Mohammed ben Zayed élu président des Emirats par un Conseil suprême
Mohammed ben Zayed (au centre) a été élu samedi à l'unanimité.
Photo: KEYSTONE/AP/Hamad Al KaabiLe prince héritier d'Abou Dhabi Mohammed ben Zayed, déjà dirigeant de facto des Emirats arabes unis, a été élu samedi président de la riche monarchie du Golfe. Il succède à son demi-frère, Khalifa ben Zayed Al-Nahyane, mort la veille.
Agé de 61 ans, Mohammed ben Zayed, dit 'MBZ', 'a été élu à l'unanimité' par les membres du Conseil suprême de la fédération des Emirats qui regroupe sept émirats dont ceux d'Abou Dhabi et de Dubaï, a indiqué l'agence de presse officielle WAM.
Troisième fils de cheikh Zayed ben Sultan Al-Nahyane, premier président et père-fondateur de la fédération des Emirats, 'MBZ', prince héritier de la capitale et émirat d'Abou Dhabi, était déjà aux commandes depuis qu'un accident cérébral en janvier 2014 avait écarté Khalifa ben Zayed Al-Nahyane.
Mohammed ben Zayed a 'remercié' les cheikhs du Conseil suprême fédéral 'pour leur confiance'. Son élection officialise sa position de leader du riche pays pétrolier de quelque 10 millions d'habitants, alors que le pays a entamé une période de 40 jours de deuil pour le décès à l'âge de 73 ans de cheikh Khalifa.
Mohammed ben Zayed hérite d'un pays pétrolier dont il était déjà le dirigeant de facto durant une décennie d'ascension diplomatique et militaire ayant placé cet Etat au coeur de la géopolitique du Moyen-Orient.
Politique plus affirmée
Sous la direction de 'MBZ', les Emirats ont mené une politique plus affirmée sur la scène internationale. Pays allié de l'Arabie saoudite et des Etats-Unis, les Emirats de 'MBZ' ont été le premier pays du Golfe à normaliser en 2020 les relations avec Israël.
'MBZ' est aussi largement considéré comme celui qui a envoyé en 2015 des troupes émiraties au Yémen, dans le cadre d'une coalition menée par l'Arabie saoudite contre les rebelles Houthis.
Considéré comme particulièrement hostile aux soulèvements populaires du Printemps arabe de 2011, 'MBZ' peut compter sur la richesse d'Abou Dhabi, qui détient 90% des réserves pétrolières des Emirats, pour affirmer sa puissance dans la région et afficher son soutien à certains régimes, comme celui de l'Egyptien Abdel Fattah al-Sissi.
Les ONG de défense des droits humains ne manquent pas de déplorer les violations, en particulier le sort d'Ahmed Mansour, un militant pro-démocratie emprisonné depuis 2017. Elles critiquent en outre régulièrement les mauvaises conditions de travail des nombreux travailleurs migrants aux Emirats et dans d'autres pays du Golfe.
Hommages internationaux
Juste après l'annonce du décès du président vendredi, ce dernier a été enterré au cimetière al-Bateen à Abou Dhabi. Plusieurs dirigeants du monde ont présenté leurs condoléances aux Emirats puis félicité le nouveau dirigeant, comme le président américain Joe Biden.
'Les Emirats sont un partenaire essentiel des Etats-Unis' a déclaré samedi M. Biden dans un communiqué soulignant qu'il avait hâte de 'renforcer les liens' entre les deux pays. La présidence française a annoncé de son côté qu'Emmanuel Macron se rendrait dimanche à Abou Dhabi pour 'exprimer son soutien' à Mohammed ben Zayed, avec qui il s'est entretenu vendredi.
Le président égyptien Abdel Fattah al-Sissi doit également se rendre aux Emirats. Le président syrien Bachar al-Assad, qui s'était rendu en mars aux Emirats - son premier déplacement dans un pays arabe depuis le début du conflit en Syrie en 2011 - a aussi félicité 'MBZ'.
Selon les analystes, l'élection de Mohammed ben Zayed 'change peu (de choses) dans les faits, MBZ mène le show presque depuis le début', a tweeté Ryan Bohl, analyste du Moyen-Orient chez Stratfor Worldview.
/ATS