Suisse

Les prix de l'essence s'envolent

09.03.2022 19h18 Lucie Hainaut

Essence station service Essence station service

Le prix de l’essence frôle les records historiques de 2008: hier, il a atteint 130 dollars le baril. Et forcément, cette augmentation se répercute sur les prix à la pompe, et sur le porte-monnaie des conducteurs.

«Le diesel coûte 2 francs 42 le litre, 2,29 l’essence, et le sans plomb 98 est à 2,36» énumère Kuqi, le gérant de la station Tamoil La Praille. En l’espace de 10 jours, il a dû augmenter ses prix de 50 centimes par litre: «de voir les prix augmenter de 5 centimes, 6 centimes, ou comme c’était le cas ce matin de 20 centimes d'un coup, ça c’est vraiment du jamais vu» raconte-t-il. Du côté des clients, certains sont résignés, pendant que d’autres s’insurgent: «C’est un scandale. Quand ça augmente c’est tout de suite, mais pour que ça redescende, il faut attendre. Surtout qu’en tant qu’indépendant, c’est un gros budget, le carburant pour les déplacements. Alors au bout d’un moment, on est obligé de le répercuter sur les factures des clients, et ce sont les clients qui ne vont pas être contents» déplore Dario Barata, carreleur.

Un coup dur pour les taxis

Tout le monde ne peut pas répercuter la hausse des prix de l’essence sur les clients: les taxis par exemple ont des tarifs fixes. Alors une augmentation de l’essence se répercute uniquement sur la marge des chauffeurs, déjà précarisés par le covid et la concurrence: «Le salaire du taxi ne dépasse pas les 2000 francs actuellement. Avec les charges qu’on a, on n’arrive plus à avoir un salaire décent pour vivre à Genève, c’est strictement impossible» regrette Jonas de Rougemont, vice-président du Collectif des Taxis Genevois.

Une hausse impressionnante… à court terme

Le prix de l’essence ne va pas baisser tout de suite. Certains experts annoncent même qu’il pourrait bientôt atteindre les 3 francs par litre. Mais cette hausse impressionnante ne devrait pas durer indéfiniment comme l’explique Julien Daubanes, économiste de l’environnement et de l’énergie à l’UNIGE: «À court terme, ça peut monter très haut, parce qu’on ne change pas la production de pétrole du jour au lendemain. Cependant à moyen terme, d’autres sources de pétrole vont se révéler: peut-être qu’on va produire plus de pétrole de schiste aux États-Unis. Ça va prendre du temps mais à moyen terme, ça contribuera à faire baisser les cours». Pour autant, cette hausse du prix du pétrole doit nous alerter selon lui: «Il ne faut pas croire les discours rassurants qui disent que les prix vont baisser: certes à moyen termes il y aura peut-être plus de pétrole produit, mais de toute façon, la transition énergétique rendra les produits pétroliers plus chers. Et donc ceux qui n’ajustent pas rapidement leur utilisation de produits pétroliers sont ceux qui en souffriront le plus».

L’embargo des États-Unis sur le pétrole russe a précipité la hausse des prix de l’essence. Si l’Union européenne fait de même, les tarifs pourraient encore prendre l’ascenseur. Alors pour les conducteurs, une solution: limiter au maximum sa consommation d’essence.