Approvisionnement en pétrole de la Suisse pas menacé par l'embargo
Le pétrole peut être transporté par différents moyens, par bateau, par train ou par oléoduc, contrairement au gaz.
Photo: KEYSTONE/EPA/JUSTIN LANEL'UE a proposé mercredi un embargo pétrolier contre Moscou. La Suisse, qui a jusqu'ici repris ses sanctions, est tributaire des importations de cette énergie fossile. Fabian Bilger, de l'association des importateurs de combustibles 'Avenergy Suisse', rassure.
En comparaison internationale, la Suisse a une consommation élevée de sources d'énergie liquides. Selon le site Internet du Département fédéral des affaires étrangères (DFAE), la plus grande partie de l'énergie est consommée en Suisse 'sous forme de combustibles pétroliers et de carburants'. Ils représentent environ 50% de la consommation d'énergie.
Malgré cette forte consommation de pétrole, M. Bilger rassure au cas où la Suisse devait suivre les dernières sanctions de l'UE. Le pétrole brut importé dans le pays ne provient pas de Russie, mais surtout d'Afrique du Nord et du continent nord-américain, explique l'expert, interrogé par l'agence de presse Keystone-ATS.
25% d'importations de pétrole brut
Sur son site Internet, le DFAE cite le Nigeria, le Mexique et les Etats-Unis comme principales sources. Selon M. Bilger, l'importation de pétrole brut ne représente en outre que 25% du total. 75% des importations sont constituées de pétrole déjà raffiné en provenance de l'UE.
Selon le spécialiste, le marché du pétrole est toutefois très souple. Le pétrole russe peut être remplacé par du pétrole provenant d'autres pays producteurs.
Car contrairement au gaz qui ne peut être transporté en Europe que par des gazoducs en provenance de certains pays producteurs, la logistique du marché pétrolier est plus flexible: 'Le pétrole peut être transporté par différents moyens, par bateau, par train ou par oléoduc, et il y a des producteurs dans le monde entier', explique M. Bilger.
Certains raffineurs seraient certes confrontés à des défis logistiques en cas d'embargo, mais le marché dans son ensemble pourrait s'adapter.
Embargo déjà anticipé
En ce qui concerne le prix du pétrole, Fabian Bilger part du principe qu'une partie des effets des sanctions a déjà été anticipée. Il se réfère à ce propos au 'Urals-Brent-Spread', un chiffre clé qui indique la différence de prix entre le pétrole de Russie et de Norvège.
Cet écart de prix est normalement inférieur à un dollar par baril, 'mais il est actuellement de moins 35 dollars', ce qui signifie qu'un baril de pétrole russe est 35 dollars moins cher à acheter qu'un baril de pétrole norvégien.
'Les négociants en matières premières en Europe semblent donc avoir déjà réagi à la menace d'un embargo et achètent nettement moins de pétrole russe', explique l'expert.
/ATS