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Trump et Biden chauffent leurs troupes

07.11.2022 22h25

Trump et Biden chauffent leurs troupes

Donald Trump était dimanche à Miami en Floride pour soutenir le sénateur républicain Marco Rubio (archives).

Photo: KEYSTONE/AP/Rebecca Blackwell

Joe Biden et Donald Trump, qui jouent chacun leur avenir politique, et une Amérique qui s'apprête à éprouver à nouveau la solidité de sa démocratie: la course pour les cruciales élections législatives de mi-mandat était lundi dans sa dernière ligne droite.

L'actuel et l'ancien présidents doivent s'affronter par meetings interposés, en conclusion d'une campagne qui a exposé crûment les divisions de la première puissance mondiale.

Dans un climat tendu, avec des candidats républicains qui menacent de ne pas reconnaître une éventuelle défaite, la Russie a soufflé sur les braises.

'Nous nous sommes ingérés, nous le faisons et nous allons continuer de le faire. Avec précaution, précision, de façon chirurgicale, d'une manière qui nous est propre', a déclaré lundi un homme d'affaires russe proche du Kremlin, Evguéni Prigojine.

Elon Musk, qui vient de prendre le contrôle de Twitter, s'est invité avec fracas dans ces dernières heures de campagne en appelant à voter républicain: 'Le partage du pouvoir limite les pires excès, donc je recommande de voter pour un Congrès républicain, étant donné que la présidence est démocrate.'

'Quatre ans de plus!'

Ce n'est pas sur Twitter, dont il est toujours exclu, que Donald Trump fait monter le suspense sur une candidature à la présidentielle de 2024.

Le milliardaire sera lundi en meeting dans l'Ohio, un Etat industriel du Midwest emblématique des inquiétudes de l'Amérique qu'il a su séduire. Dimanche, sous les cris 'Quatre ans de plus!' de ses partisans, il les a invités avec insistance à 'rester branchés' pour ce rendez-vous de lundi.

Les Américains sont appelés aux urnes mardi pour renouveler l'ensemble de la Chambre des représentants et un tiers du Sénat. Toute une série de postes d'élus locaux majeurs sont également en jeu.

Les républicains se montrent de plus en plus confiants dans leurs chances de renverser entièrement le Congrès. C'est-à-dire non seulement de prendre la Chambre des représentants, ce qui est le scénario classique aux 'midterms', mais aussi d'arracher à Joe Biden son mince contrôle du Sénat. Le parti rêve désormais ouvertement d'une 'vague rouge' -- la couleur des conservateurs.

Kevin McCarthy, possible futur patron républicain de la Chambre des représentants, a déjà envisagé lundi sur CNN de vastes enquêtes sur le bilan de Joe Biden, allant du retrait d'Afghanistan à la gestion de la pandémie de Covid-19. Voire des procédures de destitution.

'Un choix'

Les 'midterms' se convertissent de fait en référendum sur l'occupant de la Maison Blanche, qui échappe très rarement au vote sanction. Joe Biden devrait à nouveau répéter lundi pour son dernier meeting, dans l'Etat du Maryland, que cette élection n'est pas un référendum sur son action mais 'un choix', en particulier sur le droit à l'avortement et la démocratie.

Face à l'efficacité d'une campagne républicaine centrée sur l'inflation galopante, les démocrates ont tenté d'insister davantage ces derniers jours sur les réformes lancées par Joe Biden pour faire baisser le prix des médicaments, relancer l'emploi industriel... Mais les Américains n'en sentiront pas les effets avant des années.

'Je ferai ce qu'il faut pour faire baisser l'inflation', a tweeté M. Biden, en accusant le camp d'en face d'être à la solde des grandes entreprises.

Le président, au travers par exemple d'un entretien avec le très respecté pasteur Al Sharpton, a aussi fait un effort de dernière minute pour remobiliser l'électorat afro-américain, qui avait joué un rôle décisif dans sa victoire dans la course à la Maison Blanche mais qui s'estime négligé depuis, à en croire de nombreux activistes.

Poignée d'Etats clés

Donald Trump, lui, s'est jeté à corps perdu dans la campagne, donnant à ces 'midterms' l'allure d'une deuxième manche du match de 2020. Voire d'un tour de chauffe avant 2024? Joe Biden dit jusqu'ici avoir l'intention de se représenter, mais la perspective n'enchante pas tous les démocrates, en raison de son âge - bientôt 80 ans - et de son impopularité.

Le scrutin, et en particulier le contrôle du Sénat, se joue dans une poignée d'Etats clés: la Pennsylvanie, la Géorgie, l'Arizona, le Nevada, le Wisconsin et la Caroline du Nord.

Le ministère de la Justice a indiqué qu'il allait déployer des observateurs dans 24 Etats pour suivre le processus et guetter d'éventuelles irrégularités, une mesure de routine mais qui intervient alors que les tensions montent déjà autour du scrutin.

Au total, près de 17 milliards de dollars auront été dépensés pour ces élections de mi-mandat, selon le site Opensecrets, un record. En hausse aussi, le vote anticipé: lundi, plus de 42 millions d'Américains avaient déjà voté à l'avance, surpassant le niveau des législatives de 2018, selon le US Elections Project.

/ATS