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Méditerranée: premier trimestre le plus meurtrier depuis 2017

12.04.2023 14h51

Méditerranée: premier trimestre le plus meurtrier depuis 2017

Plus de 20'000 décès de migrants ont été enregistrés en Méditerranée depuis 2014 (image d'illustration).

Photo: KEYSTONE/EPA/ITALIAN COAST GUARD HANDOUT

Le premier trimestre de l'année 2023 a été le plus meurtrier pour les migrants traversant la Méditerranée depuis 2017. Au total, 441 vies ont été perdues entre janvier et mars en tentant d'atteindre l'Europe, a déclaré l'ONU mercredi.

L'Organisation internationale pour les Migrations (OIM) a toutefois estimé que ce chiffre de 441 décès est en deçà de la réalité. 'Avec plus de 20'000 décès enregistrés sur cette route depuis 2014, je crains que ces décès n'aient été normalisés', a-t-elle averti. 'Les retards et les lacunes dans les opérations de recherche et de sauvetage menées par les Etats coûtent des vies humaines'.

'Pendant le week-end de Pâques, 3000 migrants ont atteint l'Italie, ce qui porte le nombre total d'arrivées depuis le début de l'année à 31'192 personnes', a déclaré l'organisation.

Retards meurtriers

L'OIM a précisé que les retards dans les opérations de recherche et de sauvetage (SAR) ont été un facteur déterminant dans au moins six incidents depuis le début de l'année, entraînant la mort d'au moins 127 personnes sur les 441 autres.

'L'absence totale de réponse au cours d'une septième opération de sauvetage a coûté la vie à au moins 73 migrants' toujours inclus dans ce même décompte, a déclaré l'OIM dans un communiqué, ajoutant que les efforts de recherche et de sauvetage des organisations non gouvernementales ont nettement diminué au cours des derniers mois.

Etat d'urgence

La Première ministre italienne Giorgia Meloni, qui a pris ses fonctions en octobre avec la promesse de mettre fin à l'immigration de masse, a décrété mardi soir un état d'urgence de six mois sur l'immigration, moyennant cinq millions d'euros supplémentaires pour faire face à cette question.

Selon Mme Meloni, cela permettra 'une réponse plus efficace et dans de meilleurs délais' face à l'arrivée de migrants. Mais selon ses détracteurs, la mesure, utilisée généralement pour des catastrophes naturelles, cache une absence de stratégie claire sur la crise migratoire.

De son côté, l'Agence européenne de surveillance des frontières, Frontex, a estimé que les traversées illégales de frontière en Méditerranée centrale atteignaient presque 28'000, également au premier trimestre 2023, soit trois fois plus que durant la même période de 2022.

Bateaux disparus

Les migrants utilisant cette route sont originaires le plus souvent de Côte d'Ivoire, de Guinée et du Pakistan. 'La crise humanitaire persistante en Méditerranée centrale est intolérable', a estimé le chef de l'OIM Antonio Vitorino.

Le projet 'Migrants disparus' de l'agence des Nations unies enquête aussi sur plusieurs cas de bateaux portés disparus, où il n'y a aucune trace de survivants, de débris et où aucune opération de recherche et de sauvetage n'a été menée. Quelque 300 personnes à bord de ces bateaux sont toujours portés disparus, a indiqué l'OIM.

'Sauver des vies en mer est une obligation légale pour les Etats', a souligné M. Vitorino. 'Nous avons besoin d'une coordination proactive des Etats dans les efforts de recherche et de sauvetage. Guidés par l'esprit de partage des responsabilités et de solidarité, nous appelons les États à travailler ensemble et à s'efforcer de réduire les pertes en vies humaines le long des routes migratoires.'

/ATS