Suisse

Assurance de soins dentaires: les Neuchâtelois disent non

25.09.2022 12h28

Neuchâtel a refusé une assurance dentaire obligatoire

Les opposants à l'initiative, avec leur slogan "Et pan! Une taxe dans les dents", ont convaincu la population.

Photo: KEYSTONE/JEAN-CHRISTOPHE BOTT

Le canton de Neuchâtel ne sera pas le premier de Suisse à avoir une assurance dentaire obligatoire, qui aurait pris en charge les soins de base et les contrôles périodiques. La population a refusé à 63,2% dimanche l'initiative cantonale, soutenue par la gauche.

Toutes les communes neuchâteloises ont rejeté le texte, même si le non est un peu moins élevé à Neuchâtel (57,8%) et à La Chaux-de-Fonds (55,1%). Le taux de participation s'est monté à 41,3%.

Dans le canton de Vaud en 2018 et à Genève en 2019, les citoyens avaient déjà refusé une assurance dentaire. Les Neuchâtelois ont suivi le même chemin, malgré une polémique sur le financement de la campagne des opposants par les fabricants de boissons sucrées.

L'initiative, déposée en 2015, demandait que l'assurance dentaire obligatoire soit financée par une retenue sur le salaire de 1% payée moitié par l'employeur et pour moitié par l'employé. Elle était soutenue par les partis politiques de gauche, des syndicats et des associations.

'La situation n'est pas acceptable'

'Près de 40% des Neuchâtelois considèrent ce projet comme nécessaire et montrent que la situation actuelle n'est pas acceptable', ont réagi les initiants. 'Tout le monde ne peut pas se rendre chez le dentiste lorsqu'il en a besoin et les aides actuelles en la matière ne permettent pas de couvrir toutes les situations où les individus sont finalement contraints de renoncer à des soins dentaires.'

Le comité unitaire veut poursuivre son combat pour un meilleur accès à la prophylaxie et aux soins de base.

Le texte était combattu par le Conseil d'Etat, le Grand Conseil, quatre partis de droite, des associations économiques et les dentistes. 'C'est un soulagement' pour la population et pour les entreprises, ont indiqué les opposants. 'Cette initiative s'attaquait directement au pouvoir d'achat des personnes actives'.

Pas au niveau cantonal

Les collectivités publiques auraient été aussi sollicitées pour financer une partie importante de cette assurance, avec un risque de hausse fiscale. Pour les entrepreneurs, le refus est un soulagement car 'il n'est guère le moment d'alourdir encore le coût du travail avec un nouveau prélèvement'.

Le conseiller d'Etat Laurent Kurth, en charge de la santé, est satisfait car il estime que l'introduction d'une nouvelle assurance sociale ne doit pas se faire au niveau cantonal. 'Je constate que ce débat a néanmoins permis de faire progresser la nécessité d'une bonne santé bucco-dentaire', a-t-il déclaré à Keystone-ATS.

Pour l'améliorer, le Conseil d'Etat avait élaboré un contre-projet à l'initiative. Le texte n'a pas atteint la majorité qualifiée du Grand Conseil en mai, et n'a donc pas été soumis au vote.

Le contre-projet prévoyait d'introduire une taxe sur les boissons sucrées pour financer un programme de prévention bucco-dentaire. Cette redevance, qui se serait élevée au maximum à 5% du chiffre d'affaires des commerces et établissements publics, aurait permis de dégager des recettes annuelles de 2 millions de francs.

Vers plus de prévention

Dans le canton, les coûts totaux des soins dentaires à charge des ménages privés sont estimés à environ 110 millions de francs par année. L'Etat supporte aujourd'hui déjà environ 4,5 millions de francs dans le cadre des différents dispositifs sociaux existants. Il faut ajouter à cela les soins dentaires scolaires dont les coûts sont à la charge des communes.

'Il n'est pas exclu que l'on se repose des questions sur le dispositif social' mais le vote de la population et les interventions parlementaires montrent que l'on ne doit pas aller beaucoup loin, a ajouté Laurent Kurth. Le Conseil d'Etat va donc privilégier ce que demande le postulat PLR, soit harmoniser la prévention bucco-dentaire des enfants sur l'ensemble du canton.

Un autre postulat de la commission de la santé propose de faire un état des lieux et d'identifier plus clairement les besoins et les solutions potentielles pour y faire face, en passant par un soutien accru aux structures existantes comme le Dispensaire des rues.

/ATS