International

Le chef de l'ONU inquiet de possibles crimes contre l'humanité

19.06.2023 15h11

Près d'1,5 milliard de dollars promis pour l'aide d'urgence

Plus de deux millions de personnes ont fui les violences vers l'intérieur du pays ou les pays voisins (archives).

Photo: KEYSTONE/AP/MARWAN ALI

La communauté internationale a promis depuis Genève près d'1,5 milliard de dollars, dont quatre millions de la Suisse, face à la crise soudanaise. Le secrétaire général de l'ONU se dit inquiet de violences au Darfour qui pourraient être des crimes contre l'humanité.

Au terme de la réunion lundi, le chef des affaires humanitaires de l'ONU Martin Griffiths a souhaité que tous les Etats 'conservent le Soudan au sommet' de leur assistance. Organisée par l'Arabie saoudite, engagée avec les Etats-Unis dans une médiation entre les parties au conflit, la conférence de donateurs était soutenue par des acteurs comme l'ONU, l'UE ou le Qatar. L'ONU et ses partenaires ont besoin de trois milliards de dollars pour aider les civils dans les prochains mois au Soudan et dans les pays voisins.

Mais moins de 20% de ce montant avaient été promis avant la conférence de lundi. L'UE a notamment annoncé 185 millions de francs supplémentaires et les Etats-Unis plus de 150 millions. De son côté, un vice-directeur de la Direction du développement et de la coopération (DDC) a affirmé que la Suisse donnerait quatre millions supplémentaires pour l'aide d'urgence face à une situation humanitaire 'intenable' et 'inacceptable'.

'La dimension et la vitesse' vers la destruction du pays 'sont sans précédent', a encore affirmé de son côté le secrétaire général Antonio Guterres dans un message vidéo, au début de la conférence. Or il redoute que cette insécurité ne se propage à l'ensemble de la région, une étape déjà atteinte, selon le Haut commissaire de l'ONU aux droits de l'homme Volker Türk le même jour devant le Conseil des droits de l'homme à Genève.

Comme la Suisse, M. Guterres s'est notamment dit très inquiet des indications de violences sexuelles et des affrontements ethniques au Darfour. 'Des attaques ciblées contre des civils en raison de leur identité ethnique pourraient équivaloir à des crimes contre l'humanité', insiste-t-il, reprenant à son tour des déclarations lancées il y a une semaine par son émissaire Volker Perthes. M. Türk a lui affirmé que son bureau avait reçu 18 accusations de violences sexuelles contre 53 femmes, dont dix jeunes filles.

Soudanais bloqués

Près de 2,5 millions de personnes ont fui leur habitation depuis le début des violences entre armée et paramilitaires il y a deux mois qui ont fait des milliers de victimes civiles au moins. Parmi elles, une sur cinq s'est réfugiée ou est rentrée dans son pays, dans les Etats voisins du Soudan.

Plus d'un million de personnes restent bloquées dans trois villes en raison des affrontements. Près de 400 sont portées disparues dans la région de la capitale Khartoum à elle seule.

Lundi, une trêve tenait elle pour le second jour consécutif à Khartoum. Les raids aériens et les bombardements d'artillerie ont cessé sur la capitale, dont les habitants survivent sous une chaleur écrasante, sans électricité et souvent sans eau courante.

Mais depuis le début des affrontements, de nombreuses trêves n'ont pas été honorées. Avant celle entrée en vigueur ces derniers jours, des milliers de personnes avaient encore été contraintes de partir ce week-end en raison des violences au Darfour. Lundi, aussi bien devant le Conseil que lors de la réunion de donateurs, les autorités soudanaises ont accusé les paramilitaires des Forces de soutien rapide (FSR) d'être entièrement responsables de ces différentes violations.

Assauts contre de nombreuses infrastructures civiles

Les parties au conflit ont pris des engagements pour protéger la population, insuffisamment appliqués selon la communauté internationale. Les deux médiateurs ont affirmé que des discussions formelles ne reprendraient pas tant que cette situation ne s'améliore pas.

Des assauts et des pillages ont été menés contre les travailleurs humanitaires et deux tiers des centres de santé ne fonctionnent pas. Ils 'doivent cesser', de même que les attaques contre les infrastructures civiles, a insisté M. Guterres.

Malgré tout, l'ONU et ses partenaires ont pu atteindre 1,8 million de personnes en avril et en mai dans plusieurs Etats du pays. Le Programme alimentaire mondial (PAM) a pu distribuer de la nourriture à plus d'un million de personnes mais souhaiterait en assister près de six fois plus.

Au total, plus de la moitié des 45 millions de Soudanais ont besoin d'une assistance humanitaire. 'Un désastre', a encore dit le secrétaire général de l'ONU. 'Nous devons faire tout ce qui est possible' pour soutenir ces personnes et les pays voisins, a-t-il aussi ajouté.

/ATS