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Le Kirghizstan annonce un cessez-le-feu avec le Tadjikistan

16.09.2022 14h03

Trêve fragile entre le Kirghizstan et le Tadjikistan

L'escalade est intervenue alors que les dirigeants des deux pays, le président kirghiz Sadyr Japarov et son homologue tadjik Emomali Rakhmon (photo) participent actuellement à un sommet régional de l'Organisation de coopération de Shanghai (OCS) en Ouzbékistan.

Photo: KEYSTONE/EPA/SERGEI BOBYLEV/SPUTNIK/KREMLIN POOL

Le Kirghizstan a annoncé vendredi un cessez-le-feu avec le Tadjikistan après une escalade des affrontements à la frontière entre ces deux pays d'Asie centrale. Les deux parties s'accusant toutefois dans l'après-midi de violations mutuelles de cette trêve.

Dans la nuit de vendredi à samedi, le ministère kirghiz de la Santé a indiqué que ces violences avaient fait au moins 24 morts côté kirghiz, dans la région de Batken, située au sud-ouest du Kirghizstan et frontalière du Tadjikistan.

Plus tôt dans la journée, le président kirghiz Sadyr Japarov et son homologue tadjik Emomali Rakhmon se sont entretenus en marge d'un sommet régional de l'Organisation de coopération de Shanghai (OCS) en Ouzbékistan. Ils ont 'convenu de donner pour instruction aux institutions concernées de cesser le feu et de retirer les forces et les équipements de la ligne de contact', selon un communiqué de la présidence kirghize.

Un cessez-le-feu est entré en vigueur à 16h00 locales (12h00 suisses) vendredi, mais les gardes-frontières kirghiz ont rapidement accusé l'armée tadjike 'd'avoir ouvert le feu à nouveau' sur leurs positions à la frontière, jugeant la situation 'toujours tendue'. Leurs homologues tadjikes ont répliqué dans un communiqué, dénonçant 'les tirs de la partie kirghize' en direction 'de trois villages du Tadjikistan'.

Chercher les causes

Lors de leur entretien, les présidents du Kirghizstan et du Tadjikistan avaient pourtant appelé leurs troupes à un cessez-le-feu, premier signe de désescalade après plusieurs heures de combats intenses à la frontière.

MM. Japarov et Rakhmon ont convenu 'de créer une commission chargée d'enquêter sur la cause des incidents', soulignant l'importance de résoudre leurs différends 'par des moyens politiques et diplomatiques', a rapporté l'agence de presse tadjike Khovar.

Si des heurts ont régulièrement lieu à la frontière entre ces deux ex-républiques soviétiques empêtrées depuis des années dans une dispute territoriale, les dernières violences ont marqué une aggravation notable.

La Russie a exprimé vendredi sa 'préoccupation', son ministère des Affaires étrangères appelant 'les deux parties à prendre des mesures exhaustives et urgentes pour (...) mettre fin à toute tentative d'escalade'. Le président russe Vladimir Poutine a, lui, jugé la situation de 'tendue' en marge d'une rencontre avec son homologue azerbaïdjanais en Ouzbékistan.

Selon Bichkek, les forces tadjikes ont bombardé vendredi la ville frontalière de Batken, située dans le sud-ouest du Kirghizstan, dans une zone contestée entre les deux pays. 'Des infrastructures civiles de la ville de Batken ont été détruites', ont déclaré les garde-frontières kirghiz dans un communiqué.

Le ministère kirghiz de la Santé a annoncé que 31 personnes avaient été hospitalisées vendredi, selon un nouveau bilan qui s'alourdit rapidement. Au moins quatre militaires ont aussi reçu des 'blessures par armes à feu', selon les autorités régionales.

19'000 personnes évacuées

Le Comité d'Etat pour la sécurité nationale du Kirghizstan a rapporté vendredi matin que des 'affrontements intenses' et 'violents' se déroulaient dans la zone frontalière, accusant le Tadjikistan de 'bombarder le territoire kirghiz avec tout son arsenal disponible'.

Les habitants de plusieurs villages frontaliers ont fui la zone de combats, a indiqué le ministère kirghiz des Situations d'urgence, annonçant l'ouverture de centres d'accueil. Au moins 19'000 personnes habitant près de Batken ont été évacuées, a annoncé de son côté la branche locale du Croissant-Rouge.

Douchanbé a accusé les forces kirghizes d'avoir ouvert le feu tôt vendredi sur des postes frontaliers tadjiks, sans faire état dans l'immédiat de victimes dans ses rangs.

La frontière entre le Tadjikistan et le Kirghizstan est le théâtre d'affrontements meurtriers réguliers, près de la moitié des 970 kilomètres de frontière commune étant contestée et les progrès en terme de délimitation ont été lents ces dernières années. L'année 2021 a vu un nombre d'affrontements sans précédent opposer les deux parties, faisant plus de 50 morts et laissant craindre l'élargissement du conflit.

/ATS