Un équilibre à trouver pour les sports collectifs genevois
Genève compte désormais quatre clubs dans l’élite des sports de salle. Chênois Handball a rejoint Genève Volley, Chênois Volley et les Lions de Genève grâce à sa promotion en Ligue Nationale A il y a un mois. Mais le club, comme les trois autres cités, va être confronté à de nombreux défis.
Quatre clubs dans l’élite pour la saison 2023-2024 et peut-être cinq dès l’exercice suivant. Un projet d’équipe féminine de basketball en Ligue Nationale A avec les Lions de Genève serait sur le point d’aboutir selon nos informations. Pour rappel, Genève Elite avait évolué quelques années dans cette division et avait dû tirer la prise en 2022 faute de pouvoir répondre aux exigences demandées.
A l’instar de Genève Elite, ce type de clubs ont de plus en plus de mal à remplir des exigences qui sont de plus en plus élevées.
Le budget comme principal obstacle
Comme souvent, l’argent est le nerf de la guerre. Les fédérations demandent à ces clubs de se structurer de manière professionnelle mais en leur faisant souvent peser le coût de ces changements. Ils évoluent donc dans une sorte d’entre-deux. Ils ne peuvent pas bénéficier de la médiatisation et de l’intérêt que suscite le football ou le hockey sur glace. Mais doivent tout de même remplir un nombre important de critères.
Si l'on s’intéresse aux chiffres, il n’y avait que sept équipes en Ligue Nationale A masculine de volley cette saison et six en basketball féminin. Chez les hommes, le BC Boncourt, champion de Suisse il y a vingt ans et Swiss Central ont déjà annoncé qu’ils se retireraient de la première division l’an prochain.
Pour prendre un exemple concret, Chênois Handball a dû trouver pour l’an prochain 80'000 francs pour installer des panneaux LED pour la diffusion télévisée de ses matchs (financée finalement par les communes des Trois-Chênes). Une somme importante en comparaison avec le budget du club, compris entre 350'000 et 400’00 francs pour la saison prochaine. Chênois Handball n’a pas le choix d’installer ces LED sous peine d’amendes de la part de la fédération alors qu’en même temps le comité doit convaincre certains sponsors d’augmenter leur soutien.
Le bât blesse aussi au niveau des infrastructures
A Genève, les infrastructures sportives sont un véritable serpent de mer. Actuellement les deux clubs Chênois jouent au Centre sportif de Sous-Moulin, les Lions de Genève évoluent à l’école du Pommier et Genève Volley à l’ECG Henry-Dunant. Des salles qui ne sont pas adaptées au niveau des équipes. Les marquages au sol, par exemple, ne sont pas dédiés à la pratique unique des sports concernés. Sur cette question des infrastructures, la solution viendra peut-être de la Queue d’Arve où une salle de 3'000 places doit être construite. Celle-ci pourrait être partagée par différentes équipes de salle.
Quel avenir pour ces clubs ?
Des modèles de développement futur, il n’en existe pas à foison. Soit les clubs continuent sur ce modèle un peu hybride mais risquent à terme, faute de sponsors ou d’ambitions, de se retrouver au pied du mur. Soit, autre solution, ils se tournent vers une entité comme la fondation 1890 qui détient actuellement les clubs Grenat (Servette FC, Servette FCCF, Genève-Servette et Servette Rugby).
En acceptant cette solution, les clubs s'assurent une stabilité économique à long-terme mais perdent, en contrepartie, leur indépendance et une partie de leur identité. Aux dirigeants désormais de prendre les décisions adéquates pour leurs clubs. Ou alors de renverser la table en reformant directement les instances.
Jérôme Godeau: «Il ne faut pas mettre dos à dos le sport d’élite et la relève»
Que fait l'État pour aider ces clubs en pleine professionnalisation ? À vrai dire, pas grand chose. La loi sur la répartition des tâches, entrée en vigueur en 2018, laisse aux communes le soin de soutenir le sport collectif. Jérome Godeau, responsable relève et élite à l'office cantonal de la culture et du sport, précise néanmoins qu'il existe également le Fonds du sport, indépendant de l'Etat, pour pallier aux problèmes financiers.
Canton actif dans la formation
Là où le canton peut jouer un vrai rôle, c'est en amont. À travers les onze centres de performance existant à Genève. Le bilan concernant ces derniers est bon mais la corrélation avec des excellents résultats collectifs est difficilement perçeptible selon Jérôme Godeau. «Quand une équipe marche bien, c'est un tout. Ce n'est pas uniquement grâce aux jeunes ou aux joueurs étrangers».
Jérôme Godeau insiste enfin sur deux points. Il encourage les clubs à investir dans la relève, ce qui permettra d'alimenter les équipes élites et coûtera au final moins cher. Aussi, pour lui, «la professionnalisation des clubs n'est aujourd'hui plus facultative».