Andres Ambühl n'a aucun regret
Andres Ambühl n'a aucun regret à l'heure de bientôt tirer sa révérence
Photo: KEYSTONE/SALVATORE DI NOLFIDans une interview accordée à Keystone-ATS, Andres Ambühl revient sur sa fabuleuse carrière.
A 41 ans, le recordman des matches joués en championnat du monde (147 jusqu'ici) espère 'que l'on n'oublie pas qu'à la fin, cela reste un jeu.' Il n'a aucun regret.
-Andres Ambühl, vous souvenez-vous de ce qui a traversé l'esprit du jeune Andres âgé de 20 ans, il y a 21 ans à Prague, lors de son premier Mondial?
(il rit) 'Là aussi, j'étais déjà pas mal nerveux. A cette époque, c'était assez inattendu que je puisse rester aussi longtemps avec l'équipe. J'ai probablement eu un peu de chance que nous n'ayons pas été trop loin en play-off avec Davos. J'ai donc pu faire toute la préparation et m'intégrer gentiment à l'équipe. C'était bien sûr spécial, avec tous ces grands noms que je ne connaissais pas encore et avec lesquels je me suis retrouvé.'
-Qui étaient les plus grands noms de l'équipe à cette époque?
'Il y avait par exemple Tinu (Martin) Gerber ou Sandy Jeannin, des joueurs qui étaient extrêmement forts, Sandy en National League et Tinu en NHL. Mark Streit également. Tous des joueurs avec un sacré niveau.'
-Qu'est-ce qui vous a le plus marqué lors de ce premier tournoi?
'Pour moi, c'était un tournoi assez cool. Je crois même que j'ai marqué un but contre l'Autriche lors du premier match (il réfléchit). Non, contre la France (réd: le 6-0). Tu ne sais jamais si tu vas aller à nouveau en tribunes ou si tu va jouer chaque match. Alors savourer n'est peut-être pas le bon mot, mais tu prends du plaisir.'
-Pouviez-vous imaginer disputer un Championnat du monde 21 ans plus tard?
'Non, tu ne penses jamais à ça. Déjà, le simple fait de participer à un Mondial n'est pas évident. La santé doit bien sûr aussi jouer un rôle. Je pense qu'il y en a beaucoup qui ont fait une bonne saison, mais qui ont été blessés. Etre en bonne santé est probablement le plus important.'
-Qu'avez-vous fait pour être si rarement blessé?
(il rit) 'Honnetement rien de spécial. Je pense plutôt que mes prédispositions ne me destinent pas aux blessures et que j'ai simplement la chance d'avoir un corps robuste qui supporte pas mal de choses.'
-Est-ce que cela a un rapport avec votre enfance à la ferme en montagne?
'C'est possible, je ne sais pas. Ma jeunesse a certainement contribué au corps que j'ai aujourd'hui. Mais c'est aussi difficile à dire, parce que je ne sais pas comment ça se serait passé si j'avais fait différemment les choses.'
-Votre coéquipier de Davos, Simon Knak, joue son premier Championnat du monde. Aimeriez-vous être à nouveau à sa place?
'Non, parce que je pense que toutes les choses que j'ai pu vivre quand j'étais jeune manquent aujourd'hui à beaucoup de jeunes. A cause des natels et des réseaux sociaux. Je pense qu'à l'époque, nous étions plus insouciants et avions moins d'informations et de statistiques. Je suis content d'avoir pu vivre cette époque. On était certainement encore un peu plus libre, et chaque erreur ne se retrouvait pas immédiatement sur internet.'
-Vous avez deux filles. Que leur dites-vous lorsque vous partez en voyage pour quelques semaines, comme c'est le cas actuellement? Comprennent-elles?
'Ce n'est déjà pas simple quand elles demandent quand je vais revenir. Mais oui, elles comprennent déjà que c'est mon travail.'
-Mais vous n'avez jamais vraiment considéré le hockey comme un travail, non?
'Pas du tout. C'est du plaisir et du jeu, et j'espère que cela restera ainsi pour tout le monde encore de nombreuses années. Que l'on n'oublie pas qu'à la fin, cela reste un jeu.'
-Y a-t-il quelque chose que vous regrettez dans votre carrière?
'C'est difficile à dire. Au final, tout ce qui n'a peut-être pas marché comme prévu a eu un effet positif sur autre chose. J'aurais bien sûr aimé que l'aventure nord-américaine se déroule autrement. En revanche, j'ai passé trois superbes années à Zurich. C'est pourquoi je pense que je referais absolument tout de la même manière.'
-Pourquoi ça n'a pas fonctionné en Amérique du Nord?
'Je suppose qu'il aurait fallu que ce soit une autre équipe (red: que les New York Rangers), que j'écoute davantage mon intuition.'
-Mais vous êtes content d'avoir essayé...
'Absolument. De manière générale, je pense que si quelqu'un a la possibilité de traverser l'Atlantique, il doit essayer. Si ça marche, tant mieux, sinon tu peux au moins dire que tu as essayé.'
-De quoi êtes-vous le plus fier dans votre carrière ?
'Le plus fier? (il réfléchit) C'est difficile à dire. Je suis content d'avoir vécu de beaux moments. Le sport en fait partie, mais aussi les nombreux coéquipiers au fil des ans. Je crois que je me suis bien entendu avec la plupart d'entre eux.'
-Vous avez été régulièrement élu joueur le plus apprécié par les fans adverses. Est-ce important pour vous?
'Je trouve ça chouette. Et je pense que c'est aussi ça le sport. Pendant 60 minutes, on est concurrent et pas ami, mais après, au final, on fait tous la même chose. Et ensuite, on s'entend tous très bien. C'est comme ça que devrait être dans le sport.'
/ATS