Sport

Le football féminin suisse en pleine professionnalisation

02.07.2025 09h47 Lucie Hainaut

Foot féminin Servette FCCF Foot féminin Servette FCCF

Les meilleures footballeuses d’Europe s’affronteront dès ce mardi 2 juillet dans les stades suisses, pour l’Euro 2025. Si les conditions de travail des joueuses sont très nettement inférieures à celles de leurs homologues masculins, le foot féminin a connu une professionnalisation importante en 10 ans.

Joana Marchão joue à Servette mais cet été, elle défendra les couleurs du Portugal. Son équipe affrontera l’Italie le 7 juillet dans le stade de la Praille, à Genève. 

Elle peut se consacrer à 100% au football depuis ses 19 ans, ce qui représente un réel avantage à ses yeux: «Dans le football, certaines des choses les plus importantes ce sont la récupération, le sommeil et l’alimentation. C’est possible de travailler à côté du foot mais personnellement, pour ma santé physique et mentale, je pense que c’est mieux de me concentrer uniquement sur le sport» explique-t-elle.

Cette situation est récente dans le football féminin: à la création du Servette FCCF en 2017, aucune joueuse ne vivait de ses performances. Joana Marchão a vécu la professionnalisation de son sport: «Je vois clairement la différence. Quand j’ai commencé le foot au Portugal, je ne recevais pas d’argent du tout, je devais même couvrir mes frais moi-même. Alors d’avoir fait ce chemin, d’être devenue totalement indépendante et de vivre du foot, c’est formidable» se réjouit l’athlète.

Vivre du football, mais ave de petits revenus

Son cas s’est généralisé: à Servette Chênois féminin, selon les dires du président, 30% des joueuses ont un emploi parallèle, 20% suivent des études. La moitié des footballeuses du club ont décidé de ne pas travailler en plus du football… Un choix qui a des conséquences.

«Quand on dit qu’elles vivent uniquement du sport c’est un petit peu chichement, ça ne sera pas les mêmes prétentions salariales qu’on peut imaginer dans le reste de la population. Aujourd’hui si on veut vivre uniquement du foot féminin il faut soit s’expatrier, soit accepter de vivre avec un peu moins de dépenses que ce qu’on pourrait souhaiter» admet Yoann Brigante, président du Servette FC Chênois Féminin.

Footballeurs et footballeuses, le grand écart de salaire

Les moyens ne sont pas partout les mêmes: le nombre de joueuses professionnelles varie selon les finances des clubs. Et les salaires restent modestes: «Je pense que les meilleures joueuses du pays peuvent tabler sur 5000 ou 6000 francs mensuels plus un appartement, il y a éventuellement quelques joueuses qui touchent un petit peu plus» estime le président. 

Rien à voir avec les rémunérations des joueurs suisses les mieux payés: Xherdan Shaqiri touche 1,2 millions par année au FC Bâle – soit 100'000 francs par mois, plus des primes de match.

Le foot féminin attire enfin le public

Dans les tribunes des stades aussi, le foot féminin gagne en popularité: la finale de l’AXA Women’s Super League a rassemblé 10'000 spectateurs et spectatrices dans le stade de Wankdorf, ils et elles ont assisté au sacré de Young Boys face à Grasshopper. 

«Nous avons eu la possibilité de jouer toute la saison à domicile ici dans le stade, ce qui est une excellente chose. C’est aussi un gros investissement pour le club, cela représente un réel pas en avant. Nous avons vu qu’il y a une influence sur le nombre de spectateurs: lorsqu’on joue dans un grand stade, cela intéresse beaucoup plus de gens» note Franziska Schild, General manager pour Young Boys Frauen.

Qui dit plus de spectateurs dit plus de sponsors. Depuis quelques années des marques s’allient au football féminin suisse, mais pas de quoi rendre ce sport rentable. 

Le chemin est encore long pour permettre aux meilleures footballeuses de bien vivre de leur sport. Beaucoup comptent sur l’Euro 2025, qui doit mettre un coup de projecteur sur la discipline.