International

Opération anticorruption au Parlement européen: onde de choc

10.12.2022 18h19

Parlement européen: l'élue grecque Eva Kaili écrouée

Samedi le journal belge L'Echo affirmait que "plusieurs sacs remplis de billets" ont été découverts au domicile bruxellois d'Eva Kaili, que la police a décidé de perquisitionner après avoir surpris le père de l'élue lui-même en possession d'une grosse quantité d'argent liquide dans "une valise".

Photo: KEYSTONE/AP/PETROS GIANNAKOURIS

La vice-présidente grecque du Parlement européen Eva Kaili a été inculpée pour 'corruption' puis écrouée dimanche à Bruxelles dans l'enquête portant sur de gros versements qu'aurait effectués le Qatar pour influencer des décisions au sein de cette institution de l'UE.

Une source judiciaire a indiqué à l'AFP que Mme Kaili et trois autres personnes avaient été écrouées par un juge bruxellois, deux jours après leur interpellation dans une enquête ciblant les agissements du pays organisateur du Mondial-2022.

Mme Kaili n'a pas pu bénéficier de son immunité parlementaire car l'infraction qui lui est reprochée a été constatée 'en flagrant délit', a expliqué la même source judiciaire. Cette source a confirmé des informations de presse selon lesquelles Mme Kaili, ex-présentatrice à la télévision grecque âgée de 44 ans, était en possession de 'sacs de billets' vendredi soir lorsque la police belge l'a interpellée.

Le domicile bruxellois de Mme Kaili a été perquisitionné vendredi soir.

Détention provisoire

Le parquet fédéral n'a fourni, lui, aucun nom en annonçant à la mi-journée ces placements en détention provisoire, décidés après quatre inculpations pour 'appartenance à une organisation criminelle, blanchiment d'argent et corruption'.

Deux autres personnes parmi les six interpellées ces dernières 48 heures ont été libérées par le juge.

Parmi les six suspects interpellés vendredi, au terme d'au moins 16 perquisitions à Bruxelles, figuraient aussi l'ex-eurodéputé italien Pier-Antonio Panzeri et le secrétaire général de la Confédération syndicale internationale (CSI) Luca Visentini, lui aussi Italien.

Selon la presse belge, le propre père de Mme Kaili a lui-même été inquiété dans l'enquête, surpris en train de transporter des espèces 'dans une valise'.

Voyage au Qatar

Dans cette affaire, 'est suspecté le versement d'importantes sommes d'argent ou l'offre de cadeaux significatifs à des tiers ayant une position politique et/ou stratégique permettant, au sein du Parlement européen, d'influencer les décisions' de cette institution, a rappelé dimanche le parquet.

L'affaire éclate en plein Mondial-2022 de football, alors que le pays organisateur doit déployer des efforts pour défendre sa réputation décriée en matière de respect des droits humains, notamment ceux des travailleurs.

Elle survient aussi à la veille d'une session plénière du Parlement européen à Strasbourg, où la relation entre l'UE et le Qatar devrait inévitablement resurgir dans les débats.

Eva Kaili s'était rendue début novembre au Qatar où elle avait salué en présence du ministre qatari du Travail les réformes de l'émirat dans ce secteur.

Demandes de démission

L'ambassadeur de l'UE à Doha Cristian Tudor avait alors assuré sur Twitter la publicité de cette rencontre jugée positive.

'Le Qatar est un chef de file en matière de droits du travail', avait aussi affirmé Mme Kaili le 22 novembre à la tribune du Parlement européen. Ces propos, qui avaient alors suscité des remous dans les rangs de la gauche et des libéraux, sont revenus à l'esprit de nombreux eurodéputés ce week-end après l'annonce de son arrestation.

'Je crains maintenant de comprendre...', a commenté samedi sur Twitter le Français Pierre Karleskind (Renew, libéraux).

Lundi à Strasbourg, la présidente du Parlement européen, la Maltaise Roberta Metsola, a convoqué une réunion des présidents de groupes pour évoquer l'enquête judiciaire belge, ont indiqué dimanche à l'AFP deux sources au sein du Parlement.

Les eurodéputés Verts et socio-démocrates s'opposeront par ailleurs au démarrage de négociations sur une libéralisation des visas pour les Qataris dans l'UE.

Délégations retirées

Samedi soir, Mme Metsola avait décidé d'une première sanction contre Eva Kaili. La vice-présidente grecque s'était vu retirer toutes les tâches déléguées par Mme Metsola dont celle de la représenter dans la région Moyen-Orient.

Des eurodéputés de gauche, dont l'écologiste Philippe Lamberts au nom du groupe des Verts au Parlement européen, ont demandé la démission de Mme Kaili, exclue dès vendredi soir du parti socialiste grec (Pasok-Kinal).

Dimanche le parquet fédéral a aussi annoncé qu'une perquisition avait eu lieu samedi soir au domicile d'un second eurodéputé.

/ATS