International

Ouzbékistan : la nouvelle Constitution pour renforcer le président largement approuvée

01.05.2023 14h45

Ouzbékistan : la nouvelle Constitution pour renforcer le président largement approuvée

La nouvelle Constitution permettra à Chavkat Mirzioïev de se maintenir théoriquement jusqu'en 2040 à la tête de la plus peuplée des ex-républiques soviétiques centrasiatiques et de ses 35 millions d'habitants, aux droits longtemps bafoués par un régime excessivement répressif.

Photo: KEYSTONE/AP

L'Ouzbékistan a adopté à une écrasante majorité par référendum une nouvelle Constitution. Celle-ci donne la possibilité au président Chavkat Mirzioïev de se maintenir à la tête de ce pays d'Asie centrale à la vie politique cadenassée.

Le passage du quinquennat au septennat et la remise à zéro des deux mandats présidentiels font partie des principales modifications de la loi fondamentale ouzbèke, approuvée dimanche par 90,21% des électeurs. Le taux de participation a quant à lui atteint 84,54%, d'après les résultats préliminaires fournis lundi par la Commission électorale.

Un résultat sans surprise après une campagne à sens unique : malgré des récentes avancées socio-économiques, cet Etat est toujours considéré par de nombreuses ONG comme étant autoritaire, avec en particulier une presse contrôlée. L'été dernier, de rares manifestations contre ce projet constitutionnel avaient été écrasées.

Jusqu'en 2040

Cette nouvelle Constitution permettra à M. Mirzioïev de se maintenir théoriquement jusqu'en 2040 à la tête de la plus peuplée des ex-républiques soviétiques centrasiatiques et de ses 35 millions d'habitants, aux droits longtemps bafoués par un régime excessivement répressif.

L'interdiction de la peine de mort et le respect des droits humains sont en outre constitutionnalisés, dans ce 'Nouvel Ouzbékistan' vanté par M. Mirzioïev.

'Manque de véritable pluralisme'

Cet homme de 65 ans s'efforce de présenter un visage plus moderne depuis la mort de son prédécesseur, le cruel Islam Karimov, dont il a été le fidèle Premier ministre pendant treize ans, avant d'être ensuite élu par deux fois dans des scrutins exempts de réelle concurrence.

Et, cette fois encore, les observateurs internationaux de l'Organisation pour la sécurité et la coopération en Europe (OSCE) ont regretté dans un rapport 'le manque de véritable pluralisme et de compétition' pour ce référendum.

L'OSCE a également constaté 'l'absence d'opposition organisée contre les amendements'. Et si 'les récentes réformes ont permis des améliorations, il reste du chemin à parcourir avant que les droits fondamentaux ne soient respectés', a-t-elle poursuivi.

Opposants toujours réprimés

Le président Mirzioïev a notamment mis fin ces dernières années au travail forcé dans les champs de coton, y compris des enfants, une mesure saluée par la communauté internationale, et l'Ouzbékistan souhaite rejoindre l'Organisation mondiale du commerce.

Malgré les progrès économiques et les avancées sociales, comme la criminalisation de la violence domestique et la fin du travail forcé des enseignants, des ONG continuent de dénoncer le pouvoir ouzbek, en particulier pour la répression d'opposants.

A l'approche du scrutin, deux journalistes de médias étatiques interrogés par l'AFP confiaient sous couvert d'anonymat avoir 'reçu des consignes pour couvrir de manière positive l'Ouzbékistan, le référendum et le président' et ont constaté un renforcement de la censure à l'approche du scrutin.

Région stratégique

La seule tentative de s'opposer à la nouvelle Constitution a été réprimée dans le sang en juillet 2022 dans la république du Karakalpakstan. Des manifestants avaient alors protesté contre un amendement constitutionnel, depuis retiré, qui aurait réduit l'autonomie de cet immense territoire pauvre du nord de l'Ouzbékistan.

La répression de ces manifestations avait fait 21 morts, selon un bilan des autorités. Et, depuis, plus de quarante personnes ont été condamnées à des peines de prison ferme pour leur participation à ces troubles.

Lundi, les présidents du Kazakhstan et du Kirghizstan voisins ont été les premiers à féliciter M. Mirzioïev. L'Ouzbékistan est situé dans une région stratégique au coeur de l'Asie centrale, où la Russie et la Chine exercent une forte influence contestée notamment par les Occidentaux et la Turquie.

/ATS