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Prof. Léo Bühler: «il faut attendre encore un ou deux mois pour être dans une zone de stabilité»

03.10.2023 19h12 Rédaction

Leo Bühler Leo Bühler

C’est une prouesse aux Etats-Unis à suivre de près: un coeur de porc a été transplanté chez un humain. C’est la deuxième tentative. Le Professeur Bühler décrypte cette avancée.

Deux semaines après la transplantation, les nouvelles sont bonnes selon le patient transplanté. «Mais c’est encore très tôt. (…) On espère au moins une année de survie pour que cela soit un succès», explique sur notre antenne le Professeur Léo Bühler, spécialiste de la transplantation et chirurgien aux cliniques des Grangettes et de la Colline. C’est la deuxième tentative de l’équipe de transplantation à Baltimore, après un premier échec. Le patient était décédé deux mois après l’opération.

Deux erreurs avaient mené à cet échec: la non-élimination d’un virus porcin, qui a enflammé le coeur. De plus, un concentré d’immunoglobulines a été administré au patient, «alors qu’il a été démontré qu’elles peuvent attaquer le coeur porcin et ont précipité le décès.» Dans le cas du deuxième patient transplanté, «il faut attendre encore un ou deux mois pour être dans une zone de stabilité», glisse le chirurgien.

Une solution contre les listes d'attente?

Mais pourquoi le choix du porc? La recherche sur ce sujet est menée depuis les années 80 et a mené vers le cochon. «Il y a différents types de cochons, donc on peut choisir l’espèce en fonction de la taille humaine. La physiologie est aussi semblable. Mais il a fallu modifier génétiquement cet animal et la race porcine permet une modification beaucoup plus facile que les primates.»  

Si cette expérience et les suivantes sont concluantes, cela permettra de régler la question des listes d’attente pour les dons d’organes. En effet, 20% des demandeurs décèdent avant d’être transplantés. «Utiliser les animaux à large échelle permettrait de greffer les patients, sans attendre, avec l’espoir de plus grand succès.» Dans un premier temps, ces coeurs pourraient fonctionner quelques années seulement. «L’espoir lointain, c’est que ces coeurs fonctionnent comme des organes humains, voire mieux, car les donneurs d’organes sont de plus en plus fragiles et âgés.»