Trump étrille Macron au sommet du G7
Donald Trump (à g.) n'a pas été tendre avec Emmanuel Macron. (Archive)
Photo: KEYSTONE/AP/Aurelien MorissardUn 'chic type' mais qui 'ne comprend jamais rien': la foudre trumpienne s'est abattue sur Emmanuel Macron au sommet du G7 au Canada, jetant un froid sur la relation privilégiée que le président français cultive avec son homologue américain.
Le chef de l'Etat français a relativisé de son côté l'affaire, la qualifiant de 'péripétie'. 'Ca ne m'émeut pas parce que je connais', a-t-il dit mardi en assurant qu'il en verrait 'd'autres'.
Donald Trump, visiblement agacé de voir Emmanuel Macron parler pour lui de ses projets de règlement du conflit entre Israël et l'Iran, lui a décoché un de ces camouflets dont il a le secret.
'Volontairement ou pas, Emmanuel ne comprend jamais rien', l'a-t-il taclé lundi, après une journée de discussions entre dirigeants du G7, lui reprochant d'avoir voulu 'se faire de la publicité' en parlant de discussions en vue d'un 'cessez-le-feu'.
'Cela n'a certainement rien à voir avec un cessez-le-feu. C'est beaucoup plus gros que ça', a-t-il tempêté sur sa plateforme Truth Social en quittant un jour plus tôt que prévu le sommet qui s'est achevé mardi à Kananaskis.
Le président français, interrogé sur l'implication américaine dans le conflit, avait affirmé devant la presse: 'Il y a une offre qui a été faite de rencontre et d'échanges, d'avoir un cessez-le-feu et d'enclencher des discussions plus larges.'
'Le fait que le président Trump s'engage personnellement dans les prochaines heures à obtenir un cessez-le-feu entre Israël et l'Iran est une très bonne chose', avait-il ajouté, en le jugeant seul capable de faire bouger les lignes, notamment face au Premier ministre israélien Benjamin Netanyahu.
Coutumier du fait
Le président français a alors mis en garde contre la tentation pour Israël de viser aussi, à travers son opération militaire engagée vendredi contre l'Iran, un renversement du pouvoir à Téhéran.
'Tous ceux qui croient qu'en frappant avec des bombes depuis l'extérieur on sauve un pays malgré lui-même et contre lui-même se sont toujours trompés', a-t-il asséné, en référence notamment à l'invasion de l'Irak par les Américains en 2003.
Une déclaration susceptible d'avoir irrité Donald Trump qui avait lui-même agité le spectre, durant son premier mandat, d'un changement de pouvoir à Téhéran, déjà à cause des suspicions autour du programme nucléaire iranien.
Dimanche, Emmanuel Macron n'avait déjà pas mâché ses mots contre son homologue américain en dénonçant ses visées expansionnistes au Groenland.
Coutumier du fait, Donald Trump avait déjà publiquement humilié le président ukrainien Volodymyr Zelensky en février à la Maison Blanche, alors que ce dernier venait lui demander un soutien plus actif pour combattre la Russie de Vladimir Poutine.
Et il ne l'a pas mieux traité à Kananaskis en quittant le sommet sans le rencontrer, avant une session dédiée à l'Ukraine mardi.
'Difficile' pour tous'
Emmanuel Macron et Donald Trump, qui avaient cassé les codes, chacun à leur manière, pour arriver aux affaires en 2017, avaient alors noué une relation particulière, entre séduction et rapport de forces, à coup de poignées de main viriles.
Mais l'Américain n'avait pas tardé ensuite à lui décocher des piques, comme à d'autres dirigeants, dénonçant en 2019 'la stupidité de Macron' au sujet de la taxe française sur les géants du numérique et lui reprochant déjà de parler à sa place sur l'Iran.
Le président français, un des rares dirigeants à connaître Donald Trump depuis son premier mandat, a renoué un lien privilégié avec lui après sa réélection en novembre.
Il l'a invité en grande pompe pour la réouverture de la cathédrale Notre-Dame en décembre à Paris et se targue de l'avoir deux à trois fois par semaine en ligne directe.
'Macron a l'expérience de la bonne attitude à avoir, du bon niveau de proximité (...) Ce n'est pas sûr que ça marche avec Donald Trump. Ce sera difficile pour n'importe qui', résumait en février Célia Belin, spécialiste des Etats-Unis au Conseil européen des relations étrangères (ECFR) à Paris.
Le président français s'était rendu alors à Washington pour tenter de le faire 'dévier du scénario du pire', une alliance avec le président russe Vladimir Poutine et une capitulation de l'Ukraine. Quatre mois plus tard, la stratégie de Donald Trump sur l'Ukraine est toujours aussi ambiguë.
'L'une de ses attitudes préférées, c'est l'insulte à tous ses collègues. Il les humilie, les méprise, et le fait publiquement. C'est un comportement inacceptable', a pointé l'ancien président de la Commission des Affaires étrangères de l'Assemblée nationale, Jean-Louis Bourlanges, sur la chaîne Public Sénat.
/ATS