International

La Suisse va donner 15 millions de francs pour le Yémen

16.03.2022 14h51

L'ONU déçue par des donateurs loin des attentes sur le Yémen

Le président de la Confédération Ignazio Cassis a rappelé que les rations alimentaires pour des millions de Yéménites ont dû être coupées (archives).

Photo: KEYSTONE/WALTER BIERI

La communauté internationale n'a pas répondu aux attentes de l'ONU pour financer l'aide au Yémen. Près d'1,3 milliard de dollars ont été promis mercredi, loin des 4,3 requis. La Suisse, coorganisatrice de la réunion, a appelé à ne pas oublier ce pays malgré l'Ukraine.

Alors que plus des deux tiers des Yéménites ont besoin d'une assistance humanitaire, 13% de plus sur un an, l'ONU veut aider plus de 16 millions de personnes. Le montant demandé représentait près de deux fois plus que le financement reçu l'année dernière.

'Nous espérions davantage', a affirmé à plusieurs reprises le chef des affaires humanitaires de l'ONU Martin Griffiths, au terme de la conférence de donateurs. 'C'est une déception', a-t-il ajouté à l'égard de certains qui n'ont pas annoncé de soutien, sans les nommer.

Il a promis de poursuivre les efforts pour tenter d'atteindre au moins l'enveloppe de l'année dernière. 'Nous avons besoin de davantage' et 'nous ne pouvons pas abandonner les Yéménites', a renchéri le chef du Corps suisse d'aide humanitaire, l'ambassadeur Manuel Bessler, qui suggère une nouvelle réunion dans quelques mois.

Auparavant, de nombreux acteurs avaient alerté sur la situation désastreuse au Yémen. 'Des millions de Yéménites ont déjà vu leurs rations alimentaires coupées en raison d'un manque de financement', avait dit le président de la Confédération Ignazio Cassis. Il a annoncé une assistance de 14,5 millions de francs pour cette année, une enveloppe presque similaire à l'année dernière. En six ans, l'aide suisse a atteint plus de 85 millions de francs.

Millions de Yéménites en difficulté

M. Cassis a à nouveau appelé à un cessez-le-feu 'sans délai', comme le secrétaire général de l'ONU Antonio Guterres, à un dialogue entre les parties sans précondition et à une assistance humanitaire sans entraves. L'ONU redoute elle une détérioration de la situation avec la guerre en Ukraine.

Les prix de la nourriture, du carburant et d'autres composantes indispensables vont 'exploser', a dit M. Guterres. D'autres coupes de rations pourraient être décidées alors que des millions de personnes font face à une insécurité alimentaire, a-t-il ajouté.

De son côté, le premier ministre yéménite Maïn Abdelmalek Saïd a relevé que l'aide reçue ces dernières années a empêché une large famine. Mais les Yéménites et leur économie sont affectés, a-t-il ajouté, accusant largement les rebelles Houthis d'être responsables.

Une situation 'bouleversante' et 'exaspérante', selon l'émissaire du Haut-Commissariat pour les réfugiés (HCR) pour le Yémen, Angelina Jolie. L'actrice, qui s'est rendue dans le pays il y a une dizaine de jours, en a appelé au soutien des gouvernements.

Le Yémen dépend de la Russie et de l'Ukraine pour un tiers de son blé, a dit à la presse à Genève le chef des affaires humanitaires de l'ONU Martin Griffiths. 'Il est trop tôt' pour voir un effet du conflit ukrainien pour le moment mais celui-ci va arriver, ajoute M. Griffiths.

La communauté internationale devra alors le prendre en charge, comme dans d'autres pays. 'Il est important d'être attentif au Yémen aussi' et pas seulement à l'Ukraine, dit M. Bessler.

Aide dans tout le pays

Ces derniers mois, deux tiers des dispositifs onusiens au Yémen ont été revus ou fermés en raison du manque de financement. Plusieurs millions de personnes pourraient ne plus avoir accès prochainement à de l'eau potable.

Lundi, plusieurs agences onusiennes avaient affirmé que l'insécurité alimentaire menace cinq fois plus de personnes en raison du conflit mais aussi de la crise ukrainienne. L'ONU veut apporter de la nourriture à 7 millions de personnes et des soins à 13 millions de Yéménites. M. Griffiths appelle à nouveau à la levée des obstacles à l'importation alimentaire et de carburant dans le pays.

Les civils sont très affectés, déplore de son côté M. Bessler. De retour il y a quelques semaines d'Aden, contrôlée par le gouvernement en exil, et de Sanaa, pilotée par les rebelles Houthis, il appelle à la fois à une aide urgente et une assistance économique 'à long terme'.

L'année dernière, l'ONU et ses partenaires ont pu aider environ 12 millions de personnes chaque mois. Les citoyens vulnérables ont pu être assistés dans toutes les régions du pays. Deux tiers de la population se trouvent en extrême pauvreté. En sept ans de conflit, des dizaines de milliers de civils ont été tués, selon l'ONU.

/ATS