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La Corée du Nord tire un « projectile non identifié »

24.03.2022 06h59

Le dirigeant nord-coréen Kim Jong Un a personnellement ordonné et supervisé le tir du plus puissant missile balistique intercontinental (ICBM) du pays. Il s'est assuré 'assurant que Pyongyang est prêt pour une 'confrontation de longue haleine' avec les Etats-Unis.

Ce tir a été condamné vendredi par le G7 qui a dénoncé une 'violation flagrante' des obligations de la Corée du Nord vis-à-vis des Nations unies. Une réunion du Conseil de sécurité devait se tenir vendredi à partir de 15h00 (20h00 suisses), selon l'ONU et des diplomates.

La Corée du Nord a tiré jeudi, pour la première fois depuis 2017, un missile 'à pleine portée' qui a volé plus haut et plus loin que tous les précédents ICBM testés par le pays doté de l'arme nucléaire. Baptisé Hwasong-17, le missile, qui est capable de frapper n'importe quelle partie du territoire américain, a atterri dans la zone maritime économique exclusive du Japon.

Le missile 'a atteint une altitude maximale de 6248,5 km et a parcouru une distance de 1090 km pendant 4052 secondes avant de frapper avec précision la zone prédéfinie', a indiqué vendredi l'agence officielle nord-coréenne KCNA.

Mise en scène hollywoodienne

Les médias d'Etat nord-coréens ont relayé le lancement du missile avec une mise en scène hollywoodienne mais quelque peu datée. Sur cette vidéo, le leader Kim Jong Un, vêtu de son habituel blouson de cuir noir et de lunettes de soleil sombres, donne le feu vert au lancement, accompagné par une musique empreinte de suspense.

Le nouveau ICBM fera prendre conscience au 'monde entier (...) de la puissance de nos forces armées stratégiques', a déclaré Kim Jong Un. Selon lui, le pays est désormais 'prêt pour une confrontation de longue durée avec les impérialistes américains'.

Le Hwasong-17, dévoilé pour la première fois en octobre 2020, est surnommé 'missile monstre' par les analystes. Il n'avait jamais été testé avec succès auparavant et le lancement a entraîné de nouvelles sanctions américaines.

Il s'agit 'd'une rupture du moratoire sur les lancements de missiles balistiques intercontinentaux auquel le président Kim Jong Un' s'était engagé en 2017, a déploré le président sud-coréen Moon Jae-in.

Risque d'escalade

Pyongyang 'a certainement d'autres choses en réserve' après avoir tiré ce missile, a pour s apart estimé pour sa part le conseiller à la sécurité nationale américain Jake Sullivan.

Le secrétaire d'Etat américain Antony Blinken s'est entretenu jeudi soir avec le chef de la diplomatie sud-coréenne Chung Eui-yong. Il a affirmé que ce tir 'démontre la menace que les programmes illégaux d'armes de destruction massive et de missiles balistiques de la RPDC font peser sur ses voisins et sur l'ensemble de la communauté internationale', selon le porte-parole du département d'Etat, Ned Price.

L'armée sud-coréenne a indiqué avoir riposté en tirant 'des missiles depuis le sol, la mer et les airs' vers le large de ses côtes. Les Nations unies, par la voix du porte-parole du secrétaire général Antonio Guterres, ont 'condamné' jeudi 'avec force' ce tir, qui 'fait courir le risque d'une escalade des tensions importantes dans la région'.

Les ministres des Affaires étrangères du G7 et de l'UE ont également condamné ce tir. 'Ces actions inconsidérées menacent la paix et la sécurité régionales et internationales, posent un risque dangereux et imprévisible pour l'aviation civile internationale et la navigation maritime dans la région et exigent une réponse unie de la communauté internationale', ont-ils souligné vendredi.

Interdit par l'ONU

Les résolutions de l'ONU interdisent à la Corée du Nord, frappée par de lourdes sanctions internationales pour ses programmes nucléaire et d'armement, de procéder à des essais de missiles balistiques. Ce qui n'a pas empêché Pyongyang de réaliser une dizaine de tests de ce type d'armement depuis le début de l'année. Mais il ne s'agissait pas jusqu'à présent de missiles intercontinentaux.

Pyongyang a effectué trois lancements d'ICBM en 2017. L'engin alors testé, le Hwasong-15, était capable d'atteindre les Etats-Unis.

/ATS