Injures racistes contre Aya Nakamura: le procès s'ouvre à Paris
Aya Nakamura s'est produite sur la scène principale du Paléo Festival à Nyon en juillet 2023.
Photo: KEYSTONE/MARTIAL TREZZINILe procès de treize personnes proches de la mouvance identitaire, hostiles à la participation de la chanteuse Aya Nakamura à la cérémonie d'ouverture des JO 2024, s'est ouvert mercredi devant le tribunal correctionnel de Paris.
Seuls trois des prévenus étaient présents à l'audience, les dix autres étant représentés par leurs avocats, Mes Mathieu Sassi et Pierre-Vincent Lambert. Aya Nakamura n'était ni présente ni représentée à l'audience.
Les treize prévenus, âgés de 20 à 31 ans, sont proches du groupe identitaire Les Natifs, lui-même issu du groupuscule Génération identitaire (dissous en 2021), qui défend la théorie raciste et complotiste du 'grand remplacement'.
Les mis en cause sont poursuivis pour provocation publique à la haine ou à la violence en raison de l'origine, l'ethnie, la nation, la race ou la religion ou pour complicité de provocation à la haine.
Banderole à connotation raciste
Le 9 mars 2024, après l'évocation par L'Express de la participation de la chanteuse à la cérémonie d'ouverture des Jeux olympiques, le groupuscule Les Natifs avait posté sur ses réseaux sociaux une photo d'une banderole à connotation raciste.
Tendue par une dizaine de ses membres sur l'île Saint-Louis, en bord de Seine à Paris, la banderole disait: 'Y a pas moyen Aya, ici c'est Paris, pas le marché de Bamako', une référence à son tube 'Djadja' et à sa ville de naissance au Mali.
Ce message avait été relayé sur les réseaux sociaux par le média d'extrême droite 'Livre noir', connu désormais sous le nom de 'Frontières'.
Le compte X des Natifs déplorait de 'remplacer l'élégance française par la vulgarité, africaniser nos chansons populaires et évincer le peuple de souche au profit de l'immigration extra-européenne'.
Le parquet de Paris avait confié une enquête à l'Office central de lutte contre les crimes de haine et la haine en ligne (OCLCH), après avoir reçu le 13 mars 2024 des signalements de la Licra (Ligue internationale contre le racisme et l'antisémitisme) et de SOS-Racisme, dénonçant des 'publications à caractère raciste au préjudice' de la star de la chanson française.
Le 20 mars, Aya Nakamura avait porté plainte à son tour.
'Collaborateur parlementaire'
Parmi les prévenus figurent Édouard M., cadre financier âgé de 28 ans, chef des Natifs, et Antoine G., un juriste de 27 ans, porte-parole du groupuscule identitaire. Tous deux étaient absents à l'audience.
Marine de C., 24 ans, soeur cadette du fondateur du groupuscule d'ultradroite les 'Zouaves de Paris', dissous en janvier 2022, était aussi absente.
Capucine C., 22 ans, une chargée de communication qui, jusqu'en mars 2025, a été 'collaborateur parlementaire' de trois députés du RN, était en revanche présente devant la 17e chambre du tribunal correctionnel.
Sacrée artiste féminine aux Victoires de la musique
Avant de s'en prendre à Aya Nakamura, sacrée artiste féminine aux Victoires de la musique 2024, Les Natifs avaient notamment fait parler d'eux en décembre 2023, pour avoir organisé un rassemblement de plusieurs dizaines de militants à Paris, en hommage à Thomas, ce jeune homme de 16 ans tué à la sortie d'une fête de village à Crépol (Drôme).
L'enquête n'a toujours pas permis d'identifier le meurtrier de l'adolescent.
Les Natifs, qui comptent près de 10'000 abonnés sur Instagram et plus de 18'000 sur X, revendiquent des actions coup de poing relayées sur leurs réseaux sociaux.
Ainsi, en mars, ils avaient recouvert de draps noirs des portraits de femmes voilées exposés dans la basilique Saint-Denis, dans la banlieue nord de Paris.
Deux personnes dont Stanislas T., 24 ans, un des 13 prévenus dans le procès pour injures contre Aya Nakamura, doivent comparaître jeudi devant le tribunal de Bobigny (Seine-Saint-Denis) dans le cadre de cette affaire.
Chanteuse francophone la plus écoutée au monde
De son vrai nom Aya Danioko, Aya Nakamura, 30 ans, qui a grandi à Aulnay-sous-Bois en Seine-Saint-Denis est la chanteuse francophone la plus écoutée dans le monde. Sa performance lors de la cérémonie d'ouverture des JO le 26 juillet 2024, avec la Garde républicaine, sur le Pont des Arts à Paris, avait été l'un des moments les plus suivis de l'événement.
/ATS