International

Soudan: l'ONU cible plusieurs violations du droit international

05.11.2021 13h03

Soudan: un expert de l'ONU va surveiller la situation

Photo: KEYSTONE/MARTIAL TREZZINI

Un expert de l'ONU va surveiller la situation au Soudan jusqu'à ce qu'un gouvernement civil soit rétabli. Le Conseil des droits de l'homme a chargé vendredi à Genève la Haute commissaire Michelle Bachelet de le désigner et a condamné fermement le coup d'Etat.

Dans une résolution approuvée par consensus lors d'une session spéciale, les Etats membres ont renoncé à nommer pour un an un rapporteur spécial comme prévu dans un premier projet. Avec l'aide de cet expert sur les droits humains qu'elle désignera, Mme Bachelet doit rendre un rapport en juin prochain devant l'instance onusienne.

Le Conseil des droits de l'homme condamne 'le plus fermement possible' le coup d'Etat du 25 octobre du général Abdel Fattah al-Burhane. Comme le Conseil de sécurité avant lui, il demande le rétablissement immédiat du gouvernement civil. Mais il ne mentionne plus, contrairement au premier projet, le retour du Premier ministre Abdallah Hamdok, dont il dénonce toutefois le maintien en résidence surveillée.

Comme la Suisse, la Haute commissaire, le Conseil de sécurité ou encore le secrétaire général Antonio Guterres avant lui, l'instance onusienne appelle encore à la libération 'immédiate' et sans conditions des détenus arrêtés depuis le coup d'Etat du 25 octobre. Une condition pour un 'retour rapide à un régime civil', a encore affirmé Mme Bachelet, qui redoute que l'accord de paix de Juba ne soit remis en cause.

Appel suisse à l'armée

Jeudi, l'armée a annoncé relâcher quatre ministres du gouvernement provisoire. Mais M. Hamdok reste en résidence surveillée. Parmi d'autres requêtes, l'ambassadeur suisse auprès de l'ONU à Genève Jürg Lauber a également demandé aux putschistes d'honorer les obligations internationales de leur pays et de rétablir Internet.

Il y a un an, le Conseil des droits de l'homme avait décidé de mettre un terme au mandat de l'expert indépendant sur le Soudan, au terme de nombreuses années de surveillance de ce pays. Cette situation avait été rendue possible par la révolte d'il y a deux ans, qui a abouti à un gouvernement civil provisoire.

Devant le Conseil, Mme Bachelet a également qualifié de 'très inquiétant' le putsch militaire. Celui-ci 'contrevient aux droits humains', à la Constitution et aux autres accords provisoires validés après la révolte, a-t-elle affirmé.

Au moins 13 victimes

La Haute commissaire demande de mettre un terme au recours excessif à la force de la part des militaires et d'autres forces de sécurité. Depuis le 25 octobre, au moins 13 personnes ont été tuées et plusieurs centaines blessées, selon des sources médicales. Les responsables doivent être poursuivis, a insisté Mme Bachelet, qui dénonce aussi des violences contre les femmes.

Lundi, l'ambassadeur britannique Simon Manley avait demandé l'organisation de la session spéciale dans une lettre à la présidente du Conseil. Cette requête a été appuyée par des dizaines d'Etats, dont la Suisse.

Le général al-Burhane avait déclaré le 25 octobre l'état d'urgence et dissous les institutions. Il était depuis mai 2019 à la tête du Conseil provisoire qui aurait dû remettre le pouvoir aux civils dans deux semaines, avant des élections dans trois ans.

/ATS