Suisse

Au moins deux tiers des nouveaux F-35A seront produits en Italie

24.03.2022 11h28

Au moins deux tiers des nouveaux F-35A seront produits en Italie

Un F-35A atterrit sur l'aérodrome militaire d'Emmen en mars dernier.

Photo: KEYSTONE/ENNIO LEANZA

Au moins 24 des 36 nouveaux avions de combat F-35A prévus pour l'armée suisse seront produits en Italie, à Cameri. Des 'clarifications sont en cours' pour savoir si le montage final de quatre appareils pourra se faire en Suisse. Huit jets seront fabriqués au Texas.

Les huit premiers avions seront produits par Lockheed Martin à Fort Worth (Texas) aux Etats-Unis, de manière à pouvoir être utilisés pour l'instruction initiale des pilotes suisses aux Etats-Unis. Les avions doivent être livrés dès 2027, indique jeudi dans un communiqué l'Office fédéral de l'armement (armasuisse).

L'accord trouvé avec le gouvernement américain et dont armasuisse se fait l'écho jeudi prévoit, dans le détail, de produire jusqu'à un maximum de 28 avions sur 36 - et au minimum 24 - par l'entreprise Leonardo sise à Cameri, dans la province de Novare (Piémont).

La question de savoir si quatre appareils pourront être montés en Suisse, chez RUAG, fait actuellement l'objet de vérifications entre le constructeur des F-35A, l'américain Lockheed Martin, dans le cadre d'affaires compensatoires, précise le communiqué. Si ce n'est pas possible, Cameri s'en occupera.

Les accords conclus avec les Etats-Unis, en particulier sur les coûts et le calendrier, sont inchangés.

Armasuisse rappelle que l'Italie a participé au programme F-35 dès le début et possède à Cameri une des deux lignes de production du F-35 hors des États-Unis (et la seule en Europe). L’armée de l’air et la marine italiennes exploitent des avions de type F-35A et F-35B. Leonardo produit aussi à Cameri des F-35A pour l'armée de l’air néerlandaise.

Epée de Damoclès

Une menace pèse cependant sur cette acquisition. Une alliance de gauche a lancé une initiative - dont le délai de récolte de signatures court jusqu'en mars prochain - contre cet achat. La ministre de la défense Viola Amherd a demandé aux initiateurs, au vu de la situation en Ukraine, de retirer leur projet. Cet appel est resté vain.

L'alliance de gauche estime qu'en aucun cas l'achat de ces nouveaux avions ne saurait être une réponse à la guerre en Ukraine. Elle les juge totalement inadaptés, beaucoup trop chers et faisant naître le risque d'une dépendance face aux Etats-Unis.

6 milliards

L'achat des 36 avions de combat avait été accepté de justesse, par 50,1% des voix, par le peuple suisse en septembre 2020. La Suisse a préféré les F-35 de Lockheed Martin aux français de Rafale et à l'Eurofighter d'Airbus, un choix qui lui a valu des critiques en Europe.

Les coûts d'acquisition se montent à quelque 6,035 milliards, après ajustement sur l'inflation aux Etats-Unis. Cette enveloppe se répartit pour les deux plus gros postes à hauteur de 3,828 milliards pour les avions et 1,927 milliard pour le paquet logistique (matériel au sol, matériel de remplacement, documentation, formations et support technique).

Il faudra en outre prévoir des dépenses annexes liées au contrat. En plus des F-35, la Suisse veut en effet faire l'acquisition d'un système de défense sol-air 'Patriot' pour 1,987 milliard.

Au final, ces achats généreront des affaires compensatoires pour la Suisse à hauteur de 4,2 milliards de francs, avait relevé armasuisse le 25 novembre dernier. Interrogé par Keystone-ATS, armasuisse a précisé que l'accord dévoilé jeudi ne modifie pas le montant de ces engagements liés aux affaires compensatoires.

Les nouveaux avions de combat doivent remplacer les 26 F-5 Tiger et les 30 F/A-18 de l'armée.

/ATS