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Le chef de la police japonaise démissionne après l'assassinat d'Abe

25.08.2022 10h41

Le chef de la police japonaise démissionne après l'assassinat d'Abe

Shinzo Abe a succombé à ses blessures après avoir été visé par des tirs à l'arme à feu le 8 juillet alors qu'il prononçait un discours lors d'un meeting électoral à Nara (ouest du Japon, archives).

Photo: KEYSTONE/AP Kyodo News

Le chef de la police nationale japonaise Itaru Nakamura a annoncé jeudi avoir présenté sa démission. Il a reconnu des 'défaillances' dans la protection de l'ancien Premier ministre Shinzo Abe, assassiné le 8 juillet lors d'un meeting électoral.

'Il y avait des défaillances dans les plans de sécurité et l'évaluation des risques sur lesquels ils étaient basés, et les instructions sur le terrain étaient insuffisantes', a déclaré M. Nakamura à des journalistes.

Selon lui, 'le fond du problème est lié aux limites du système actuel, qui est en place depuis des années, et dans lequel la police locale porte seule la responsabilité de la sécurité', a-t-il ajouté. M. Nakamura a déclaré qu'il assumerait la responsabilité de ces défaillances.

'Nous avons décidé de réorganiser notre équipe et de repartir sur de nouvelles bases en ce qui concerne nos missions de sécurité, et c'est pourquoi j'ai proposé ma démission', a expliqué M. Nakamura. Il s'exprimait lors d'une conférence de presse présentant les conclusions de l'enquête sur les failles de la protection de Shinzo Abe, qui détenait le record de longévité au poste de Premier ministre au Japon.

Liens avec la secte Moon

L'ancien dirigeant conservateur a été atteint par des tirs à l'arme à feu alors qu'il prononçait un discours lors d'un meeting électoral en extérieur à Nara (ouest). Le suspect, arrêté sur les lieux, lui reprochait ses liens supposés avec l'Eglise de l'Unification, un groupe religieux aussi surnommé 'secte Moon'.

La mère du suspect, qui était une fidèle de la secte, aurait ruiné son foyer en donnant dans les années 1990 une somme de 100 millions de yens (environ un million de dollars à l'époque) à cette organisation, selon des propos de l'oncle du suspect rapporté par des médias nippons.

Selon les médias locaux, le tireur présumé fait l'objet d'une évaluation psychiatrique pour déterminer sa responsabilité pénale au moment du crime, sur la base de laquelle les procureurs décideront de l'inculper ou non.

L'attaque 'aurait pu être empêchée'

Les mesures de sécurité en place lors du meeting de M. Abe à Nara étaient peu strictes. Le chef de la police de Nara a aussi annoncé jeudi sa démission. La police locale, à qui incombait la protection sur place de M. Abe, avait déjà reconnu des failles 'indéniables' dans sa sécurité.

Selon le rapport de la police nationale présenté jeudi, des zones situées au sud du podium sur lequel M. Abe se trouvait n'étaient pas correctement gardées, laissant un accès par lequel le tireur a pu s'approcher près de lui. Si du personnel de sécurité avait été disposé à cet endroit, 'il est fort probable' que l'attaque 'aurait pu être empêchée', conclut ce rapport.

Formation renforcée des policiers

M. Abe a été victime de deux tirs avec une arme artisanale, mais le rapport de police indique que les agents présents sur les lieux n'ont pas immédiatement réalisé que la première détonation provenait d'une arme à feu, 'ce qui a retardé leur intervention pour défendre' l'ancien Premier ministre.

Il est 'essentiel' d'améliorer les compétences en matière de sécurité, et la police nationale va 'mettre en place une formation de haut niveau et des exercices visant à répondre aux situations d'urgence, notamment en aidant les responsables à mieux discerner les coups de feu et à prendre des mesures d'évacuation immédiates', a souligné M. Nakamura.

La police nationale va dorénavant davantage s'impliquer dans la protection des personnalités et coopérera avec la police locale dans le renseignement, préconise aussi le rapport.

Des obsèques privées de M. Abe ont eu lieu peu après sa mort dans un temple bouddhiste de Tokyo. Le Japon organisera le 27 septembre à Tokyo un hommage national en son honneur, auquel doivent assister des dirigeants du monde entier.

/ATS