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Trump en route pour sa comparution pénale historique à New York

03.04.2023 21h42

Trump arrive  à New York pour sa comparution pénale historique

A Palm Beach, tout au long de son parcours entre sa résidence et l'aéroport, Donald Trump a reçu le soutien de ses supporters.

Photo: KEYSTONE/EPA/CRISTOBAL HERRERA-ULASHKEVICH

Donald Trump est arrivé lundi à New York où un tribunal doit lui signifier mardi son inculpation dans une affaire de fraude liée à un versement d'argent à une star du porno. Une mise en cause pénale historique contre un ex-président des Etats-Unis.

C'est un événement d'autant plus extraordinaire que le milliardaire républicain de 76 ans, qui a quitté la Maison Blanche dans le bruit et la fureur en janvier 2021, s'est relancé dans la course à l'investiture républicaine pour reconquérir la présidence en novembre 2024.

Son Boeing 757 privé, frappé de son nom, s'est posé vers 21h25 (heures suisses) à l'aéroport new-yorkais de LaGuardia.

Juste avant de quitter son manoir de Mar-a-Lago en Floride, Donald Trump a écrit en majuscules sur son réseau social Truth Social qu'il se rendait à New York pour 'rendre sa grandeur à l'Amérique' et qu'il était victime d'une 'chasse aux sorcières au moment où (son) grand pays sombre en enfer'.

A New York, les abords de la Trump Tower où l'homme d'affaires va séjourner 36 heures, sont sous haute sécurité depuis des jours, même si n'y défile qu'une poignée de manifestants pro et anti-Trump.

'Notre prochain président'

Sur la route de l'aéroport, quelques sympathisants anonymes agitant des drapeaux l'ont défendu comme un dirigeant 'fort (qui) sera (leur) prochain président'.

Pour l'instant, l'ancien locataire de la Maison Blanche (2017-2021) - qui rêve d'y retourner en janvier 2025 - se prépare à la 'bataille' judiciaire de New York, selon un de ses avocats.

Fait sans précédent, l'ancien chef d'Etat populiste, qui a bouleversé le système politique, la société et l'équilibre des pouvoirs aux Etats-Unis, a été inculpé au pénal le 30 mars par le procureur de Manhattan Alvin Bragg.

Après cinq ans d'enquête de la justice de l'Etat de New York.

Donald Trump jure qu'il est 'innocent' et son avocat Joseph Tacopina a estimé dimanche que mardi serait 'le jour où l'Etat de droit mourrait aux Etats-Unis'.

Le magnat de l'immobilier, né à New York et où il a prospéré grâce à sa fortune et son empire, doit se voir signifier mardi à partir de 14h15 (20h15 suisses) des poursuites pénales: elles n'ont pas été rendues publiques mais seraient au nombre de 30 et tourneraient autour de la dissimulation comptable du remboursement d'un paiement de 130'000 dollars fin 2016 à l'actrice de films X Stormy Daniels.

Cette convocation, au rituel inédit pour un ancien chef d'Etat, devrait voir M. Trump décliner son nom, âge, profession, se soumettre à un relevé d'empreintes digitales et être pris en photo, comme tout prévenu.

D'après M. Tacopina, il ne sera pas menotté mais pourrait avoir à traverser des couloirs du palais de justice de Manhattan, en présence de médias, dans une pagaille forcément indescriptible.

Sa sécurité sera assurée par le Secret service, la police d'élite qui protège les hauts dignitaires américains.

'Non coupable'

Devant le juge, 'le président plaidera non coupable' car 'il n'y aucun délit' pénal selon sa défense. Donald Trump devrait ensuite être laissé en liberté, peut-être sous conditions, en attendant l'organisation de son procès.

Surpris et déstabilisé d'être poursuivi dans sa ville natale acquise aux démocrates, l'homme d'affaires s'était plaint vendredi sur Truth Social de ne pas pouvoir bénéficier d'un 'procès équitable à New York'.

Dans ce quartier du palais de justice, dans le sud de Manhattan, sous très haute sécurité et alors que la police s'est déclarée 'en alerte' depuis vendredi, des partisans dont l'élue républicaine d'extrême droite Marjorie Taylor Greene, ont prévu de manifester.

Mais le maire de New York Eric Adams, un ancien policier, a mis en garde lundi les potentiels 'fauteurs de troubles' en les sommant de se 'maîtriser'.

Donald Trump qui, avec ses sympathisants, accuse depuis deux ans et demi Joe Biden d'avoir 'triché' et avoir 'volé' la victoire à la présidentielle de novembre 2020, a prévu de s'exprimer mardi à 20h15 (02h15 suisses mercredi) de retour chez lui en Floride.

Un dossier parmi d'autres

L'affaire qui revient tourmenter Donald Trump remonte à octobre 2016, juste avant son élection surprise à la tête de la première puissance mondiale.

Son avocat personnel, Michael Cohen, qui s'est retourné contre lui, avait à l'époque versé 130'000 dollars à l'actrice de films pornographiques Stormy Daniels, de son vrai nom Stephanie Clifford, pour acheter son silence. La star du X assure qu'elle a eu une relation sexuelle avec Donald Trump. Ce que l'intéressé nie.

Le magnat a reconnu qu'il avait remboursé Michael Cohen, mais assure que la transaction n'avait rien d'illégal.

Si l'accord passé avec Stormy Daniels était bien autorisé, il pourrait toutefois correspondre à une dépense de campagne. Or la somme n'apparaît pas dans les comptes du candidat et a, au contraire, été inscrite comme 'frais juridiques' dans les documents de son entreprise.

L'enquête 'Stormy Daniels' n'est que l'une des nombreuses qui menacent Donald Trump.

La justice fédérale a ouvert des investigations sur son rôle dans l'attaque du Capitole, le 6 janvier 2021, et sur sa gestion des archives présidentielles après son départ de la Maison Blanche. Une procureure de l'Etat de Géorgie s'intéresse aussi à des pressions exercées sur des responsables électoraux pour contester sa défaite à la présidentielle de 2020.

/ATS