International

Mort du dernier président blanc d'Afrique du Sud

11.11.2021 11h56

Mort du dernier président blanc d'Afrique du Sud

Photo: Keystone/AP NY/JUNJI KUROKAWA

Le dernier président blanc sud-africain, Frederik de Klerk est mort jeudi à 85 ans, a annoncé sa fondation. Il avait libéré l'icône de la lutte anti-apartheid Nelson Mandela et partagé avec lui le prix Nobel de la paix en 1993.

'C'est avec la plus grande tristesse que la Fondation FW de Klerk annonce le décès de l'ancien président FW de Klerk', a déclaré l'organisation dans un communiqué. 'Il laisse derrière lui son épouse Elita, ses enfants Jan et Susan, et ses petits-enfants.'

Il est décédé 'paisiblement à son domicile de Fresnaye ce matin après avoir lutté contre un cancer', ajoute le texte rédigé en anglais et en afrikaans. Frederik de Klerk avait dit souffrir d'un mésothéliome - un cancer qui affecte les tissus entourant les poumons en mars - le jour même de son 85e anniversaire.

Avec la réputation d'un grand conservateur, De Klerk succède au président PW Botha en 1989, affaibli par un infarctus. Le 2 février 1990, contre toute attente, cet apparatchik du Parti national déclare devant le Parlement: 'L'heure des négociations est arrivée.'

Libération de Mandela

Il annonce la libération inconditionnelle du leader de l'ANC Nelson Mandela, en prison depuis 27 ans, ainsi que la levée de l'interdiction des partis anti-apartheid. Cette décision lance véritablement le processus de transition qui débouche, quatre ans plus tard, sur l'organisation des premières élections multiraciales dans l'histoire du pays, alors remportées par Mandela.

Les deux hommes reçoivent conjointement le prix Nobel en 1993, pour 'leurs efforts visant à la disparition pacifique du régime de l'apartheid et pour l'établissement d'une nouvelle Afrique du Sud démocratique'.

Vingt ans plus tard, FW De Klerk a estimé que sa décision avait permis d'éviter 'une catastrophe'. Cela a permis de sortir les Blancs de leur 'isolement et de leur culpabilité' et aux Noirs d'accéder à 'la dignité et à l'égalité'.

Démission en 1996

Il accompagne pendant deux ans la jeune démocratie en devenant vice-président du premier président noir dans le pays. Mais il démissionne en 1996, reprochant à la nouvelle constitution de ne pas garantir aux Blancs qu'ils puissent continuer à partager le pouvoir. L'année suivante, il abandonne la présidence du Parti national et entame son retrait de la vie politique.

Né le 18 mars 1936, De Klerk a toujours évolué dans les milieux nationalistes afrikaners, descendants des premiers colons européens qui parlent une langue dérivée du hollandais.

'Il semblait être la quintessence de l'homme d'appareil (...) Rien dans son passé ne semblait indiquer l'ombre d'un esprit de réforme', avait écrit Nelson Mandela dans son autobiographie.

En 2020, De Klerk a déclenché une vive polémique en niant que l'apartheid ait été un crime contre l'humanité, avant de présenter des excuses.

Réactions

Les premières réactions à sa mort ont un peu tardé, l'héritage de la figure de la fin de l'apartheid étant à la fois 'important' et 'inégal', a subtilement décrit la fondation Nelson Mandela.

Soulignant la 'volonté d'agir' de FW de Klerk, le révérend Desmond Tutu, dernière grande icône de la lutte, a rappelé jeudi le regret, partagé par beaucoup, qu'il n'ait jamais présenté d'excuses complètes pour les crimes de l'apartheid.

La figure controversée a attendu sa mort pour ça. 'Je présente mes excuses, sans réserve, pour la douleur, la souffrance, l'indignité et les dommages que l'apartheid a infligés aux noirs, bruns et indiens d'Afrique du Sud', déclare-t-il dans un message vidéo posthume diffusé par sa fondation dans l'après-midi.

D'une voix éraillé teintée d'un fort accent afrikaans, le vieux monsieur au regard bleu soutenu a évoqué une expérience proche de la 'conversion' dans les années 1980, quand il compris que 'l'apartheid était une erreur' et 'moralement injustifiable'.

'M. De Klerk a joué un rôle essentiel dans notre transition vers la démocratie', a simplement salué le président Cyril Ramaphosa. Il a 'changé le cours de l'histoire', a affirmé pour sa part le premier ministre britannique Boris Johnson, saluant son 'courage d'acier et le réalisme dont il a fait preuve en faisant ce qui était manifestement juste'.

La date et le lieu des funérailles doivent encore être précisés.

/ATS