International

Plus de 90 réfugiés retrouvés nus à la frontière avec la Turquie

16.10.2022 17h05

Plus de 90 réfugiés retrouvés nus à la frontière avec la Turquie

Pour gagner l'Europe, de nombreux réfugiés tentent la traversée du fleuve Evros qui sépare la Turquie et la Grèce (archives).

Photo: KEYSTONE/EPA/ERDEM SAHIN

Quatre-vingt-douze réfugiés ont été retrouvés nus après avoir été forcés, selon Athènes, de traverser l'Evros, le fleuve séparant la Turquie de la Grèce, 'une image inhumaine', a réagi dimanche le ministre grec de la Protection civile.

Une porte-parole de l'agence européenne de surveillance aux frontières Frontex, Paulina Bakula, a confirmé à l'AFP 'le sauvetage des 92 migrants vendredi' avec le concours des autorités grecques.

'Les agents (de Frontex) ont rapporté que les migrants avaient été retrouvés nus et que certains d'entre eux avaient des blessures visibles', a-t-elle ajouté, s'exprimant de Varsovie, le siège de cette organisation, tandis qu'Athènes assure que la Turquie a forcé ces personnes à se dévêtir avant de les expulser du côté grec de la frontière.

Le HCR exige une enquête

Le ministre grec de la Protection civile, Takis Theodorikakos, a accusé Ankara d''instrumentaliser l'immigration illégale' mais la Turquie a démenti toute implication dans les traitements dégradants infligés à ces réfugiés.

La Grèce doit arrêter 'la manipulation et la malhonnêteté', a commenté dans un tweet en anglais le vice-ministre turc de l'Intérieur, Ismail Catakli.

La plupart de ces personnes, des Syriens et des Afghans, 'ont raconté à des agents de Frontex que trois véhicules de l'armée turque les avaient transférées au niveau de l'Evros', a assuré Takis Theodorikakos dans un entretien avec la chaîne de télévision privée Skai.

Le Haut Commissariat des Nations unies pour les réfugiés (HCR) a condamné dimanche sur Twitter des 'traitements aussi cruels et dégradants' et demandé une 'enquête complète sur cet incident'.

Le ministre grec des Migrations grec, Notis Mitarachi, avait qualifié samedi l'incident de 'honte pour la civilisation'.

La mer Egée, un 'cimetière'

La Grèce est régulièrement montrée du doigt par les ONG et différentes enquêtes journalistiques, pour des refoulements illégaux et violents effectués à ses frontières maritimes et terrestres avec la Turquie.

Mais elle a toujours nié avoir recours à cette pratique contraire au droit international.

Fin septembre à la tribune des Nations unies, le président turc Recep Tayyip Erdogan a reproché à la Grèce de transformer la mer Egée en 'cimetière' avec sa 'politique répressive'.

Réagissant à l'incident dimanche, l'ONG Mare Liberum a estimé que 'dans la région de l'Evros, les crimes contre les droits de l'Homme sont systématiques et commis quotidiennement par la Turquie et la Grèce'.

'Lorsque ces crimes sont discutés publiquement par les membres des gouvernements, cela ne sert qu'à alimenter le conflit' entre ces deux pays, a-t-elle poursuivi.

/ATS