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Retraites: rejet d'une deuxième demande de référendum

03.05.2023 19h11

Retraites: rejet d'une deuxième demande de référendum

La réforme des retraites a provoqué un important mouvement de contestation à travers la Frace (archives).

Photo: KEYSTONE/EPA/CHRISTOPHE PETIT TESSON

Le Conseil constitutionnel français a rejeté mercredi une deuxième demande de référendum sur les retraites déposée par la gauche. Il a sans surprise jugé que la proposition de référendum d'initiative partagée (RIP) ne remplissait pas les critères requis.

Les Sages ont notamment estimé que la demande de référendum 'ne porte pas (...) sur une réforme relative à la politique sociale', ce qui est le principal point qu'il devait vérifier.

Les partis de gauche réunis au sein de l'alliance Nupes ont déploré dans un communiqué commun une décision qui empêche de 'donner directement la parole aux Françaises et aux Français'. 'Après un 1er-Mai historique, nous continuons la bataille, unis et déterminés'.

Rendez-vous en juin

Pour eux, l'un des derniers espoirs passe par l'Assemblée nationale qui, le 8 juin, examinera une proposition de loi du petit groupe Liot (Libertés, Indépendants, Outre-mer et territoires) visant à abroger cette réforme qui recule l'âge légal de départ en retraite de 62 à 64 ans.

Le texte inquiète le camp présidentiel, car il a le soutien de la plupart des groupes d'opposition. Le député Aurélien Pradié, en pointe dans la contestation de la réforme chez Les Républicains (LR), a indiqué mercredi qu'il le voterait, 'par cohérence'. Son groupe politique, très divisé, détiendra une fois de plus la clé du scrutin.

Une adoption par l'Assemblée nationale ne serait que le début d'un parcours parlementaire, mais la gauche prévoit de demander en pareil cas la suspension de la réforme.

Le groupe RN emmené par Marine Le Pen a aussi déposé mercredi sa propre proposition de loi pour 'empêcher la retraite à 64 ans', un texte qui servira aux députés d'extrême droite de point d'appui pour le 8 juin. Les syndicats ont donné rendez-vous le 6 juin pour une nouvelle journée d'action, afin de 'se faire entendre' des députés en amont.

Rassemblements de protestation

Des actions de protestation ont été organisées mercredi après la nouvelle décision du Conseil constitutionnel. Quelques dizaines de personnes étaient rassemblées à proximité de la rue de Montpensier, où siègent les Sages.

'On est là pour protester contre le déni démocratique qui a marqué l'ensemble du circuit de cette 'contre-réforme' des retraites', a déclaré à l'AFP Nicolas Bouchouicha, cheminot CGT.

Le préfet de police de Paris a publié un arrêté pour interdire à partir de 17h00 et jusqu'à 2h00 dans la nuit tout rassemblement non déclaré ainsi que le port et le transport de feux d'artifices dans un large périmètre autour du Conseil constitutionnel.

Des rassemblements ont également eu lieu à Rennes et à Nantes, deux villes à la pointe de la contestation. 'On n'attend rien du Conseil constitutionnel, ils ont déjà montré ce qu'ils représentaient, c'est-à-dire les intérêts du patronat et les intérêts du pouvoir', s'insurgeait Fabrice Lerestif, secrétaire départemental FO en Ille-et-Vilaine.

'Le gouvernement prend acte de la décision', s'est contenté de réagir Matignon. Le 'chemin démocratique' de cette réforme est terminé, avait encore affirmé mardi la Première ministre Élisabeth Borne, qui a fixé avec le président Emmanuel Macron une nouvelle feuille de route et veut continuer d''agir'.

Le deuxième RIP avait été initié le 13 avril à la veille de la décision très attendue du Conseil constitutionnel qui, sous la houlette de Laurent Fabius, avait validé l'essentiel de la réforme des retraites. Il avait parallèlement rejeté une première demande de RIP.

Procédure complexe

La loi avait été promulguée dans la foulée par M. Macron, mais la bataille s'est poursuivie. Toujours unie après 12 journées de mobilisations, l'intersyndicale a organisé un 1er-Mai 'combatif' qui a rassemblé 800'000 personnes selon la police et 2,3 millions selon la CGT, mais a été marqué par des violences.

Dans le détail du RIP version 2, les parlementaires voulaient par une consultation populaire 'interdire un âge légal de départ à la retraite supérieur à 62 ans', soit ce qu'ils avaient proposé dans la première demande retoquée par les gardiens de la Constitution.

Pour accroître leurs chances de succès, ils avaient complété leur proposition en prévoyant de demander également par référendum une 'contribution significative des revenus du capital' au financement des retraites.

Si d'aventure le RIP avait été validé, la course d'obstacles n'aurait fait que commencer, avec le recueil nécessaire de 4,8 millions de soutiens citoyens en neuf mois. D'autres étapes d'une procédure extrêmement complexe auraient suivi, avant un éventuel référendum.

/ATS