Kevin Fiala, un engagement de tous les instants
Kevin Fiala adore venir jouer pour la Suisse
Photo: KEYSTONE/SALVATORE DI NOLFIMVP du Mondial 2025, Kevin Fiala est de retour avec la Suisse à Herning. Onze ans après son premier Championnat du monde à Minsk en 2014, l'attaquant des Los Angeles Kings répond encore présent.
On a beaucoup parlé d'Ambühl, modèle d'engagement qui n'a jamais refusé une convocation. Mais Kevin Fiala mérite également la citation quand il s'agit de parler de ces joueurs qui acceptent l'invitation de Patrick Fischer.
A Herning, Fiala dispute son septième Championnat du monde. En 2015 à Prague, Kevin Fiala s'étonnait de ne pas avoir plus de médias souhaitant lui parler. Dix ans plus tard au Danemark, le Saint-Gallois de 28 ans doit jongler avec les demandes. Il faut dire qu'en une décennie, l'ancien junior de Wil et Uzwil a mûri.
De Minsk à Herning
Son histoire sous les drapeaux commence un an plus tôt. Quand il rejoint la troupe de Sean Simpson en Biélorussie en mai 2014, Fiala a déjà dans les jambes le Mondial M20 quelques mois auparavant et le Mondial M18 quelques semaines avant Minsk. Dans l'histoire, seuls les Biélorusses Andrei Kostitsyn et Vadim Karaga l'avaient fait à l'époque. 'C'était une expérience incroyable, se remémore-t-il. C'était vraiment génial de pouvoir affronter des légendes comme Ovechkin ou Jaromir Jagr.'
Agé de 17 ans, Fiala était un talent précoce. En 2012, il martyrisait les défenses des novices élite suisses avec Zurich dans une équipe qui comptait encore Denis Malgin, Jonas Siegenthaler et Pius Suter!
Assez vite, il comprend qu'il doit s'exiler pour grandir. Il choisit la Suède. D'abord à Malmö puis au HV71. Drafté par les Nashville Predators en 11e position en 2014, Fiala traîne encore parfois une image de 'Sorgenkind'. Du talent mais aussi un certain ego. La saison qui suit son repêchage se passe entre la Suède et l'Amérique du Nord, surtout à Milwaukee en AHL. Nashville ne lui fait véritablement confiance que lors de la saison 2016/17.
Si proche de l'or
En 2018, il sort d'une bonne saison avec les Preds (23 buts/25 assists) et débarque au Championnat du monde à Copenhague en cours de route avec Roman Josi. La Suisse file en finale et s'incline aux tirs aux buts contre la Suède. Durant la prolongation, Kevin Fiala a une chance en or de donner le premier titre à son pays, mais il ne soulève pas assez son puck.
Repense-t-il à ça? 'Jamais, glisse-t-il avec le sourire. C'était oublié juste après. Et là j'y repense parce que vous le mentionnez. Mais c'est vrai qu'après le Mondial, c'est l'été et tu as le temps de rembobiner le fil de ta saison. A ce moment-là, j'y ai repensé un peu, mais des années plus tard, c'est sorti de ma tête parce qu'il faut avancer. Ce n'est pas rentré cette fois-ci, mais je suis prêt pour la prochaine occasion.'
Autre preuve de son envie sans faille de jouer pour la Suisse, le fait qu'en 2019 et sans contrat en NHL pour la saison suivante, il ait payé son assurance pour venir, et accessoirement se mettre en valeur à Bratislava. Huit matches et sept points plus tard, il signait un contrat de trois saisons avec Minnesota.
Un moment douloureux
L'an dernier, sa femme Jessica a accouché d'une petite fille juste avant le début du Mondial de Prague. Après quelques jours avec elles, Fiala est venu renforcer la sélection. Il a inscrit 13 points en 8 parties et a été désigné meilleur joueur du tournoi. Cette année, sa femme, enceinte, a fait une fausse couche juste avant le début de la compétition. Après en avoir discuté, la famille est venue au Danemark et Fiala a brillé contre les Etats-Unis.
'C'est vraiment important de jouer pour la sélection et de représenter son pays, poursuit-il. Vous savez, j'aime être avec les gars et jouer avec eux. J'apprécie aussi beaucoup le staff et c'est une manière pour moi de rendre ce que l'on m'a donné. Jouer pour la Suisse, c'est un gros truc pour moi.'
Et après avoir expliqué la raison de son arrivée tardive aux médias, Kevin Fiala et sa femme ont eu droit à une avalanche de messages de soutien. 'Vous savez, je voulais juste dire la vérité, que je n'avais rien à cacher, précise-t-il. Cette situation arrive à beaucoup de familles et je voulais le partager. Merci à tout le monde, ça signifie beaucoup pour nous.'
En onze ans, Fiala a changé et est devenu un homme. Son engagement pour son pays n'a en revanche pas pris une ride.
/ATS