Sport

La dernière danse de Jérémy Desplanches

02.08.2024 22h56 Pierre Pillet

FRANCE PARIS 2024 OLYMPIC GAMES SWIMMING Avant de tourner le dos à la natation, Jérémy Desplanches va sauter à l'eau une dernière fois avec le relais suisse 4x100m 4 nages.

Jérémy Desplanches va prendre part ce week-end à son ultime compétition lors du relais 4x100m 4 nages (Séries samedi à 12h40 / Finale dimanche à 19h10).  Il prendra ensuite sa retraite sportive. Une dernière danse entouré de ses potes du Genève Natation: Roman Mityukov et Nils Liess. Après son élimination en séries du 200m 4 nages jeudi soir, Jérémy s'est exprimé avec émotions sur ce dernier défi, cette dernière danse: briller avec ceux qu'il a vu grandir. 

Comment vivez-vous cette élimination ?

Ça fait beaucoup là. Ça fait trop de choses, j’ai gardé mon calme là-bas mais là je n’arrive plus. Je ne suis pas déçu, c’est presque des larmes de joie. Ça fait beaucoup d’émotions d’être là une dernière fois tout seul, c’est un truc de ouf. Je suis quelqu’un qui arrive à garder mon calme mais là je n’en peux plus, c’était 15 ans de ma vie, c’était génial, c’était incroyable. Et j’aime ça et j’ai toujours aimé ça. Mais il est temps de passer à autre chose et on verra ce que la vie d’après me réserve. C’est dur, c’est pour ça que je m’étais imposé de dire il y a quelques mois que j’arrêtais après les Jeux parce que si je m’écoute je repars pour 4 ans. Mais il faut que je passe à autre chose. C’est dur quand je vois une équipe comme ça qui est incroyable, Roman qui me fait pleurer tout à l’heure, j’ai perdu mon sang froid j’étais en train de m’échauffer et j’ai fait n’importe quoi c’est beaucoup d’émotions.

«Je suis quelqu’un qui arrive à garder mon calme mais là je n’en peux plus, c’était 15 ans de ma vie, c'était génial»

Avez-vous vraiment songé à rempiler à un moment donné ?

Non mais je me connais. Après les Jeux de Tokyo en 2021 (ndlr : médaillé de bronze), c’était incroyable. Je me suis dit «je repars pour 3 ans du tac au tac» et si j’avais pas annoncé ça (ndlr : sa retraite sportive) il y a quelques mois j’aurais été capable de le redire. C’était tellement bien cette carrière. Cette vie est incroyable, elle est dure mais elle en vaut tellement la peine. Toutes les peurs, tous les vomis de douleur. Tout ça, ça en vaut mille fois la peine. Je me remercie il y a quinze ans quand je me suis dit que peut-être une fois je pouvais aller aux Jeux de m’être lancé et de ne jamais avoir regardé en arrière. Tant que ce n’est pas la fin je ne tirerai pas de bilan, il me reste encore une course donc je ne peux pas tirer de bilan.

«Toutes les peurs, tous les vomis de douleur. Tout ça, ça en vaut mille fois la peine»

À quoi avez-vous pensé pendant votre course ? (ndlr : 200m 4 nages jeudi soir)

J’étais hyper focus. Bien sûr que j’étais dans ma course mais j’ai l’impression d’avoir passé 5 minutes dans l’eau, je pensais à trop de trucs. La finale était inatteignable franchement. Il y a trois ans c’était facile pour moi mais depuis ce moment-là je pense être passé dans un abysse d’émotions. Je n’ai aucun regret et je regarderai la finale dans les gradins et ce n’est pas grave. Pendant 8 ans j’ai été à un très bon niveau, j’ai vraiment kiffé ce que j’ai fait et ça va me faire bizarre maintenant de kiffer voir les autres faire ce que j’ai fait tout ma vie. C’est génial, je suis très content pour eux.

 

De quoi êtes-vous le plus fier ?

Les gens que j’ai rencontré, les liens que j’ai tissé avec les gens. C’est clair que les médailles elles sont chez moi mais elles sont dans une boîte. Mais quand je passe des moments avec mes amis que j’ai rencontrés au bord du bassin, avec qui j’ai échangés des moments de victoire ou de défaite, ce sont des liens que j’ai créés qui sont incroyables. À mon mariage j’ai vu une centaine de personnes avec qui j’étais, c’est presque tous des frères et des sœurs. Le monde du sport c’est un monde incroyable. Quand on a un doute de s’il faut se lancer ou pas, put*** il faut y aller à pieds joints et se donner les moyens. Ça réussira. Le travail paie toujours, Roman il s’est entraîné, ça paie toujours. C’est pareil pour tout le monde il faut se donner les moyens.

«Quand on a un doute de s’il faut se lancer ou pas, put*** il faut y aller à pieds joints et se donner les moyens. Ça réussira»