Législatives grecques: le premier ministre sortant part favori
Les Grecs pourraient bien devoir revoter. Le premier ministre sortant Kyriakos Mitsotakis, qui sort ici de l'isoloir, préfère cette solution si la formation d'un gouvernement de coalition devait s'avérer trop compliquée.
Photo: KEYSTONE/EPA/GEORGE VITSARASLe parti de droite du premier ministre sortant est arrivé en tête des législatives de dimanche en Grèce, selon des résultats partiels, mais la victoire de Kyriakos Mitsotakis pourrait être trop juste pour former un gouvernement stable. On retournerait aux urnes.
Pour le premier ministre Kyriakos Mitsotakis, ce résultat est 'un séisme politique', qui ouvre la voie à un second scrutin.
C'est 'la preuve que la Nouvelle-Démocratie (son parti, ndlr) a le feu vert des citoyens pour gouverner seul', a-t-il assuré, expliquant qu'il fallait un deuxième scrutin pour tenter de dégager une majorité absolue afin de constituer un gouvernement stable.
Le parti Nouvelle-Démocratie, au pouvoir depuis 4 ans, a recueilli 41,1% des suffrages, devançant largement la gauche Syriza de l'ancien chef de gouvernement Alexis Tsipras qui obtient 20% des voix, selon des résultats portant sur 30% des bureaux de vote.
Les socialistes Pasok-Kinal de Nikos Androulakis arrivent troisième avec 12,6% des voix.
Mais ces résultats, s'ils sont confirmés, ne permettent pas à la droite de disposer d'une majorité absolue.
Or, Kyriakos Mitsotakis, qui veut être reconduit dans ses fonctions pour quatre ans, a exclu de former une coalition, dans un pays dont la culture politique ne repose pas sur le compromis.
Durant sa campagne, il n'a pas caché que le scénario d'un deuxième scrutin était celui qu'il privilégiait si la formation d'un gouvernement était trop compliquée.
De son côté, ces dernières semaines, Alexis Tsipras a fait des appels du pied au dirigeant du parti socialiste Pasok-Kinal, Nikos Androulakis en vue d'une alliance, mais celui-ci avait formulé des exigences.
'Nette victoire'
En cas d'impossibilité de former un gouvernement dans les deux prochaines semaines, ce que nombre d'analystes prédisent, un nouveau scrutin devra être convoqué et devrait se tenir fin juin ou début juillet.
Le vainqueur de ce deuxième scrutin bénéficierait alors d'un bonus de jusqu'à 50 sièges susceptible de lui donner une majorité stable.
Dans une première réaction, un député de Syriza, Kostas Zachariadis, a reconnu que sa formation était loin de 'l'objectif fixé par le parti' pour ce scrutin.
Dans le camp conservateur, Takis Theodorikakos, ancien ministre de la Protection du citoyen a estimé que si les résultats se confirmaient, 'il y a un très grand écart (entre ND et Syriza ndrl)'.
Ces résultats montrent 'un tassement de Syriza', qui avait obtenu 31,5% aux dernières élections en 2019, contre 39,85% pour la ND, analysait Alexis Papachelas, directeur du quotidien libéral Kathimerini à la télé Skaï (pro-gouvernementale).
Durant sa campagne électorale, le dirigeant conservateur diplômé de Harvard et fils d'un ancien premier ministre, n'a cessé de brandir son bilan économique.
Dimanche après avoir voté à Athènes, il a assuré vouloir faire de la Grèce 'un pays plus fort avec un rôle important en Europe'.
Chômage en baisse, croissance de près de 6% l'an dernier, retour des investissements et envolée du tourisme, l'économie a repris des couleurs après les années de crise et de l'austérité stricte.
Son adversaire, qui incarna en 2015 les espoirs de la gauche radicale en Europe, avait voulu voir dans ces élections 'un jour d'espoir' pour 'tourner la page' à un gouvernement 'arrogant et qui ne s'intéresse pas aux plus nombreux'.
La baisse du pouvoir d'achat et les difficultés à boucler les fins de mois restent les principales préoccupations des Grecs. Et l'inflation a frôlé l'an dernier les 10% aggravant encore les difficultés de la population.
Dérive autoritaire
Le pays ploie toujours sous une dette publique de plus de 170% de son PIB.
Fin février, la catastrophe ferroviaire qui a fait 57 morts a réveillé la colère qui ronge la Grèce depuis la crise et déclenché des manifestations contre le gouvernement accusé d'incurie.
Les contempteurs de M. Mitsotakis lui reprochent une dérive autoritaire depuis son arrivée au pouvoir. Son mandat a été émaillé de scandales, des écoutes illégales aux refoulements de migrants en passant par les violences policières.
Pointé du doigt en matière 'des atteintes à l'Etat de droit', la Grèce, lanterne rouge de l'UE en matière de liberté de la presse dans le classement annuel de Reporters sans frontières, est aussi régulièrement accusée de refouler des migrants vers la Turquie.
/ATS