Bande jugée à Lyon pour un braquage de fourgon près de Nyon (VD)
Six suspects interpellés en 2017 avec un butin record de 40 millions de francs suisses après le braquage d'un fourgon blindé sur l'autoroute A1 près de Nyon (VD) sont jugés par la cour d'assises de Lyon à partir de lundi. Le procès est prévu sur dix jours.
Ces accusés, originaires de la région lyonnaise, ont été arrêtés en flagrant délit près d'Annecy (Haute-Savoie), quelques heures après l'attaque nocturne menée en mai 2017, vers 03h15 du matin.
Agés de 33 à 51 ans, la plupart de ces hommes sont déjà connus de la justice. Ils sont jugés notamment pour 'vol en bande organisée avec arme', 'enlèvement et séquestration'.
Deux d'entre eux avaient été condamnés à Genève en 2013 à des peines de 5 à 7 ans d'emprisonnement pour 'brigandage'. Un troisième a été condamné en France pour des faits similaires.
Toute une série de braquages
Cette affaire éclaire les spectaculaires attaques à répétition de convoyeurs de fonds perpétrées en territoire suisse et imputées au banditisme lyonnais. Au cours des six dernières années, au moins sept braquages ou tentatives de braquages ont été commis dans différents cantons.
L'interpellation des six suspects représente une réussite pour la brigade de recherche et d'intervention (BRI) de la police judiciaire de Lyon.
Après plusieurs mois de surveillance, les enquêteurs avaient réussi à repérer des véhicules volés, à localiser des boxes dans la région d'Annecy et à identifier une villa pouvant servir de base de repli, à Chavanod, près d'Annecy. Des recoupements ont conduit à une intervention dans cette villa quelques heures après le signalement de l'attaque du fourgon de la société Loomis, dans le canton de Vaud.
Travail de professionnel
Les suspects ont été arrêtés en possession du butin, constitué de billets en différentes devises, de quatre lingots d'or et de milliers de pierres précieuses, pour un total évalué à plus de 40 millions de francs.
Plusieurs armes ont été retrouvées sur place, dont cinq fusils, ainsi que l'équipement utilisé pour l'attaque. Plusieurs empreintes ADN des suspects ont été relevées sur des objets saisis.
La plupart des mis en examen ont reconnu leur présence sur les lieux du braquage, tout en cherchant à minimiser leur participation.
Selon l'ordonnance de renvoi des juges lyonnais de la juridiction inter-régionale spécialisée (JIRS), l'attaque résulte d'une 'organisation structurée et hiérarchisée'.
Le commando de braqueurs a intercepté le fourgon suisse sur une bretelle de sortie de l'autoroute A1, près de Nyon, en utilisant trois véhicules dont certains équipés de gyrophares, et des fusils d'assaut.
Dans le coffre
Ils ont menacé et ligoté les convoyeurs, en les emmenant dans le coffre d'un de leurs véhicules. Puis ils ont pris le volant du fourgon, jusqu'à un chemin rural près de Divonne-les-Bains (F), de l'autre côté de la frontière.
Là, ils ont transféré le butin avant d'incendier le fourgon et une des voitures, pour brouiller leurs traces. Ils ont aussi aspergé les convoyeurs d'un produit javellisé, pour gommer toute empreinte ADN.
Attaques en série
Renseignements précis, préparatifs, interception de fourgon, armement lourd et incendie de véhicules, ce mode opératoire attribué aux gangs lyonnais s'est répété ces dernières années en Suisse. Plusieurs cas spectaculaires se sont produits de 2017 à 2019 sur sol vaudois, notamment à Chavornay, au Mont-sur-Lausanne, à La Sarraz puis à Daillens.
Fin 2019, le canton a pris des mesures urgentes pour stopper ces attaques. Il a notamment décidé que les transports de fonds devaient se faire avec des véhicules lourds (plus de 3,5 tonnes), munis d'un blindage et équipés d'un dispositif rendant sans valeur le contenu en cas d'agression. Les trajets s'effectuent désormais uniquement de jour (05h00-22h00) et la valeur est plafonnée à 10 millions de francs.
En octobre dernier, le Grand Conseil unanime a ancré dans une loi ces dispositions prises en urgence. La conseillère d'Etat Béatrice Métraux avait alors salué l'efficacité de ces mesures qui ont calmé la situation, même si deux tentatives d'attaques ont été déjouées depuis lors.
Autres dossiers en instruction
A Lyon, d'autres dossiers d'attaques ou de tentatives sont en cours d'instruction. Notamment celui du braquage à la sortie de l'A1 à Chavornay, le 8 février 2018, quand des malfaiteurs avaient enlevé la fille d'un convoyeur à Lyon, pour obliger son père à détourner son véhicule. Mis en examen et écroué, un collègue du père est soupçonné d'avoir renseigné l'équipe, ce qu'il nie.
/ATS