International

La Russie « stoppe » la contre-offensive ukrainienne, admet Zelensky

08.09.2023 16h24

La Russie "stoppe" la contre-offensive ukrainienne, admet Zelensky

Le président ukrainien Volodymyr Zelensky reconnaît la supériorité russe actuelle.

Photo: KEYSTONE/EPA/SERGEY DOLZHENKO

Le président ukrainien Volodymyr Zelensky a reconnu vendredi que la Russie, forte de sa supériorité aérienne, était en train de stopper la contre-offensive ukrainienne. Il s'est plaint du ralentissement de l'aide militaire occidentale et des sanctions visant Moscou.

'Si nous ne sommes pas dans le ciel et que la Russie l'est, elle nous arrête depuis le ciel. Ils stoppent notre contre-offensive', a déclaré, lors d'une conférence à Kiev, le président ukrainien.

Le président ukrainien a dénoncé 'des processus qui deviennent plus compliqués et plus lents s'agissant des sanctions économiques contre Moscou ou de l'approvisionnement en armes' occidentales.

'Plus c'est long, plus les gens souffrent (...) Si nous ne sommes pas dans le ciel et que la Russie y est, elle nous arrête depuis le ciel. Ils stoppent notre contre-offensive', a-t-il déclaré, lors d'une conférence à Kiev.

M. Zelensky a une nouvelle fois souligné que si les Occidentaux livraient plus vite des munitions de longue portée, l'armée ukrainienne avancerait d'autant plus vite.

Lenteur

Les Occidentaux n'ont livré qu'au compte-gouttes des munitions de ce type, de crainte que Kiev ne s'en serve, malgré ses promesses, pour pilonner le territoire russe.

De la même manière, l'Ukraine se plaint depuis des mois de la lenteur des négociations sur la livraison de chasseurs F-16, alors qu'elle ne dispose que d'une flotte soviétique vieillissante, si bien que la Russie domine les airs le long du front.

Après des mois de tergiversations, plusieurs dizaines de ces appareils américains seront livrés par des pays européens, mais il faut maintenant former les équipages durant des mois.

'Quand des partenaires nous disent 'quelle est la prochaine étape de la contre-offensive?', ma réponse est qu'aujourd'hui, nos étapes sont plus rapides probablement que les nouveaux paquets de sanctions' visant la Russie, a ironisé M. Zelensky.

La contre-offensive ukrainienne lancée en juin s'est heurtée à de puissantes lignes de défense construites par les Russes, fait de tranchées, de champs de mines et de pièges anti-chars.

Une percée s'est cependant dessinée ces dernières semaines dans le sud, pouvant permettre à l'armée ukrainienne d'avancer pour couper les lignes de communication russes entre le nord et la Crimée, un de ses objectifs.

Le secrétaire d'Etat américain Antony Blinken, qui était à Kiev mercredi et jeudi, a salué ces 'progrès importants' qu'il a jugés 'très, très encourageants'.

Il a promis une nouvelle aide d'un milliard de dollars. Washington a également confirmé la fourniture d'obus à l'uranium appauvri pour donner de 'l'élan' à l'offensive.

'Pseudo-élections'

Par ailleurs, la Russie a continué ses bombardements des villes ukrainiennes. L'Ukraine a déploré la mort de quatre personnes vendredi.

Trois civils ont été tués à Odradokamianka, dans la région méridionale de Kherson, selon le ministre ukrainien de l'Intérieur, Igor Klymenko.

A Kryvyï Rig, ville natale du président Volodymyr Zelensky dans le sud du pays, un bombardement a frappé un bâtiment administratif tuant un policier, selon les secours.

La Russie a ouvert les bureaux de vote pour des scrutins locaux à travers tout le pays, mais aussi dans les quatre régions ukrainiennes occupées partiellement (Donetsk, Lougansk, Zaporijjia et Kherson), ainsi qu'en Crimée, péninsule annexée en 2014.

Des 'pseudos-élections' n'ayant 'aucune valeur', a souligné Kiev. Le déroulement du vote a été perturbé par des missiles et 'la commission électorale de la région de Kherson a été évacuée', a affirmé la cheffe de la Commission électorale de Russie, Ella Pamfilova, citée par l'agence Ria Novotni.

Sur Telegram, le maire ukrainien en exil de Melitopol (zone occupée de Zaporijjia) a fait état de 'deux puissantes explosions' au lycée de Berdiansk, au bord de la mer d'Azov, où 'l'ennemi avait localisé l'un des bureaux de vote'.

Le rôle de Musk

La Russie a par ailleurs annoncé vendredi l'arrestation d'un homme qu'elle accuse d'avoir préparé un sabotage visant une installation des transports militaires dans la péninsule annexée de Crimée.

La Crimée, cruciale pour la logistique des forces russes, a été visée à de multiples reprises par des frappes ukrainiennes depuis le début de l'offensive russe en février 2022.

Et sur X (ex Twitter), le milliardaire américain Elon Musk s'est vanté d'avoir empêché l'une d'entre elles l'année dernière.

'Nous avons reçu une demande urgente des autorités' ukrainiennes pour activer l'accès à Internet en mer Noire via 'notre satellite Starlink', déployé en Ukraine peu de temps après l'invasion.

Selon un extrait de sa biographie sous la plume de Walter Isaacson, dont les bonnes feuilles sont aussi sorties dans la presse américaine, le but de Kiev était de guider des drones sous-marins dotés d'explosifs vers la flotte russe à Sébastopol.

Après avoir consulté un diplomate russe, Elon Musk a, selon M. Isaacson, secrètement désactivé la couverture dans un rayon de 100 kilomètres autour de la côte de Crimée, faisant échouer l'opération.

Mikhaïlo Podoliak, l'un des principaux conseillers du président Zelensky, a réagi en estimant que le prix payé de ce 'cocktail d'ignorance et de gros égo' se comptait en 'enfants tués'.

'Ne pas permettre aux drones ukrainiens de détruire une partie de la flotte militaire russe' constitue selon lui 'bien plus qu'une simple erreur'.

/ATS