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Poutine n'impressionne pas le chef du Conseil des droits de l'homme

08.12.2022 11h12

Poutine n'impressionne pas le chef du Conseil des droits de l'homme

Le président russe Vladimir Poutine s'en est pris largement au Conseil des droits de l'homme de l'ONU établi à Genève (archives).

Photo: KEYSTONE/AP/Mikhail Metzel

Le président du Conseil des droits de l'homme de l'ONU Federico Villegas n'est pas impressionné par les critiques de Vladimir Poutine contre l'instance à Genève. 'Il n'y a rien de tel qu'une mauvaise publicité', a-t-il affirmé jeudi.

Mercredi, dans un discours, le président russe s'en était pris à des organes internationaux, dont le Conseil. Les membres de l'instance onusienne avaient lancé en octobre un mandat de rapporteur spécial sur les droits humains en Russie.

Ces organes 'ont commencé sans honte à montrer leur parti pris cynique', a fustigé M. Poutine, quelques mois après la suspension de son pays en raison de la guerre en Ukraine. Cette opinion montre que ce que fait le Conseil des droits de l'homme est important, a dit à la presse à Genève M. Villegas. Alors même que cette instance n'est que l'un des 153 organes subsidiaires de l'Assemblée générale de l'ONU et que son budget est limité.

Moscou s'est isolée de la scène internationale ces derniers mois. Une attitude contreproductive, selon l'ambassadeur argentin qui termine dans quelques semaines son mandat d'un an comme président du Conseil.

Il souhaite davantage de collaboration de la Russie. 'J'espère que le président Poutine réalise la grande chance qu'il a de donner son côté de l'histoire sur ce qui se passe sur le terrain et sur les violations présumées des droits humains', insiste-t-il.

Plus informel

En revanche, le Conseil peut encore relayer les accusations de citoyens russes sur les droits humains. Il est le dernier organe international à pouvoir le faire, ajoute M. Villegas.

Plus largement, il affirme avoir été cette année 'un capitaine d'un bateau confronté à un tsunami'. Avec la présence comme membres des cinq puissances permanentes du Conseil de sécurité de l'ONU, jamais l'organe n'avait été aussi polarisé. Son président souhaitait pourtant capitaliser sur ces grands pays pour rapprocher les questions de sécurité et celle des droits humains, une thématique chère à la Suisse.

Mais les discussions sur l'Ukraine, les violations chinoises au Xinjiang contre les Ouïghours ou sur la répression en Iran en ont voulu différemment. De quoi inquiéter le président. 'Nous ne pouvons pas laisser' le Conseil 'se paralyser' dans les prochaines années, met-il en garde.

Pour tenter de désamorcer ces tensions, il a organisé récemment une discussion informelle entre tous les membres. 'Pas de déclaration publique, pas de téléphone', précise-t-il, ajoutant que ce format devra être multiplié à l'avenir pour permettre des dialogues plus apaisés.

Avertissement pour Twitter

Et de déplorer que certains pays rejettent parfois des résolutions sur certains droits humains, seulement parce que celles-ci sont présentées par la Chine. Pourtant, ces mêmes Etats appliquent déjà l'objet de celles-ci dans leur législation.

De son côté, Pékin a tenté en vain récemment d'empêcher par un amendement le vote d'une mission d'établissement des faits sur l'Iran. Une manoeuvre inhabituelle qui a confronté ce pays à la 'réalité' du Conseil. 'Ici, vous devez convaincre les autres membres. Nous n'avons pas de droit de veto', dit-il, contrairement au Conseil de sécurité.

Selon le président, son instance avance sur des thématiques encore inédites pour les droits humains. Plusieurs résolutions ont été approuvées cette année sur des questions comme le changement climatique, les nouvelles technologies ou le cyberharcèlement. 'Nous n'avons pas le choix' que de discuter de ces situations, estime-t-il aussi.

Il faudra discuter selon lui des réseaux sociaux, dont le lien avec les droits humains ne peut être laissé au seul patron de Twitter, le milliardaire Elon Musk.'Je suis convaincu que c'est le lieu pour trouver une bonne ligne', insiste encore le diplomate.

/ATS