Sport

La route escarpée pour devenir cycliste professionnel

05.05.2025 17h00 Clément Vuagnat

Vélo

La 78e édition du Tour de Romandie s'est achevée hier à Genève. Parmi les 140 coureurs au départ, aucun Romand n'était aligné. Anomalie conjoncturelle ou vrai déclin du cyclisme de haut niveau dans nos régions? Le chemin vers le professionnalisme dans ce sport mondialisé est en tout cas semé d'embûches. 

Dans la campagne genevoise en cet après-midi ensoleillé, Matteo Constant roule loin, très loin du Tour de Romandie. Le cycliste a participé l’an dernier pour la première fois à l’épreuve World Tour. Sélectionné dans l’équipe nationale, qui n’était plus présente cette année, le Genevois a été contraint à l’abandon lors de la deuxième étape. Le niveau était tout simplement trop élevé. «Ce sont deux mondes séparés entre le World Tour et le niveau national dans lequel j'évolue. La grosse différence se situe au niveau du rythme. À mon niveau, nous connaissons à l'avance les moments qui seront difficiles. Au niveau World Tour, c'est un rouleau compresseur. Ça ne s'arrête jamais», raconte-t-il.

Déconvenue puis électrochoc

A la suite de sa participation, le jeune coureur a subi un sacré coup de mou. Puis une sorte d’électrochoc. Il rêve toujours de cyclisme professionnel mais sa déconvenue l’a motivé à accentuer son travail sur la piste. «Les joueurs après mon abandon ont été difficiles, lâche-t-il. Voir les coéquipiers, l'équipe rouler, cela fait mal. Mais j'ai réussi à ma remobiliser, à repartir. Il fallait que je me remette au travail pour pouvoir mériter ma place la prochaine fois».

Le chemin tortueux vers l’élite du cyclisme, Loïc Hugentobler le connait bien. Il est manager dans la formation de Matteo Constant, Elite Fondations. Une équipe qui prône le développement de jeunes coureurs romands. Et vise à terme à les faire entrer dans le monde professionnel. Mais avec 500'000 francs de budget annuel, impossible pour Elite Fondations de régater avec les équipes World Tour qui émanent à plusieurs millions de francs.

«Il y a une phrase récurrente dans le cyclisme: en passant professionnel, la carrière commence vraiment, explique celui qui est aussi à la tête du Vélodrome de Genève et de l'Union vélocipédique genevoise. La concurrence est accrue. Au niveau World Tour et Pro Team, il y avait 800 coureurs au maximum. Les équipes suisses vont prôner les coureurs suisses, les équipes françaises vont de faire de même et ainsi de suite. Il est donc difficile de percer. 

Les solutions pour intégrer les coureurs locaux

Alors que faire pour changer cet état de fait? La marge de manœuvre à ce niveau pour faire émerger les talents locaux est limitée. Le directeur du Tour de Romandie Richard Chassot regrette l’absence de coureurs romands lors de cette 78e édition. Mais il rappelle aussi le caractère international de l’épreuve. «Cela ne m'inquiète pas mais j'espère que grâce aux partenaires et aux équipes, nous ayons des Romands qui continuent de progresser, développe-t-il. Une 22e équipe nationale serait facilement intégrable dans notre compétition. Cela permettrait aux clubs et aux bénévoles de pouvoir goûter au “Romandie“. Ça serait fantastique».

Demain, un cycliste genevois ou romand suivra peut-être les traces de Remco Evenepoel. Mais pour y arriver, la route sera très escarpée. À Genève, un coureur prometteur a environ 1% de chance de passer professionnel selon Loïc Hugentobler. Par an, au niveau mondial, moins de 30 coureurs réussissent à faire le pas.