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La contestation ne faiblit pas au Canada, malgré l'état d'urgence

13.02.2022 04h11

Contestation au Canada: reprise de l'opération policière pour évacuer un pont stratégique

Selon la police d'Ottawa, quelque 4000 manifestants étaient présents dans le centre-ville samedi.

Photo: KEYSTONE/AP/Ted Shaffrey

La police canadienne a délogé dimanche les derniers manifestants qui bloquaient le pont Ambassador, axe névralgique entre Canada et Etats-Unis. Mais des protestataires restaient mobilisés dans le pays, notamment à Ottawa où le mouvement est entré dans sa 3e semaine.

Un important contingent de policiers s'est regroupé aux abords du pont en début de matinée et les forces de l'ordre ont procédé à des arrestations et remorqué des véhicules. La route menant au pont a été dégagée, mais la circulation n'avait pas été rétablie en fin de matinée.

'Notre crise économique nationale au pont Ambassador a pris fin aujourd'hui', s'est réjoui le maire de Windsor Drew Dilkens, faisant allusion au lourd coût financier du blocus qui durait depuis lundi. Le passage transfrontalier sera rouvert 'quand il sera sûr de le faire', a-t-il ajouté, laissant à la police et aux services frontaliers la responsabilité de cette décision.

Le maire a aussi invité, dans un communiqué, les dirigeants fédéraux et provinciaux du pays à 'éviter toute rhétorique politique de nature à semer la division', après deux années de restrictions dues à la pandémie.

Décision de la Cour supérieure

L'opération avait débuté samedi matin. La police, progressant avec prudence et lenteur, avait fait reculer les manifestants et dégagé une intersection importante, mais tous les protestataires n'avaient pas été évacués en fin de journée.

L'opération a été lancée en vertu d'une décision de la Cour supérieure de l'Ontario, qui avait ordonné vendredi le départ de ces manifestants installés depuis lundi sur cet axe frontalier majeur entre les deux voisins américains, un blocage qui a poussé Washington à intervenir auprès du gouvernement Trudeau.

La fermeture de ce pont a déjà entraîné des perturbations pour l'industrie automobile des deux côtés de la frontière. Plus de 25% des marchandises exportées entre les Etats-Unis et le Canada transitent par ce pont.

Initiatives similaires ailleurs

Cette contestation au Canada a inspiré d'autres initiatives similaires dans le monde. En France, une partie des convois anti passeport vaccinal ont quitté la région parisienne dimanche pour rallier Bruxelles et y manifester lundi, malgré l'interdiction des autorités belges.

Le mouvement de contestation canadien, qui entre dans sa troisième semaine, était parti au départ d'un mouvement de camionneurs protestant contre l'obligation d'être vacciné pour passer la frontière entre le Canada et les Etats-Unis, mais les revendications se sont étendues à un refus de l'ensemble des mesures sanitaires et pour de nombreux manifestants à un rejet du gouvernement de Justin Trudeau.

Autres passages frontaliers bloqués

Des manifestations se sont poursuivies samedi dans plusieurs villes canadiennes, dont Toronto et Montréal, et d'autres passages frontaliers demeurent bloqués dans les provinces du Manitoba et d'Alberta.

Si la situation à Ottawa était plus calme dimanche matin, le mouvement n'a pas faibli dans la capitale canadienne paralysée par les manifestants depuis fin janvier.

Etat d'urgence

Selon la police d'Ottawa, quelque 4000 manifestants étaient présents dans le centre-ville samedi. La police a précisé dans un communiqué que certains d'entre eux avaient fait preuve d'agressivité. Elle a également répété qu'elle avait des moyens limités pour faire face à cette situation, qui a amené les autorités de la ville et de la province de l'Ontario à décréter l'état d'urgence.

Dimanche matin, les premiers manifestants arrivaient, drapeaux canadiens au poing, dans un Ottawa ensoleillé mais froid. Le mercure flirtait avec les moins 20 degrés tôt dans la matinée.

'C'est incroyable l'amour ici. C'est pacifique', a confié à l'AFP Vanessa Turgeon, 38 ans originaire de Colombie Britannique et travaillant dans l'agriculture. 'Ça fait du bien de ne plus se sentir rejetée et discriminée', a-t-elle affirmé.

Pour Rosie Albert, une Québécoise de 34 ans, arrivée dans la capitale le 28 janvier, 'c'est comme si on venait de rencontrer une grande famille'.

/ATS