Suisse

Après un audit, l'Université de Lausanne renforce son dispositif

03.11.2021 11h32

Après un audit, l'Université de Lausanne revoit son dispositif

Photo: KEYSTONE/JEAN-CHRISTOPHE BOTT

Egratignée par un audit, l'Université de Lausanne (UNIL) renforce son dispositif contre le harcèlement sexuel. Enfin, a réagi le syndicat SSP qui tire à boulets rouges sur l'ancienne direction et sur le Groupe Impact de gestion des conflits à l'Etat de Vaud.

L'audit externe a été réalisé sur proposition de la conseillère d'Etat Cesla Amarelle, après le classement de deux dénonciations visant des professeurs, une décision critiquée par le syndicat. L'objectif n'était pas de refaire l'enquête, mais de déterminer si les processus mis en place étaient propres à protéger 'l'émergence de la parole des femmes victimes ou témoins de propos sexistes'.

Ce qui n'a pas été entièrement le cas, relève l'audit et reconnaît l'UNIL. La direction 'a pu mesurer la difficulté à appliquer le triple objectif qui est le sien', à savoir une tolérance zéro à l'égard du harcèlement sexuel, un contexte favorisant l'émergence de la parole et la prévention, écrit-il mercredi sur son site internet.

Nouveau cadre dès 2022

La nouvelle direction de l'UNIL - le recteur Frédéric Herman est entré en fonction en août - en tire les conséquences. Elle a lancé une consultation auprès notamment des associations estudiantines et des syndicats afin de déployer, dès 2022, un 'dispositif ambitieux'.

La Haute Ecole annonce vouloir 'agir en profondeur'. Elle propose de créer une cellule d'écoute et d'accompagnement, indépendante et autonome. Cette cellule servirait de porte d'entrée 'simple et unique' pour identifier les besoins et prendre les mesures adaptées. C'est l'une des principales recommandations de l'audit.

Concernant les enquêtes administratives, la direction de l'UNIL a décidé de faire appel à de nouveaux prestataires. Cela se décidera au cas par cas et ce ne sera pas forcément le groupe Impact. Et les dysfonctionnements qui échappent à la définition stricte du harcèlement bénéficieront de mesures d'accompagnement.

Mieux informer

Dans son audit de douze pages, Karine Lempen, professeure ordinaire à la Faculté de droit de l'Université de Genève, recommande aussi de mieux informer les potentielles victimes - ici des doctorantes - sur les différents statuts - témoin ou plaignante - lors d'une procédure d'investigation. Le statut de plaignante donne davantage de droits.

L'audit recadre le groupe Impact, dont les conclusions vont 'au-delà de ce qui est requis'. Dans le premier cas, le groupe conclut à des 'propos isolés, anciens, sortis de leur contexte, voire mensongers'. Dans le deuxième, il parle 'd'emballement émotionnel'.

'De telles considérations', souligne l'audit, 'ont pour effet de mettre les personnes alléguant un harcèlement sexuel sur le banc des accusées'. Elles ne sont 'manifestement pas propres à protéger l'émergence de la parole' et 'portent atteinte au droit des personnes plaignantes de ne subir aucun préjudice du fait de leur démarche'.

De plus, la reprise intégrale de ces conclusions par l'UNIL a été comprise comme 'une remise à l'ordre' des doctorantes. Elle a 'contribué à susciter un sentiment d'injustice', regrette l'audit.

Syndicat très critique

Le syndicat SSP, qui suit ce dossier depuis presque deux ans, salue les mesures annoncées par l'UNIL, mais estime qu'il y a encore 'un travail énorme à effectuer' pour faire évoluer les procédures et les mentalités. A ses yeux, le Groupe Impact et l'ex-direction de l'UNIL ont 'totalement discrédité leur fonction', 'incapables de comprendre les dynamiques du sexisme et du harcèlement'.

'Les missions du groupe Impact sont appelées à évoluer', écrit pour sa part le canton dans un communiqué. Le Conseil d'Etat réaffirme sa 'tolérance zéro' et rappelle qu'il avait été pionnier en 1999 avec la création du groupe Impact pour gérer les conflits au travail et le harcèlement.

Le gouvernement lance une réforme en profondeur du Règlement relatif à la gestion des conflits au travail et à la lutte contre le harcèlement. L'objectif est notamment de 'clarifier les modalités et le périmètre d'intervention' dudit groupe. Un groupe de travail a été constitué. Un projet de révision sera présenté au Conseil d'Etat courant 2022.

/ATS