Le monde n'a plus le luxe du « greenwashing » (chef de l'Onu)
Les objectifs de neutralité carbone "ne valent rien" sans des actions pour les honorer, a insisté jeudi le secrétaire général de l'Onu, Antonio Guterre (Photo d'illustration).
Photo: KEYSTONE/EPA/JUSTIN LANELes objectifs de neutralité carbone 'ne valent rien' sans des actions pour les honorer, a insisté jeudi le secrétaire général de l'Onu. Et Antonio Guterres de souligner que le monde 'ne peut plus se permettre de faire de l'écoblanchiment.
'Nous avons besoin d'action climatique sur tous les fronts et nous en avons besoin maintenant', a déclaré Antonio Guterres à l'occasion de la publication de l'évaluation annuelle par l'Onu-Environnement des engagements des signataires de l'accord de Paris.
Selon le PNUE, ces engagements placent la Terre sur une trajectoire de réchauffement de 2,6°C d'ici la fin du siècle, bien au-delà des objectifs de l'accord de Paris, soit un réchauffement contenu 'nettement' sous 2°C, et 1,5°C si possible.
Des engagements qui 'ne sont pitoyablement pas à la hauteur', a commenté le secrétaire général dans un message vidéo. 'Nous nous dirigeons vers une catastrophe mondiale'.
A moins de deux semaines du début de la conférence climat de l'Onu COP27 en Egypte, il a ainsi appelé à 'combler l'écart' entre ces engagements et ce qui serait nécessaire pour respecter les objectifs de l'accord de Paris de limiter le réchauffement nettement en dessous de +2°C par rapport l'ère pré-industrielle, si possible +1,5°C.
24 pays sur 200
Un appel adressé aux gouvernements, notamment ceux des Etats du G20, mais aussi aux acteurs privés et aux institutions financières.
La dernière COP26, il y a un an à Glasgow, avait appelé les près de 200 pays signataires de l'accord à renforcer leurs lettres d'engagement détaillant leurs plans de réduction des émissions, appelées techniquement les 'contributions déterminées au niveau national' (NDC).
A fin septembre, seuls 24 pays avaient déposé des NDC nouvelles ou révisées, qui ne contribueraient à réduire les émissions en 2030 que d'un petit point de pourcentage supplémentaire, selon les calculs du PNUE, qui prévient que 'le monde se précipite vers une augmentation de la température bien au-dessus de l'objectif de l'accord de Paris'.
'Les engagements à la neutralité carbone ne valent rien sans des plans, des politiques et des actions pour les soutenir', a-t-il déclaré, alors que de plus en plus de gouvernements, d'entreprises, de villes mettent en avant cet objectif, le plus souvent à l'horizon 2050.
'Notre monde ne peut plus se permettre de faire du greenwashing, d'avoir de faux-semblants, de retardataires', a-t-il ajouté.
Entreprises visées
Le groupe d'experts mis en place par le secrétaire général pour élaborer des normes et une évaluation des engagements de neutralité carbone des acteurs non étatiques (entreprises, villes, régions, investisseurs) doit rendre ses conclusions lors de la COP27.
Des milliers d'entreprises ont annoncé des objectifs de neutralité carbone, mais nombre d'entre elles sont soupçonnées ou ouvertement accusées de ne pas concrétiser leur engagement dans les faits ou dans leurs investissements.
Un 'greenwashing', ou écoblanchiment en français, facilité par l'absence d'un cadre international commun pour évaluer et encadrer les engagements de réductions d'émissions.
Antonio Guterres, rappelant la nécessité d'investir 'massivement' dans les énergies renouvelables, a d'autre part appelé à la création d'un 'pacte historique' entre les économies développées et émergentes du G20 'pour booster une transition énergétique juste'.
Dans l'énergie, cette transformation est en route, selon l'Agence internationale de l'Energie (AIE), dont le directeur Fatih Birol entrevoit désormais 'la fin de l'âge d'or du gaz', effet paradoxal de la crise déclenchée par l'invasion de l'Ukraine par la Russie, qui force l'Europe à se passer du gaz russe.
/ATS