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Nagorny Karabakh: Moscou appelle à cesser « l'effusion de sang »

20.09.2023 03h41

L'Azerbaïdjan promet une "réintégration pacifique" du Karabakh

Des milliers de personnes ont dû être évacuées depuis mardi par les forces séparatistes et les soldats russes.

Photo: KEYSTONE/EPA/RUSSIAN DEFENCE MINISTRY PRESS SERVICE HANDOUT

L'Azerbaïdjan a assuré mercredi vouloir une 'réintégration pacifique' du Nagorny-Karabakh après sa victoire-éclair contre les séparatistes arméniens de ce territoire disputé depuis des décennies. Les séparatistes ont capitulé mercredi et accepté des pourparlers.

Vaincus en 24 heures, ils ont annoncé dans un communiqué la signature d''un accord sur une cessation complète des hostilités à 13h00 (11h00 suisses) avec la médiation du commandement des forces de paix russes', déployées dans la région depuis trois ans.

Dans le détail, cet accord, confirmé par Bakou, prévoit 'le retrait des unités et des militaires restants des forces armées de l'Arménie' et 'la dissolution et le désarmement complet des formations de l'Armée de défense du Nagorny-Karabakh'.

'Réintégration pacifique'

Les séparatistes ont en outre accepté d'avoir jeudi, dans la ville azerbaïdjanaise de Yevlakh, de premiers pourparlers sur 'la réintégration' à l'Azerbaïdjan de ce territoire.

A la veille de ces discussions, Hikmet Hajiev, un conseiller du président azerbaïdjanais Ilham Aliev, a assuré que l'Azerbaïdjan avait 'pour objectif la réintégration pacifique des Arméniens du Karabakh' et une 'normalisation' des relations avec l'Arménie.

Il a également promis 'un passage en toute sécurité' aux forces séparatistes arméniennes, assurant que 'toutes les actions' menées 'sur le terrain' étaient coordonnées avec les soldats de maintien de la paix russes.

Cette victoire azerbaïdjanaise nourrit toutefois les craintes d'un départ massif des 120'000 habitants du Nagorny-Karabakh, tandis que des images diffusées par des médias locaux montraient une foule rassemblée à l'aéroport de Stepanakert, la capitale des séparatistes.

Des milliers de personnes ont dû être évacuées depuis mardi par les forces séparatistes et les soldats russes. Le président du Conseil européen Charles Michel a à cet égard appelé mercredi l'Azerbaïdjan à 'garantir les droits et la sécurité' des Arméniens du Nagorny-Karabakh.

Aliev renforcé

Usant la manne pétrolière pour renforcer son armée, Ilham Aliev est en passe de réussir son pari de reprendre le contrôle de cette région majoritairement peuplée d'Arméniens, qui a été le théâtre de deux guerres entre les anciennes républiques soviétiques du Caucase que sont l'Azerbaïdjan et l'Arménie: l'une de 1988 à 1994 (30'000 morts) et l'autre à l'automne 2020.

Cette victoire 'va assurément augmenter la popularité d'Ilham Aliev', au pouvoir depuis vingt ans, mais celui-ci va désormais devoir 'tenir sa promesse d'assurer les droits des Arméniens du Karabakh', a souligné l'expert azerbaïdjanais indépendant Chahin Hajiev.

Acculés par la puissance de feu des forces azerbaïdjanaises et la décision de l'Arménie de ne pas leur venir en aide, les séparatistes ont plié en 24 heures face à un assaut dont le bilan humain fourni par les Arméniens s'établit pour l'instant à au moins 32 morts, dont deux enfants, et 200 blessés.

Poutine espère un 'règlement pacifique'

Selon les séparatistes et Bakou, la Russie a joué un rôle de médiateur dans la signature de ce cessez-le-feu. Mais, absorbée par la guerre en Ukraine, elle n'a jusqu'ici rien dit de l'accord. Dans des propos diffusés par la télévision d'Etat, le président Vladimir Poutine a déclaré espérer un 'règlement pacifique' du conflit, sans mentionner le cessez-le-feu.

Craignant que la reprise des hostilités ne déstabilise tout le Caucase, les Occidentaux, la Russie et le pape François avaient appelé dès mardi à un arrêt immédiat des combats.

Des appels ignorés par le président azerbaïdjanais - soutenu par son allié historique turc -, qui avait affirmé dans la matinée que l'assaut de son armée ne prendrait fin que si les séparatistes arméniens 'déposaient les armes'.

Son conseiller Hikmet Hajiev a jugé lui mercredi que la réunion du Conseil de sécurité de l'ONU demandée par la France n'était 'pas nécessaire', après la capitulation rapide des séparatistes arméniens et qu'elle serait même 'inefficace et préjudiciable'.

Les autorités azerbaïdjanaises avaient déclenché la veille une opération 'antiterroriste' au Nagorny-Karabakh, à la suite de la mort de six personnes dans l'explosion de mines posées, affirmaient-elles, par des 'saboteurs' arméniens.

/ATS