International

Le Conseil des droits de l'homme prolonge un mandat sur le Bélarus

01.04.2022 15h23

L'ONU maintient une surveillance étroite sur le Bélarus

Pendant plus d'un mois, le Conseil des droits de l'homme a été au centre de vifs débats sur l'Ukraine.

Photo: KEYSTONE/POOL REUTERS/DENIS BALIBOUSE

Le Conseil des droits de l'homme de l'ONU maintient la surveillance sur le Bélarus en prolongeant un mandat donné à la Haute commissaire Michelle Bachelet. Pendant plus d'un mois, il aura été à Genève au centre de vifs débats sur l'Ukraine.

Dans une résolution approuvée vendredi par plus de 20 voix contre 6 et près de 20 abstentions, l'instance onusienne condamne à nouveau le 'déni systématique' des droits humains et des libertés fondamentales au Bélarus. Elle dénonce les arrestations et détentions arbitraires d'opposants, notamment après la réélection controversée d'Alexandre Loukachenko après la présidentielle d'août 2020.

Elle demande des investigations rapides et indépendantes sur toutes les accusations de violations des droits humains depuis ce scrutin. Au moins 37'000 personnes ont été détenues de mai 2020 à mai dernier en lien avec la présidentielle, selon l'ONU.

Millier de détenus politiques

Le Haut-Commissariat aux droits de l'homme estime que la torture et les abus ont été 'largement répandus' et 'systématiques'. Des centaines de cas ont été dénoncés par les ONG qui ont mentionné des crimes contre l'humanité. L'Organisation mondiale contre la torture (OMCT), établie à Genève, a déposé il y a quelques mois une plainte contre six hauts responsables bélarusses.

Fin 2021, 969 personnes étaient détenues pour des raisons qui peuvent être considérées comme politiques. La répression des récentes manifestations après le référendum permettant de revenir sur le statut non nucléaire du Bélarus a fait passer ce nombre à plus d'un millier.

Depuis la présidentielle, la législation a été durcie pour restreindre les libertés. Au total, des dizaines d'avocats ont perdu leur droit de travailler. Et près de 300 ONG ont été fermées.

Pendant un mois, le régime de Minsk aura aussi été régulièrement ciblé pour son soutien à la Russie dans son offensive. L'Ukraine aura été abordée dès les premières minutes et tout au long de la session. Durant la première semaine, Moscou aura subi d'importantes défaites devant l'instance.

D'abord, le discours de son chef de la diplomatie Sergueï Lavrov aura été largement boycotté par plus de 100 délégations, mais pas la Suisse qui défend toujours l'importance pour un pays de pouvoir s'exprimer devant les autres Etats. Moscou aura ensuite été abandonnée par ses alliées, notamment la Chine, qui n'auront fait que s'abstenir dans le vote d'une Commission d'enquête internationale.

Nicaragua visé

Seule l'Erythrée se sera opposée avec elle. La Russie est devenue le premier pays membre permanent du Conseil de sécurité de l'ONU à être la cible d'une résolution au Conseil des droits de l'homme.

Parmi les autres décisions prises à Genève jeudi et vendredi, un groupe de trois experts indépendants sur les violations des droits humains au Nicaragua a été établi pour un an. Le Conseil s'est dit 'gravement préoccupé' par la détérioration de la situation des droits humains dans ce pays depuis le début de la crise politique en 2018 et a dénoncé une impunité contre les responsables.

Selon l'ONU, 43 personnes sont toujours détenues en lien avec la présidentielle de novembre dernier. La haute commissaire aux droits de l'homme Michelle Bachelet a demandé aux autorités de rétablir un climat favorable avant les municipales dans quelques mois, après un scrutin que des dizaines de pays, dont la Suisse, avaient considéré comme inéquitable.

Depuis le début de la crise, la répression des protestations avait fait près de 330 victimes. Près de 150'000 personnes ont fui le pays.

Syrie, Corée du Nord ou Birmanie

Le Conseil a également prolongé d'un an la Commission des droits de l'homme sur le Soudan du Sud, dont fait partie le Genevois Andrew Clapham. Celle-ci a dénoncé ces dernières années de possibles crimes contre l'humanité et crimes de guerre.

Le conflit au Soudan du Sud a fait au total plus de deux millions de réfugiés. Il est responsable de près de 390'000 victimes. Près de 9 millions de personnes ont besoin d'aide, un record pour cet Etat qui fait face à une épidémie de choléra, a déploré vendredi à la presse la responsable des affaires humanitaires de l'ONU dans ce pays.

Le Conseil a également étendu pour un an les mandats de la Commission d'enquête sur la Syrie ou des rapporteurs spéciaux sur la Corée du Nord et sur la Birmanie. Là encore, des crimes contre l'humanité ont été dénoncés ces dernières années par ces entités.

/ATS