Culture

Deux générations face à leurs luttes dans "Autour du feu"

07.01.2025 20h08 Rédaction

Réalisé par les Genevoises Laura Cazador et Amanda Cortés, Autour du feu explore les luttes militantes à travers une confrontation inédite entre deux générations d'activistes. Ce huis clos interroge l'évolution de la désobéissance civile et l’usage de la violence dans les combats politiques et sociaux.

Le film Autour du feu sort ce mardi en première au cinéma BIO de Carouge, avant une tournée en Suisse romande. Ce huis clos original, qui a déjà reçu un prix aux Journées de Soleure, réunit deux anciens membres de la bande à Fasel, face à trois jeunes militantes d'aujourd'hui, dans une réflexion sur l'évolution des luttes politiques et sociales.

Une nuit pour confronter deux époques

Autour du feu propose une rencontre inédite entre des activistes des années 70 et une nouvelle génération de militants. Jacques Fasel et Daniel Bloch, figures emblématiques de la bande éponyme, répondent à l'invitation de dialoguer avec trois jeunes militantes engagées dans des combats contemporains: l'écologie, la lutte antiraciste et antifasciste ou encore la défense des ZAD.

Laura Cazador décrit le film comme «une nuit de discussions intenses sur la désobéissance civile et l’usage de la violence». En toile de fond, la bande à Fasel, active à la fin des années 70, a marqué l’histoire suisse par des braquages et une prise d’otages, qui avaient conduit à un procès retentissant et à des peines de 15 à 20 ans de prison. «Ils ont payé lourdement leur tentative de mener une révolution en Suisse», souligne la réalisatrice.

Une évolution des luttes

Ce film est né de la volonté de confronter ces deux générations de militants. «Nous avions l’impression que sur la question de la violence, on était passé à autre chose 40 ans après», explique Laura Cazador. Aujourd’hui, les luttes militantes se déroulent dans des cadres différents, moins marqués par le recours aux armes ou à la violence directe.

En ce sens, le film interroge les protagonistes sur les moyens d’action les plus efficaces et sur les points communs qui relient ces générations d’activistes. «Ce qui réunit ces deux anciens baroudeurs avec les jeunes militantes, ce sont des convictions fortes et un engagement profond pour leurs causes respectives.»

Une histoire méconnue en Suisse

La Bande à Fasel reste peu connue du grand public, particulièrement des plus jeunes générations. Laura Cazador confie qu’elle-même ignorait leur histoire avant de les rencontrer: «En les découvrant, nous avons tout de suite eu envie de confronter leur récit à l’actualité et de voir comment les luttes ont évolué depuis.»

Le film soulève aussi une question fondamentale posée par l'une des jeunes militantes du film: «Dans nos tranquilles Suisses, des révolutions sont-elles justifiées?» Une interrogation d’autant plus poignante venant de cette jeune femme d'origine algérienne, dont les parents ont combattu pour l'indépendance de leur pays.