Sport

«Enc***»: pour les arbitres, les insultes font aussi partie du jeu

25.05.2024 12h00 Arnaud URFER

Arbitrage

Afin de protéger le corps arbitral de football, un projet avait été lancé en 2019 par un arbitre et avocat genevois. Le but: accompagner le plaignant tout au long de la procédure judiciaire afin de faire baisser le taux de violence sur les terrains.

Les faits remontent au 2 octobre 2021. Dylan Oppliger, âgé à l’époque de 20 ans seulement, avait vécu l’impensable sur un terrain. Insultes et crachats au visage orchestrés par un joueur de 4e ligue. Cet incident avait mené le jeune homme à porter plainte grâce au soutien de Maître Nicolas Hervieu-Causse.

Engagés tous les deux sur ce match de 2e ligue entre Carouge et Satigny, le jeune arbitre semble aujourd’hui, avoir tourné la page. Mais son regard vis-à-vis des joueurs a considérablement évolué. Pour l’homme de loi, lui-même arbitre depuis plus d’une décennie, son initiative lancée en 2019 est simple. Défendre gratuitement tous les arbitres voulant saisir la justice. 

1 à 0 pour les visiteurs à la mi-temps, le match est correct de la part des deux équipes. Seul trois cartons jaunes sont d’ailleurs distribués. Mais la rencontre va s’emballer dans les derniers instants. En cause, une expulsion à la 82e minute à juste titre d’un joueur de Satigny. 

«S'ils agressent un arbitre, il y aura des conséquences pénales»

Cette fois-ci les débordements ne viennent pas du terrain. Depuis les tribunes, les insultes pleuvent à la Fontenette... «Enc***», avant d'ajouter «Oh le chevelu, tu te reveilles!»

Quatre minutes plus tard, Étoile Carouge obtient un coup-franc généreux aux abords de la surface. Les Stelliens égalisent et relancent la colère des supporters adverses: «Arbitre t'es qu'une m***».

Pour celui qui préside aussi l’US Meinier, savoir reconnaitre ses torts est essentiel pour garder un respect mutuel. Un partout au coup de sifflet final avec en prime une énième insulte. N’en déplaise à certains, ce genre de fin de rencontre peut s’avérer stimulante selon ce juge de ligne.  

Malgré un comportement inacceptable de la part du public, Dylan et ses collègues ont su garder leur calme. Pas facile lorsqu’on observe une augmentation de la violence dans le football amateur. D’ailleurs, depuis 2020, six plaintes pénales ont déjà été déposées, et quatre sont encore en cours.