Maryna Viazovska et Hugo Duminil-Copin reçoivent la Médaille Fields
Maryna Viazovska de l'EPFL a reçu la Médialle Fields au côté de Hugo Duminil-Copin de l'UNIGE.
Photo: EPFL © Fred MerzDeux chercheurs lémaniques, Maryna Viazovska, de l'EPFL, et Hugo Duminil-Copin, de l'Université de Genève (UNIGE), se voient décerner la Médaille Fields. Cette distinction est considérée comme le Nobel des mathématiques.
La Médaille Fields est attribuée tous les quatre ans lors du Congrès international des mathématiciens. Elle a été remise mardi à Helsinki aux lauréats lors de l'ouverture du congrès.
A 37 ans, Maryna Viazovska, titulaire de la Chaire d’arithmétique à l’Ecole polytechnique fédérale de Lausanne (EPFL), est après Maryam Mirzakhani en 2014 la deuxième femme à recevoir la prestigieuse distinction sur plus de 60 mathématiciens récompensés à ce jour.
La Médaille Field honore la résolution par la jeune professeure, spécialiste de la théorie des nombres, du problème de l’empilement des sphères en dimension 8 et 24. La question de l’empilement optimal de sphères avec un minimum de vide entre elles - tel que dans une pyramide d’oranges - occupe les mathématiciens depuis déjà plus de quatre siècles.
Professeure ordinaire à 33 ans
La chercheuse a démontré que dans les dimensions 8 et 24, les empilements de sphères se font de façon remarquablement symétrique, suivant des réseaux respectivement appelés réseau E8 et réseau de Leech. Sa démonstration de 23 pages est parue en 2016, lui valant les félicitations de la communauté mathématique et plusieurs distinctions prestigieuses, a indiqué l'EPFL dans un communiqué.
La carrière de la jeune mathématicienne, née à Kiev en Ukraine en 1984, a été précoce et passionnée. Après un Bachelor à l’Université nationale Taras Shevchenko de Kiev, elle poursuit son Master en Allemagne, à l’Université de Kaiserslautern (2007), avant de rejoindre celle de Bonn. Là, elle obtient son doctorat en 2013.
Entre-temps, elle est devenue maman. En décembre 2016, elle choisit de rejoindre l’EPFL, en tant que professeur assistante tenure-track. A peine un an plus tard, âgée tout juste de 33 ans, elle est nommée professeure ordinaire.
Expert en probabilités
Egalement à l'honneur, Hugo Duminil-Copin, 36 ans, est professeur ordinaire à la Section de mathématiques de la Faculté des sciences de l’Université de Genève (UNIGE) et professeur permanent à l’Institut des hautes études scientifiques de l’Université Paris-Sarclay.
Les travaux d’Hugo Duminil-Copin portent sur la branche mathématique de la physique statistique. Il étudie les transitions de phases - les changements brusques des propriétés de la matière, comme le passage de l’état gazeux à l’état liquide de l’eau - en faisant appel à la théorie des probabilités.
Né en1985 à Châtenay-Malabry (F), Hugo Duminil-Copin a grandi en région parisienne. Il entre en 2005 à l’Ecole Normale Supérieure de Paris. Agrégé de mathématiques et titulaire d’un master de probabilités et statistiques de l’Université Paris-Saclay, il rejoint l’UNIGE en 2008 pour y effectuer sa thèse de doctorat, qu’il obtient en 2011, sous la direction du professeur Stanislav Smirnov, lui-même médaillé Fields en 2010.
Professeur ordinaire à 29 ans
L’UNIGE le nomme professeur en 2013 puis professeur ordinaire en 2014, à seulement 29 ans. Il rejoint en parallèle l’Institut des hautes études scientifiques à Bures-Sur-Yvette (Paris) en 2016. Il a été distingué par de nombreux prix, dont le prix de la Société mathématique européenne et le prix New Horizons in Mathematics de la Fondation Breakthrough.
C’est la quatrième fois qu’un professeur ou un ancien étudiant de l’UNIGE reçoit la médaille Fields, après Vaughan Jones en 1990, Stanislas Smirnov en 2010 et Martin Hairer en 2014.
Créée par le mathématicien canadien John Charles Fields (1863-1932), la médaille Fields est attribuée tous les quatre ans depuis 1936, avec un maximum de quatre lauréats par édition. Elle ne peut être décernée qu’à des personnes de moins de 40 ans. Chaque lauréat reçoit une médaille et 15'000 dollars canadiens.
/ATS