Du souffle pour des watts
Comment les cyclistes améliorent-ils leurs performances ? En plus de l’entrainement de fond qui représente l’écrasante majorité de leur programme, le travail en soufflerie est également prépondérant. Pour la formation romande Elite Fondation, c’est un passage obligé une fois par saison. Reportage avec les des deux coureurs genevois de l’équipe : Arthur Guillet et Matteo Constant.
C’est un cadre qui n’est pas banal. En cette journée du mois de mai, les coureurs de l’équipe Elite Fondations sont invités à se tester dans la soufflerie du Pont-Butin. Au menu du jour, un effort répété d’une minute dans ce tunnel avec un vent propulsé à 52km/h. L’exercice est éprouvant mais c’est un passage obligatoire pendant la saison. «Avec un vélo de chrono, on ne peut pas passer à côté, explique Arthur Guillet, un des deux coureurs genevois de l'équipe. On se doit d'être au maximum pour les objectifs futurs, d'être le plus aérodynamique possible. C'est la clé pour la performance».
Son compère pistard Matteo Constant est moins porté sur l'exercice mais il reconnait tout de même une certaine utilité à ces journées de test: «C'est toujours intéressant de se rendre compte comment on peut s'améliorer sur le point aérodynamique ou en pénétration dans l'air».
Améliorer le matériel et la position
Lors d’une journée comme celle-ci, on se concentre sur des micro-détails. L’objectif : gagner des watts de puissance qui se transformeront en secondes lors de la course. Un travail méticuleux qui se focalise sur le matériel. Mais aussi la position des coureurs sur leur vélo. «Nous allons tester avant tout les casques. Il existe une grande différence dans les profils de chaque athlètes. Nous en avons quatre mis à disposition par nos partenaires et nous pouvons gagner jusqu'à 7% de vitesse. Il y a aussi l'ajustement de la position du coureur, avec notamment les bras. Il faut trouver le juste équilibre entre l'efficacité et le confort», développe Loïc Hugentobler, le manager de l'équipe romande.
La science atteint bientôt sa limite
Ces journées de tests en soufflerie sont réalisées en collaboration avec le laboratoire d'aérodynamique et mécanique des fluides de l’Hepia. Ici, défilent de nombreux sportifs à la recherche du gain marginal. Dans le cyclisme, la science a encore beaucoup à apporter mais les progrès technologiques atteignent aussi leurs limites. «On ne peut plus se permettre d'être en retard par rapport aux autres équipes qui font toutes aujourd'hui de la soufflerie, analyse Christian Pinas Salles, assistant en recherche et développement à l'Hepia. C'est une mise à niveau pour gratter quelques secondes sur un contre-la-montre. On atteint un maximum, le développement arrive à son pic».
Le cyclisme d’aujourd’hui et de demain, à l’instar d’autres disciplines, semble lier de plus en plus étroitement aux progrès technologiques. Mais une certitude demeure : peu importe les tests en soufflerie, il faudra toujours appuyer sur les pédales pour remporter une course.