International

Tête-à-tête avec le pape pour Joe Biden

29.10.2021 14h08

G20: Joe Biden s'entretient avec le pape puis Emmanuel Macron

Photo: KEYSTONE/AP/Evan Vucci

Joe Biden a profité de sa venue à Rome pour le G20 pour s'entretenir vendredi avec le pape, et se réconcilier avec la France après la brouille provoquée par la crise des sous-marins australiens.

'Ce que nous avons fait était maladroit et n'a pas été fait avec beaucoup d'élégance', a déclaré à ce propos le président américain, l'acte de contrition le plus clair à ce jour de la part des Américains.

Celui-ci a assuré à Emmanuel Macron, dans une déclaration un peu étonnante: 'J'avais l'impression que la France avait été informée très en amont que le contrat (de sous-marins qu'elle avait avec l'Australie) ne se ferait pas. Devant Dieu, je vous assure que je ne savais pas que vous ne l'aviez pas été.'

Au terme d'un tête-à-tête d'une heure et demie, le président américain a ajouté que la France était à ses yeux 'un partenaire d'une extrême valeur', en s'adressant aux journalistes auprès de son homologue français, qui le recevait à la Villa Bonaparte, ambassade de France auprès du Vatican.

Le président français s'est lui réjoui devant son homologue des 'décisions concrètes' annoncées ou prises depuis le début de la crise, à la mi-septembre, qui 'amorcent un processus de confiance'. 'Nous avons clarifié ce que nous avions à clarifier', a-t-il encore dit.

Dans les attentes françaises, il y a en particulier un soutien clair des Américains à propos du projet de véritable défense européenne commune, cher à Paris, à l'heure où les Etats-Unis ont clairement fait de la rivalité avec la Chine la ligne de force de leur diplomatie. 'La confiance c'est comme l'amour, les déclarations c'est bien, les preuves c'est mieux', a dit Emmanuel Macron.

Signal américain

Sur ce thème particulièrement cher aux Français, qui cherchent depuis des années une bénédiction de Washington à leurs efforts de constitution d'une défense européenne, 'les Etats-Unis reconnaissent l'importance d'une défense européenne plus forte et plus opérationnelle', et 'complémentaire avec l'Otan', est-il écrit dans un communiqué commun.

Désormais 'c'est l'avenir qu'il faut regarder', a encore déclaré M.Macron, plus mesuré dans ses gestes et son ton que le président américain. France et Etats-Unis s'engageront ainsi dans un 'partenariat bilatéral sur l'énergie propre' d'ici la fin de cette année, dot encore le communiqué commun parmi toute une série de projets.

Washington dit aussi avoir ' engagé des ressources supplémentaires au Sahel pour soutenir les efforts de lutte contre le terrorisme menés par la France et les autres Etats européens'. Saluant les premières mesures concrètes mises en oeuvre sur le terrain par les Etats-Unis, Paris demandait justement plus de soutien aux interventions militaires contre les djihadistes au Sahel.

Consolider les alliances

Avant le président français, Joe Biden, soucieux de consolider les alliances européennes des Etats-Unis malmenées pendant la présidence Trump, a vu à Rome Mario Draghi, chef du gouvernement italien, considéré par certains commentateurs comme un nouvel homme fort sur la scène politique européenne.

Ces rencontres font office de lever de rideau avant le sommet du G20 sous présidence italienne, qui se tient samedi et dimanche, suivi de la grande réunion COP26 sur le climat, à Glasgow. En l'absence des présidents chinois et Russe, Joe Biden entend bien donner le ton.

Même fragilisé par ses difficultés à faire voter chez lui de gigantesques dépenses publiques, et par le retrait chaotique d'Afghanistan, il assure à qui veut l'entendre que 'l'Amérique est de retour' pour mener la grande offensive des démocraties face aux régimes autoritaires.

Au Vatican

Avant d'entamer cette série d'entretiens, Joe Biden a rendu visite au pape, pour la quatrième fois, la première depuis qu'il est à la Maison blanche. Le tête-à-tête, auquel la presse n'a eu aucun accès, a duré plus d'une heure selon le Vatican et la Maison Blanche. Sur des images enregistrées par le Vatican, beaucoup de sourires, de longues poignées de main et un Joe Biden ému.

'Vous êtes le soldat de la paix le plus important que j'aie jamais rencontré' et 'mon fils aurait voulu que je vous donne cela', dit le président, catholique fervent, en remettant au pape un petit médaillon. Le médaillon rappelle un régiment dans lequel Beau Biden, décédé en 2015 d'un cancer, a servi.

Joe Biden a 'remercié sa sainteté pour son engagement en faveur des pauvres, des personnes souffrant de la faim, de la guerre et de persécutions', et a 'rendu hommage' au pape pour ses appels à lutter contre le changement climatique et la pandémie, selon un compte-rendu de la Maison Blanche.

Selon le Vatican, la conversation a aussi porté sur les migrants ainsi que sur 'la protection des droits humains, y compris la liberté de religion et de conscience.' Pas un mot, au moins officiellement, sur un sujet contentieux: le droit à l'avortement, dont Joe Biden est partisan tandis que le pape n'a pas de mots assez virulents pour condamner les interruptions volontaires de grossesse.

/ATS