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La candidate de Biden première femme à la tête de l'OIM à Genève

15.05.2023 16h23

La candidate de Biden élue première femme à diriger l'OIM à Genève

L'Américaine Amy Pope a mené une campagne offensive et soutenue par la Maison Blanche pour devenir la première femme à la tête de l'Organisation internationale pour les migrations (OIM) à Genève.

Photo: KEYSTONE/Pierre Albouy

L'Américaine Amy Pope, proche du président Joe Biden, va devenir la première femme à diriger l'Organisation internationale pour les migrations (OIM) à Genève. Avec son élection, les Etats-Unis ont montré lundi leur force de frappe face aux pays européens.

Cette femme de 49 ans, numéro deux de l'institution depuis 2021, n'a pas eu besoin de recourir à un véritable second tour de scrutin. Après être arrivée en tête, elle a pu s'appuyer sur le retrait du sortant, le Portugais Antonio Vitorino proche du secrétaire général de l'ONU Antonio Guterres, et a été élue par acclamation.

La Maison Blanche aura mis tout son poids pour récupérer un mandat traditionnellement rempli par un ressortissant américain. De quoi fâcher les Européens qui y ont vu un assaut d'un allié.

Confrontés à nouveau à une crise migratoire, M. Biden et son secrétaire d'Etat Antony Blinken ont appelé la semaine dernière à voter pour cette ex-conseillère du président. Pour la Suisse, l'organisation est aussi 'un partenaire très important', dit à Keystone-ATS la secrétaire d'Etat aux migrations Christine Schraner Burgener.

'Rouleau compresseur' américain

L'élection a été menée après des mois de tensions et devrait laisser des traces. Largement ciblé pour ne pas avoir été assez actif, M. Vitorino estimait avoir réussi son premier mandat et a considéré comme une attaque déloyale la campagne de Mme Pope. Celle-ci avait mené une approche offensive, se rendant en quelques mois dans 40 pays pour rencontrer des responsables de presque la totalité des Etats membres.

Certains n'hésitent pas à parler de 'rouleau compresseur'. 'C'était malhabile. Nous aurions aimé quelque chose de plus convaincant', affirme un diplomate occidental.

A son arrivée, Mme Pope, qui entrera en fonction en octobre prochain, avait affiché un large sourire. 'Très confiante. La journée va être très belle', avait-elle affirmé à Keystone-ATS. Entre les deux tours, elle avait précisé savoir exactement où aller chercher les 12 voix qui lui manquaient. 'Tout cela a été préparé il y a bien longtemps', disait-elle.

Retour en puissance pour les Etats-Unis

Les Etats-Unis voulaient récupérer un mandat qu'ils ont rempli presque en permanence depuis le lancement de l'organisation. Seul un Irlandais dans les années 1960 puis M. Vitorino, qui avait battu il y a cinq ans un candidat controversé de Donald Trump, ont interrompu la longue lignée de directeurs généraux américains à la tête d'une institution considérée comme importante.

Plus largement, les Etats-Unis remportent un second succès de taille dans la Genève internationale en quelques mois, après l'élection de Doreen Bogdan-Martin à la tête de l'Union internationale des télécommunications (UIT). Cette responsable avait alors battu un candidat russe en pleine guerre en Ukraine.

L'arrivée il y a quatre ans d'un Chinois à la tête de l'Agence de l'ONU pour l'alimentation et l'agriculture (FAO) à Rome avait provoqué une prise de conscience pour les dirigeants américains. Ceux-ci ont d'abord empêché un candidat de ce pays de s'emparer de l'Organisation mondiale de la propriété intellectuelle (OMPI), avant de lancer leur offensive pour retrouver un certain nombre de positions clés dans le système onusien.

/ATS