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Pires inondations au Pakistan depuis 30 ans, plus de 1060 morts

29.08.2022 12h01

Un tiers du Pakistan sous les eaux: au moins 1136 morts

Plus de 33 millions d'habitants, soit un Pakistanais sur sept, ont été affectés par les inondations.

Photo: KEYSTONE/AP/Zahid Hussain

Des dizaines de millions de Pakistanais luttaient lundi contre les pires pluies de mousson en trois décennies. Les intempéries ont fait au moins 1136 morts, selon le dernier bilan, emporté d'innombrables maisons et détruit des terres agricoles vitales.

Un tiers du Pakistan est actuellement 'sous les eaux', a déclaré à l'AFP la ministre du Changement climatique, Sherry Rehman, évoquant une 'crise de proportions inimaginables'. Le premier ministre Shehbaz Sharif a de son côté affirmé que les pluies de mousson, qui ont débuté en juin, sont 'sans précédent depuis 30 ans'.

Une énorme opération de secours était en cours dans le pays, où l'aide internationale commençait à arriver lentement, alors que l'Indus, le principal fleuve du pays, menace de sortir de son lit.

Victime du changement climatique

Les responsables pakistanais attribuent ces intempéries dévastatrices au changement climatique. Selon eux, le pays subit les conséquences de pratiques environnementales irresponsables ailleurs dans le monde.

Plus de 33 millions d'habitants, soit un Pakistanais sur sept, ont été affectés par les inondations et près d'un million de maisons ont été détruites ou gravement endommagées, selon le gouvernement.

Selon le dernier bilan lundi de l'Autorité nationale de gestion des catastrophes (NDMA), au moins 1136 personnes ont été tuées depuis le début de la mousson en juin, 75 étant décédées ces dernières 24 heures.

'Tout n'est qu'un grand océan'

Mais les autorités tentaient toujours d'atteindre des villages isolés situés dans des zones montagneuses dans le nord du pays, ce qui pourrait encore faire grimper le bilan. 'Tout n'est qu'un grand océan, il n'y a pas d'endroit sec d'où pomper l'eau', a déclaré Mme Rehman, ajoutant que le coût économique, qui n'a pas encore été quantifié, serait dévastateur.

La mousson, qui dure habituellement de juin à septembre, est essentielle pour l'irrigation des plantations et pour reconstituer les ressources en eau du sous-continent indien. Mais elle apporte aussi chaque année son lot de drames et de destructions.

Selon Mme Rehman, ces intempéries sont pires encore que celles de 2010, année au cours de laquelle 2000 personnes avaient été tuées et près d'un cinquième du pays submergé par les pluies. Des personnes déplacées par les inondations ont trouvé refuge dans des camps de fortune établis à la va-vite partout dans le pays.

Récoltes perdues

Le pays a reçu deux fois plus de précipitations qu'habituellement, selon le service météorologique. Dans les provinces du sud (Baloutchistan et Sind), les plus touchées, les pluies ont été plus de quatre fois supérieures à la moyenne des 30 dernières années.

Près de Sukkur, dans le Sind, où un imposant barrage datant de l'époque coloniale situé sur le fleuve Indus est vital pour empêcher que la catastrophe n'empire, un agriculteur se lamentait de voir ses champs de riz perdus. 'Tout ça est fini', disait-il.

Le responsable du barrage a assuré que le gros de l'eau s'écoulant depuis le nord du pays devrait atteindre l'ouvrage autour du 5 septembre, mais s'est dit confiant en sa capacité de tenir le choc.

Le barrage détourne les eaux de l'Indus vers des milliers de kilomètres de canaux qui constituent l'un des plus grands réseaux d'irrigation au monde. Mais les fermes ainsi desservies sont aujourd'hui complètement inondées.

La NDMA a indiqué que plus de 80'000 hectares de terres cultivables avaient été ravagées, et plus de 3400 kilomètres de routes et 157 ponts emportés par les eaux. L'eau entrave les opérations de secours placées sous la supervision de l'armée pakistanaise.

Appel à l'aide

Le gouvernement a déclaré l'état d'urgence et appelé à l'aide la communauté internationale. Dimanche, les premiers vols apportant de l'aide humanitaire sont arrivés, en provenance de Turquie ou des Emirats arabes unis.

Ces inondations surviennent au pire moment pour le Pakistan, dont l'économie était déjà en crise. Le Fonds monétaire international devait se réunir lundi à Washington pour donner son accord à la reprise d'un programme de prêts de 6 milliards de dollars, essentiel pour le pays.

Mais il est déjà clair que le Pakistan aura besoin de bien plus pour reconstruire les infrastructures détruites par les inondations. Les prix des aliments de base montent en flèche et des problèmes d'approvisionnement se font déjà ressentir dans les provinces du Sind et du Pendjab.

/ATS