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La Corée du Nord tire un nouveau « missile balistique non identifié »

03.11.2022 00h19

La Corée du Nord tire trois nouveaux missiles - alerte au Japon

Trois missiles balistiques, l'un à longue portée et deux à courte portée, ont été lancés jeudi par la Corée du Nord (archives).

Photo: KEYSTONE/AP

La Corée du Nord a lancé jeudi trois nouveaux missiles, dont un engin intercontinental (ICBM), au lendemain d'une salve inédite de tirs qui a porté à son comble la tension dans la région. Ils ont déclenché une alerte dans une île sud-coréenne ainsi qu'au Japon.

Selon l'état-major interarmées sud-coréen, trois missiles balistiques, deux missiles à courte portée suivis d'un ICBM, ont été tirés jeudi matin par le Nord en direction de la mer du Japon.

'Le lancement d'un ICBM par la Corée du Nord s'est vraisemblablement soldé par un échec' pendant la séparation du deuxième étage de la fusée, a affirmé l'armée sud-coréenne. Le missile a parcouru 760 km à une altitude maximale de 1920 km et à la vitesse de Mach 15 (15 fois la vitesse du son). Les deux autres missiles ont parcouru environ 330 km à Mach 5 et à une altitude maximale de 70 km.

'Un outrage'

Les sirènes d'alerte aérienne ont retenti pour le deuxième jour consécutif dans l'île sud-coréenne d'Ulleungdo, située à 120 km à l'est de la péninsule coréenne, ont rapporté les médias locaux.

Une alerte a également été déclenchée dans le nord du Japon même si, contrairement à ce qu'avaient affirmé dans un premier temps les autorités, le missile n'a pas survolé l'archipel. Selon le ministre de la défense Yasukazu Hamada, le projectile a 'disparu au-dessus de la mer du Japon'.

'Le barrage continu de missiles jour après jour est un outrage et ne peut être toléré', a déclaré jeudi le premier ministre japonais Fumio Kishida.

Ce lancement 'souligne la nécessité pour tous les pays d'appliquer pleinement les résolutions du Conseil de sécurité' sanctionnant la Corée du Nord, a affirmé de son côté le porte-parole du département d'Etat américain Ned Price.

Le 4 octobre, un missile balistique nord-coréen avait survolé le Japon pour la première fois en cinq ans.

Mercredi, la Corée du Nord avait déjà tiré 23 missiles, dont l'un avait franchi la 'ligne de limite du Nord' (NLL) qui prolonge en mer la frontière terrestre intercoréenne, tout en restant dans les eaux internationales. Selon l'armée sud-coréenne, c'était la première fois depuis la fin de la guerre de Corée en 1953 qu'un projectile nord-coréen terminait sa course aussi près des eaux territoriales du Sud.

Excercices américano-sud-coréens

Le président sud-coréen Yoon Suk-yeol a estimé que ces tirs constituaient 'une invasion territoriale de fait'. Cette démonstration de force par Pyongyang intervient au moment où la Corée du Sud et les Etats-Unis mènent les plus importants exercices aériens de leur histoire dans la région.

Le ministre américain de la Défense Lloyd Austin a dénoncé pour sa part 'le tir illégal et déstabilisateur d'un missile balistique intercontinental la nuit dernière ainsi que des tirs additionnels de missiles aujourd'hui', lors d'une conférence de presse conjointe avec son homologue sud-coréen Lee Jong-Sup.

'Notre alliance est à toute épreuve' et 'nous allons continuer à travailler étroitement ensemble pour développer des options (afin de) protéger les Etats-Unis et nos alliés dans la région', a ajouté M. Austin.

Les deux alliés ont décidé jeudi de prolonger ces exercices 'compte tenu des récentes provocations du Nord', a annoncé l'armée sud-coréenne.

'Opérations de décapitation'

Selon des analystes, l'exercice, baptisé 'Tempête vigilante' ('Vigilant Storm'), inquiète particulièrement Pyongyang car il mobilise des avions furtifs F-35A et F-35B. Des appareils qui 'pourraient être utilisés dans des opérations de décapitation' du régime de Kim Jong Un, a fait valoir Go Myong-hyun, chercheur à l'Asan Institute for Policy Studies.

Durant l'été 2022, des informations faisant état d'entraînements américano-sud-coréens à des 'frappes de décapitation' éclair contre les dirigeants nord-coréens avaient en effet circulé. De quoi aggraver les craintes de Pyongyang qui considère déjà les fréquentes manoeuvres conjointes entre les armées américaine et sud-coréenne comme des répétitions générales à une invasion de son territoire.

7e essai nucléaire?

'Tempête vigilante' constitue 'une manoeuvre militaire agressive et provocatrice visant la République populaire et démocratique de Corée', a dénoncé mercredi le régime nord-coréen, qui a menacé Séoul et Washington de 'payer le plus horrible prix de l'histoire'.

Les Etats-Unis et la Corée du Sud avertissent depuis des mois que la Corée du Nord s'apprête à réaliser un essai nucléaire, qui serait son septième.

Fin septembre, le régime de Kim Jong Un avait adopté une nouvelle doctrine proclamant le caractère 'irréversible' du statut de puissance nucléaire du pays, rendant impossible tous pourparlers futurs au sujet de sa dénucléarisation, et se réservant le droit de mener des frappes préventives.

Cette proclamation avait été suivie, en septembre et octobre, d'une longue série d'essais de missiles, présentés par Pyongyang comme des simulations 'nucléaires tactiques'.

Les récentes séries de tirs 'sont des célébrations préliminaires à leur futur essai nucléaire', a prédit Ahn Chan-il, chercheur spécialisé sur la Corée du Nord. 'Cela ressemble aussi à une série de tests pratiques pour leur déploiement nucléaire tactique', a-t-il dit à l'AFP.

/ATS