Signes d'une trêve à Gaza en vue, les combats continuent
Deux soeurs palestiniennes passent devant une maison détruite à Khan Younès. La deuxième ville de la bande de Gaza, au coeur des combats, a été transformée en champ de ruines.
Photo: KEYSTONE/EPA/MOHAMMED SABERDes milliers de Palestiniens ont continué de fuir à pied ou entassés sur des charrettes les combats meurtriers entre l'armée israélienne et le Hamas vendredi dans la bande de Gaza. Le médiateur qatari, lui, a fait état de signes en vue d'une nouvelle trêve.
Alors que les violences liées à la guerre entre le Hamas et Israël s'intensifient, l'armée américaine a mené des frappes en Syrie en riposte à une attaque meurtrière contre ses soldats en Jordanie, et les rebelles Houthis au Yémen ont revendiqué un tir de missile contre Israël qui a été intercepté.
Dans la bande de Gaza, le ministère de la Santé du mouvement islamiste Hamas a annoncé 112 morts en 24 heures à travers le territoire palestinien, assiégé par Israël et en grande partie détruite après presque quatre mois de guerre.
Des raids israéliens, selon des témoins, ont visé surtout Khan Younès, la deuxième ville du territoire palestinien transformée en champ de ruines et désormais l'épicentre de la bataille. Sous la pluie, des milliers d'habitants ont continué de fuir les bombardements israéliens et les combats en voiture, à pied, à vélo ou sur des charrettes tirées par des ânes.
Plus de 1,3 million des quelque 2,4 millions habitants du territoire surpeuplé de 362 km2 sont à présent réfugiés à Rafah, à quelques kilomètres au sud de Khan Younès, coincés contre la frontière fermée avec l'Egypte, menacés en plein hiver par la famine et les épidémies, selon l'ONU.
Tractations sur une trêve
La guerre a été déclenchée par une attaque sans précédent menée par des commandos du Hamas venant de la bande de Gaza voisine sur le sol israélien, qui a tué plus de 1160 personnes, en majorité des civils, selon un décompte de l'AFP à partir de données officielles israéliennes. Sur les quelque 250 otages retenus à Gaza, 132 sont toujours aux mains du Hamas, dont 27 ont été déclarés morts par l'armée israélienne.
Du côté palestinien, 27'131 personnes sont mortes dans la riposte israélienne à Gaza, en grande majorité des civils, selon le ministère de la Santé du mouvement palestinien.
Alors que la guerre ne connaît aucun répit, la diplomatie tente de négocier une seconde trêve, plus longue que celle d'une semaine qui avait permis fin novembre la libération d'une centaine d'otages israéliens en échange de Palestiniens emprisonnés par Israël.
Le chef du Hamas, Ismaïl Haniyeh, installé au Qatar, est attendu en Egypte pour discuter d'une proposition élaborée lors d'une réunion fin janvier à Paris entre le chef de la CIA, William Burns, et des responsables égyptiens, israéliens et qataris.
Selon une source du Hamas, la proposition porte sur trois phases, dont la première prévoit une trêve de six semaines durant laquelle Israël devra libérer 200 à 300 prisonniers palestiniens en échange de 35 à 40 otages détenus à Gaza, et 200 à 300 camions d'aide pourront entrer chaque jour dans le territoire.
Cette proposition a été 'approuvée par la partie israélienne', a déclaré jeudi le porte-parole de la diplomatie du Qatar, Majed al-Ansari. 'Nous avons maintenant une première confirmation positive du Hamas', a-t-il ajouté, disant espérer que 'dans les deux prochaines semaines, nous serons en mesure de partager de bonnes nouvelles'.
Mais une source proche du Hamas à Gaza, considéré comme une organisation terroriste par les Etats-Unis et l'Union européenne, a nié, disant à l'AFP que la déclaration du Qatar était 'précipitée et fausse'.
Blinken au Moyen-Orient
M. Haniyeh et Ziad al-Nakhala, le chef du Jihad islamique, un autre mouvement armé qui combat au côté du Hamas, ont aussi discuté de cette proposition, selon un communiqué du bureau de M. Haniyeh. Ils ont réaffirmé que 'toute négociation devrait aboutir à l'arrêt de l'agression (israélienne, ndlr)' et au retrait israélien de Gaza notamment.
Même si le Premier ministre Benjamin Netanyahu est sous forte pression, Israël continue d'affirmer qu'il ne mettra fin à son offensive à Gaza qu'une fois le mouvement islamiste éliminé, les otages libérés et après avoir reçu des garanties sur la sécurité future de son territoire.
Lors de sa nouvelle tournée au Moyen-Orient qui le conduira au Qatar, en Egypte, en Israël, en Cisjordanie occupée et en Arabie saoudite, le secrétaire d'Etat américain Antony Blinken qui quittera dimanche Washington va faire pression pour la libération d'otages en échange d'une 'pause humanitaire', selon le département d'Etat. Son homologue français Stéphane Séjourné se rend au Moyen-Orient de samedi à mardi.
La tournée de M. Blinken a été précédée de frappes américaines en Syrie en représailles à la mort de trois militaires américains dimanche en Jordanie dans une attaque attribuée par Washington à des groupes pro-Iran, ont annoncé des médias américains. D'après une ONG syrienne, six combattants pro-Iran ont été tués dans l'est de la Syrie dans des frappes 'probablement américaines'.
Au Yémen, les Houthis, soutenus par l'Iran, qui disent agir 'en solidarité' avec les Palestiniens à Gaza, ont indiqué avoir tiré des missiles en direction d'Israël. L'armée israélienne a indiqué avoir intercepté un missile 'qui s'approchait du territoire israélien dans la zone de la mer Rouge'.
/ATS