Plus de 100 exécutions liées à l'ex-gouvernement afghan depuis août
Plus de 100 ex-responsables des forces de sécurité ou personnes associées à l'ancien gouvernement ont été exécutées entre août et novembre. Plus de 70% de ces violences sont attribuées aux talibans, a dénoncé l'ONU mardi à Genève.
Dans plusieurs cas, les cadavres ont été montrés, a affirmé la Haute commissaire adjointe aux droits de l'homme Nada al-Nashif devant le Conseil des droits de l'homme, relayant des 'allégations crédibles'. De quoi tenter d'intimider la population, a-t-elle dit.
Le porte-parole du ministère taliban des Affaires étrangères, Abdul Qahar Balkhi, a démenti à l'AFP ces accusations. Les islamistes radicaux 'honorent entièrement le décret d'amnistie' et 'les employés des gouvernements précédents ne sont pas persécutés', a-t-il aussi affirmé, ajoutant également que des investigations seraient menées sur chaque cas.
Dans la province de Nangharar, au moins 50 personnes suspectées de faire partie de l'Etat islamique-Khorasan (EI-K) ont été victimes d'exécutions extrajudiciaires. Et des pendaisons ou des décapitations ont été observées, a affirmé la Haute commissaire adjointe.
Mme al-Nashif s'est dite 'très préoccupée' par la menace de l'utilisation d'enfants aussi bien par ces djihadistes que par les talibans. Plus largement, si les violences ont reculé depuis l'arrivée des islamistes radicaux, 'la situation actuelle laisse la population avec peu de protection en termes de droits humains', a-t-elle dit.
Inquiétudes pour les responsables judiciaires
Le récent décret publié il y a une dizaine de jours sur les droits des femmes constitue 'un signal important' mais ne répond pas à de nombreuses questions. Comme l'âge minimal pour le mariage ou la possibilité d'accéder à l'éducation, au travail ou aux activités publiques.
Selon le Fonds des Nations Unies pour l'enfance (UNICEF), 60% des millions d'Afghans déscolarisés sont des filles. Et 8,8 millions supplémentaires sont menacés d'être privés d'accès à l'éducation, notamment si les fonctionnaires ne sont pas payés.
De nombreuses femmes sont victimes de violences et ne peuvent être entendues par la justice. Des indications d'expulsions et de déplacements forcés de membres de minorités ont également été reçues par le Haut-Commissariat.
Egalement selon l'ONU, huit activistes de la société civile ont été tués depuis août. Des dizaines de défenseurs des droits humains ont été détenus arbitrairement ou battus. Leurs proches ont parfois été menacés. La situation des responsables judiciaires est également inquiétante, ajoute le Haut-Commissariat.
Possible nettoyage ethnique
De son côté, l'ambassadeur afghan auprès de l'ONU à Genève Nasir Andisha, opposé aux talibans, a affirmé que ces islamistes radicaux violent largement le droit international. Il a mentionné des indications crédibles de nettoyage ethnique dans plusieurs régions.
Il a rendu hommage à ceux qui continuent à protester contre l'Emirat islamique dans le pays. Et il a encore salué la décision de l'Assemblée générale de l'ONU de reporter la reconnaissance du régime taliban.
La situation humanitaire reste elle très difficile dans le pays. Au total, 15 millions d'Afghans ont reçu une assistance du Programme alimentaire mondial (PAM). La quasi-totalité des Afghans manquent de nourriture, en large augmentation ces derniers mois.
En terme d'assistance, 'une augmentation massive est indispensable', a affirmé mardi à la presse un porte-parole. L'agence onusienne veut assister huit millions de personnes supplémentaires l'année prochaine dans chaque région, a-t-il ajouté.
/ATS