International

La Russie accuse Kiev d'avoir tué Daria Douguina

22.08.2022 14h01

La Russie accuse Kiev d'avoir tué Daria Douguina

ILa bombe qui était fixée sous la voiture de Daria Douguine a été déclenchée à distance, a indiqué une source au sein des services de secours à l'agence de presse étatique russe Tass.

Photo: KEYSTONE/AP

Les services de sécurité russes (FSB) ont accusé lundi les 'services spéciaux' ukrainiens d'avoir tué la fille d'un idéologue réputé proche du Kremlin, ont rapporté les agences de presse russes. Kiev avait démenti toute implication le week-end dernier.

Daria Douguina a été tuée samedi soir dans l'explosion du véhicule qu'elle conduisait sur une route près du village de Bolchiïe Viaziomy, à une quarantaine de kilomètres de Moscou.

Journaliste et politologue née en 1992, elle était la fille d'Alexandre Douguine, un idéologue et écrivain ultranationaliste promouvant une doctrine expansionniste et farouche partisan de l'offensive russe en Ukraine.

Femme de nationalité ukrainienne

Le 'meurtre' de Daria Douguina 'a été préparé et commis par les services spéciaux ukrainiens', a déclaré le FSB dans un communiqué cité par les agences russes. Selon la même source, la voiture conduite par Daria Douguina a été piégée par une femme de nationalité ukrainienne née en 1979, identifiée par le FSB comme Natalia Vovk, arrivée en Russie en juillet avec sa fille mineure, née en 2010.

Toujours selon le FSB, cette personne avait notamment loué un appartement dans l'immeuble où vivait Mme Douguina et elle s'était rendue samedi à un festival culturel où la journaliste et politologue était elle aussi présente. D'après le FSB, cette femme ukrainienne s'est ensuite enfuie en Estonie avec sa fille.

Poutine dénonce un 'crime ignoble'

Le président russe Vladimir Poutine a dénoncé cet attentat. 'Un crime ignoble, cruel, a mis fin prématurément à la vie de Daria Douguina, une personne brillante et talentueuse dotée d'un coeur véritablement russe', a déclaré M. Poutine dans un message de condoléances publié par le Kremlin et adressé aux proches de la jeune femme tuée samedi.

La bombe qui était fixée sous la voiture de Daria Douguine a été déclenchée à distance, a indiqué une source au sein des services de secours à l'agence de presse étatique russe Tass. 'Sa voiture était probablement suivie de près et ses mouvements étaient surveillés', a déclaré la source.

Selon le Comité d'enquête russe, tout porte à croire que le crime avait été planifié à l'avance et commandité. Selon des proches de la famille, c'est l'idéologue russe proche du Kremlin, Alexandre Douguine (60 ans), qui était visé par l'explosion, Daria ayant emprunté la voiture de son père.

Revendication d'un groupe russe inconnu

Un groupe russe inconnu, baptisé Armée nationale républicaine, aurait revendiqué l'attaque. Un ancien député de la Douma, Ilya Ponomarev, a déclaré dimanche que ce groupe l'avait autorisé à relayer ses propos. L'information n'a pas été officiellement confirmée.

Mise en cause dès samedi par des médias russes estimant que la cible de l'attaque était en fait Alexandre Douguine, l'Ukraine avait démenti dimanche toute implication dans la mort de Douguina. 'L'Ukraine n'a certainement rien à voir avec l'explosion (de samedi), parce que nous ne sommes pas un Etat criminel', a déclaré un conseiller de la présidence ukrainienne, Mikhaïlo Podoliak.

'Eurasisme'

Promoteur de l''Eurasisme', une doctrine prônant une alliance entre l'Europe et l'Asie sous direction russe, Alexandre Douguine, qui influence une partie de l'extrême droite française, est visé depuis 2014 par les sanctions de l'Union européenne prises dans la foulée de l'annexion de la péninsule ukrainienne de Crimée par la Russie.

Ces dernières années, l'Ukraine a interdit plusieurs de ses ouvrages, notamment 'Ukraine. Ma guerre. Journal géopolitique' et 'Revanche eurasiatique de la Russie'.

M. Douguine, surnommé par certains médias 'le cerveau de Poutine', est parfois présenté comme étant proche du président russe. Mais de nombreux observateurs relativisent son influence supposée au Kremlin.

/ATS