Violences urbaines: 322 interpellations à 01h30 en France
La première ministre Elisabeth Borne, le ministre de l'intérieur Gérald Darmanin et la présidente de la région Ile-de-France Valérie Pécresse (de droite à gauche) se sont rendus dimanche à L'Haÿ-les-Roses.
Photo: KEYSTONE/EPA/CHARLY TRIBALLEAU / POOLLa France était sous le choc dimanche après une attaque à la voiture-bélier contre le domicile d'un maire, lors d'une cinquième nuit de violences. Le niveau de violence était toutefois en relatif reflux depuis 48 heures.
Signe de la gravité de la crise vécue dans tout le pays depuis la mort mardi de Nahel, un adolescent de 17 ans tué par un policier, un point de la situation était prévu dimanche à 19h30 autour du président Emmanuel Macron, a annoncé l'Elysée.
La grand-mère de Nahel a de son côté lancé un appel au calme aux émeutiers, au lendemain de l'inhumation de l'adolescent à Nanterre, près de Paris. 'Arrêtez, ne cassez pas', a-t-elle demandé sur BFMTV. 'Qu'ils ne cassent pas les vitrines, qu'ils ne cassent pas les écoles, pas les bus. C'est des mamans qui prennent les bus'.
Domicile attaqué
Au cours de cette cinquième nuit de violences urbaines, des émeutiers ont défoncé le portail du domicile du maire de L'Haÿ les Roses, dans la périphérie sud de Paris, à l'aide d'une voiture préalablement incendiée, selon un procureur chargé de l'enquête ouverte pour 'tentative d'assassinat'.
L'élu de droite était absent, mais sa femme et l'un de ses deux jeunes enfants ont été blessés en fuyant la maison, a-t-il rapporté. A l'unisson de la classe politique unanime, la Première ministre Elisabeth Borne s'est élevée contre des 'faits intolérables'. Le gouvernement ne 'laissera passer aucune violence', a-t-elle assuré sur place, promettant 'la plus grande fermeté' dans les sanctions.
Le président de l'Association des maires de France (AMF), David Lisnard, a appelé les élus et les citoyens à se rassembler lundi à 12h00 devant les mairies de tout le pays, dans un contexte de recrudescence des attaques contre des élus. Il a fait état auprès de l'AFP de '150 mairies ou bâtiments municipaux attaqués depuis mardi'.
45'000 policiers
Au total, le ministère de l'Intérieur a recensé dix commissariats, dix casernes de gendarmerie et de six postes de police municipale visés dans la nuit de samedi à dimanche. Sept cent dix-neuf personnes ont été interpelées, notamment pour port d'objets susceptibles de servir d'armes ou de projectiles.
La nuit a été 'plus calme grâce à l'action résolue des forces de l'ordre', selon le ministre de l'Intérieur Gérald Darmanin, qui avait reconduit pour la deuxième nuit consécutive un dispositif de 45'000 policiers et gendarmes.
Parmi eux 7000 étaient déployés à Paris et en proche périphérie, outre des renforts conséquents à Marseille et Lyon, les principales agglomérations touchées la veille par les heurts, destructions ou pillages. Un total de 577 véhicules et 74 bâtiments ont néanmoins été incendiés, et 45 policiers et gendarmes ont été blessés, selon le ministère de l'Intérieur.
Un policier, visé par un tir d'arme à feu, a lui été protégé par son gilet pare-balles à Nîmes dans la nuit de vendredi à samedi au cours de laquelle les forces de l'ordre avaient effectué plus de 1300 interpellations, un record depuis mardi.
Couvre-feu
Pour tenter d'enrayer la spirale de violence, de nombreuses communes françaises ont instauré un couvre-feu et les réseaux de transport en commun ont été fermés plus tôt que prévu, notamment celui des bus et tramways en région parisienne à partir de 21h00.
A Marseille, sur la Canebière, d'importants effectifs de forces de l'ordre sont parvenus à disperser les groupes de jeunes qui avaient semé le chaos la veille, ont constaté des journalistes de l'AFP.
A Paris, un important dispositif a été déployé le long des Champs-Elysées, où des appels à se rassembler circulaient depuis vendredi sur les réseaux sociaux. Tout au long de l'avenue, des petits groupes de jeunes vêtus de noir ont déambulé sous les yeux de CRS devant les commerces, dont les devantures étaient protégées de planches de bois.
Inquiétude à l'étranger
Saisi par une vidéo amateur venue contredire le récit initial livré par les policiers, le tir à bout portant d'un motard et la mort du jeune Nahel, lors d'un contrôle routier à Nanterre, ont embrasé le pays et résonné bien au-delà de ses frontières.
Dans ce climat, M. Macron a reporté sa visite d'Etat en Allemagne prévue de dimanche soir à mardi. Le chancelier allemand Olaf Scholz s'est dit dimanche 'préoccupé' par ces émeutes, tout en se disant 'totalement persuadé' que le président français trouverait les moyens de sortir 'rapidement' de la crise.
L'Iran a de son côté appelé le gouvernement français à 'prêter attention aux demandes des manifestants tout en faisant preuve de retenue et en évitant toute violence'.
Incidents à Lausanne
A Lausanne, plus d'une centaine de jeunes se sont rassemblés samedi soir dans le centre de la ville, brisant des vitrines de magasins et une porte d'une grande enseigne, a indiqué la police municipale. Sept personnes ont été arrêtées.
Une cinquantaine de policiers ont été déployés. Ils ont dispersé à plusieurs reprises des jeunes encagoulés qui leur jetaient des pavés et un cocktail Molotov. Aucun agent n'a été blessé.
/ATS