleurs et des brouilleurs sont notamment mobilisés.

La localisation exacte de ces opérations n'est pour l'heure pas connue. Les manœuvres 'servent de sérieux avertissement contre la collusion entre les forces séparatistes recherchant 'l'indépendance de Taïwan' et les forces extérieures, ainsi que leurs activités provocatrices', avait averti plus tôt dans la journée un porte-parole de l'armée chinoise, Shi Yi.

Exercices à tirs réels

Ces opérations, qui comprennent également des 'patrouilles', sont 'nécessaires pour sauvegarder la souveraineté et l'intégralité territoriale de la Chine', a justifié ce porte-parole. Des exercices à tirs réels se tiendront lundi dans le détroit de Taïwan à proximité des côtes du Fujian, la province qui fait face à l'île, ont par ailleurs indiqué les autorités maritimes locales.

Ces exercices, qui revêtent une dimension 'opérationnelle', sont destinés à démontrer que l'armée chinoise sera prête, 'si les provocations s'intensifient', à 'régler une fois pour toutes la question de Taïwan', a indiqué à l'AFP l'analyste militaire Song Zhongping.

Taïwan a estimé que ces manœuvres menacent la 'stabilité et la sécurité' dans la région Asie-Pacifique. Sa présidente, Tsai Ing-wen, a dénoncé samedi un 'expansionnisme autoritaire' de la part de la Chine et assuré que le territoire 'continuerait à travailler avec les Etats-Unis et d'autres pays (...) pour défendre les valeurs de liberté et de démocratie'.

Livraison d'armes

Quelques heures après l'annonce par Pékin de la tenue des exercices militaires, Tsai Ing-wen a rencontré une délégation du congrès américain en visite à Taipei. Michael McCaul, à la tête de cette délégation et responsable des ventes de matériel militaire américain à des pays étrangers, a déclaré que Washington s'efforçait de fournir rapidement des armes à Taïwan.

'Nous faisons tout ce que nous pouvons au Congrès pour accélérer ces ventes et obtenir les armes dont vous avez besoin pour vous défendre, et nous fournirons une formation à votre armée, non pas pour la guerre, mais pour la paix', a-t-il dit.

Samedi matin à Pingtan, le point le plus proche de Taïwan au sud-est de la Chine, des touristes observaient les eaux agitées de la mer mais aucune activité militaire notable n'était visible.

Visite controversée

Ces manœuvres font suite à la visite cette semaine de Mme Tsai aux Etats-Unis, où elle a rencontré mercredi Kevin McCarthy, le président de la Chambre des représentants. Pékin avait dans la foulée promis des 'mesures fermes et énergiques' en représailles.

La Chine voit avec mécontentement le rapprochement à l'œuvre ces dernières années entre les autorités taïwanaises et les Etats-Unis, qui malgré l'absence de relations officielles fournissent à l'île un soutien militaire substantiel.

La Chine estime que l'île, peuplée de 23 millions d'habitants, est l'une de ses provinces, qu'elle n'a pas encore réussi à réunifier avec le reste de son territoire depuis la fin de la guerre civile chinoise. Achevé en 1949, le conflit a opposé les communistes, qui ont finalement pris le pouvoir en Chine continentale, à l'armée nationaliste, contrainte de se replier sur l'île.

Les autorités chinoises cherchent à isoler diplomatiquement Taipei depuis l'arrivée au pouvoir en 2016 de la présidente Tsai Ing-wen, car elle est membre d'un parti qui milite traditionnellement pour l'indépendance - une ligne rouge absolue pour Pékin.

/ATS